LA VILLE CAPTIVE
The Captive City – États-Unis – 1952
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier, Film noir
Réalisateur : Robert Wise
Acteurs : John Forsythe, Joan Camden, Harold J. Kennedy, Marjorie Crossland
Musique : Jerome Moross
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 87 minutes
Éditeur : Rimini Editions
Date de sortie : 22 août 2023
LE PITCH
Pourchassés par des gangsters, Jim Austin et sa femme se réfugient dans un commissariat. Jim raconte aux policiers comment lui, simple éditeur d’un journal local, a été amené à enquêter sur une vaste affaire de corruption mêlant la police et la mafia.
Les envahisseurs
La carrière de Robert Wise est jalonnée de chef d’œuvre inoubliables (La Maison du diable, Le Jour ou la terre s’arrêta, Le Coup de l’escalier, West Side Story, Star Trek Le Film…) mais aussi de petites pépites plus obscures mais où les talents du cinéaste sont tout aussi évidents. Petit polar délicieusement parano, La Ville captive est clairement de celles-là.
Suivant justement l’énorme succès, jamais démenti, du superbe plaidoyer pacifique Le Jour où la terre s’arrêta, Robert Wise revient à un projet à l’ampleur plus réduit au sein de sa propre société de production (le film sera distribué par la United Artist) s’inspirant de la véritable enquête du journaliste Alvin M. Josephy Jr. et embrassant le combat anti-mafia du sénateur démocrate Estes Kefauver, président d’une commission sénatoriale sur le crime organisé. Un personnage qui avait d’ailleurs très bien compris que la médiatisation de son message était primordiale et qui multipliait les interventions télévisées. Il apparait ainsi en personne en épilogue du film pour mettre en garde le spectateur, comme dans un vieux film de SF, sur les dangers qui nous entourent. Des airs de commande presque institutionnelle (même si la moralité du film rejoint bien entendu celle de Wise) qui pousse justement le film régulièrement vers une esthétique plus réaliste, une dramaturgie plus normalisée, que celle du film noir. A la lisière du documentaire parfois lorsque La Ville captive s’attarde avec finesse et forts détails sur la vie qui agite une rédaction d’un journal local ou lorsque le caméra, très adepte des longs plans, s’embarque pour des tournages en extérieur, au cœur de la ville. Le film d’écrit aussi un journaliste impliqué et intègre mais qui n’a pas forcément le panache de ses homologues détectives, laissant au solide acteur John Forsythe (De Sang-froid, Mais qui a tué Harry ?) l’opportunité d’apporter de la nuance et une profonde humanité à son personnage.
Le mal commun
Tout sonne vrai ici, jusque dans l’avancée parfois un peu laborieuse et moraliste de l’enquête, qui rencontre un à un les notables de la ville, ses autorités judiciaires, les membres de la police à différents grades et même une communauté de prêtres, tous s’avouant désarmés, désemparés et dépassés par l’envenimement de la situation et la main mise des criminels sur la ville. Ses questions dérangent et comme d’autres avant eux, Jim Austin et sa femme son rapidement suivis, et menacés par des hommes de l’ombre. Tout sonne vrai et pourtant Robert Wise décrit un monde impalpable, insaisissable, quasiment invisible qui se dissimulerait dans les recoins d’une petite ville tranquille américaine. Loin de la ville et de sa criminalité largement étalées dans les médias, La Ville captive use de l’hors-champ, des larges zones d’ombres et de profondeurs de champs creusées afin de faire naitre constamment une sensation de menace, de mystère, voir une paranoïa à la limite du cauchemar et du fantastique. Le film s’ouvre d’ailleurs sur les deux protagonistes se réfugiant dans un commissariat fuyant des ennemis omniprésents mais que l’on ne verra jamais. Quatre ans plus tard Don Siegel jouera sur un dispositif très proche dans son classique L’invasion des profanateurs de sépultures, sommet du cinéma parano des 50’s. L’un comme l’autre sait que le mal est partout et que le rêve américain n’est plus qu’une façade.
Image
Plus que correcte, la copie HD travaille manifestement une source encore assez abimée (stries, griffures et taches sont visibles) mais solidement gérée avec un rendu général naturel et organique et une gestion des matières qui reste au plus près de la pellicule. En dehors de cours plans plus fatigués, la définition impose un joli piqué et respecte le grain et les argentiques avec ferveur. Ça fait son âge mais ça le fait bien.
Son
Seule la version originale mono est disponible avec un DTS HD Master Audio 2.0 qui ne gomme pas toutes les petites fluctuations, légères saturations et scratchs parfois audibles. Rien de dramatique cependant, les dialogues sont clairs et la musique, fonctionnelle, en arrière.
Interactivité
Désormais visage récurrent des éditions Rimini, le journaliste Positif Jacques Demange délivre une nouvelle présentation extrêmement réussie. En peu de temps l’intervenant resitue parfaitement le genre du film (policier-documentaire), ses principes narratifs et sa construction et développe le lien qu’il opère thématiquement avec le reste de la filmographie de Robert Wise. Précis et bien vu.
Liste des bonus
L’envers du décor selon Robert Wise (15’).