LA VIE FACILE
Easy Living – Etats-Unis – 1937
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie
Réalisateur : Mitchell Leisen
Acteurs : Jean Arhur, Edward Arnold, Ray Milland, Luis Alberni, Mary Nash…
Musique : Friedrich Hollaender, Gordon Jenkins, Gregory Stone et Victor Young
Durée : 88 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais DTS-HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 25 janvier 2022
LE PITCH
Alors qu’elle se rend au travail en bus, la jeune Mary Smith se prend un vison sur la tête. Après avoir retrouvé son propriétaire, un riche banquier dont elle ignore l’identité, ce dernier décide de lui laisser et même de lui offrir un nouveau chapeau. A peine sorti du magasin, le propriétaire met la presse au courant : le notable a une maîtresse. Une cascade de quiproquos va alors s’abattre sur la jeune femme.
Résilience sur grand écran
Etats-Unis, années 30. Alors que La Grande Dépression s’abat sur tout le pays, la Screwball Comedy fait ses premiers pas au cinéma. Derrière son mélange de comédie légère et romantique, une critique sociale acerbe de la crise en cours. Comme si rire de la pauvreté la rendait un peu moins lourde à porter. Une sorte de résilience sur grand écran portée par quelques grands artistes au rang desquels le scénariste Preston Sturges et le réalisateur Mitchell Leisen, ici réunis dans un film que les archéologues d’Éléphant Films ressortent pour le plus grand plaisir des amateurs du genre.
D’abord auteur à succès à Broadway, Preston Sturges devient ensuite scénariste et même réalisateur (cumul très rare à l’époque) pour Hollywood. Un stakhanoviste réellement infatigable qui va signer nombre de scénario pour un nombre tout aussi important de metteurs en scène. Parmi eux on peut citer Howard Hawks, Raoul Walsh, Rouben Mamoulian, William Wyler… et Mitchell Leisen, nettement moins connus que la plupart de ses pairs mais dont les compétences de décorateur et costumier (notamment pour Le Voleur de Bagdad de Raoul Walsh) vont en faire un réalisateur réellement à part et très sophistiqué esthétiquement parlant. Un savoir-faire idéal pour la mise en scène classique et classieuse de ces comédies loufoques dont la plume de Sturges a le secret.
Avalanche de quiproquos
Dans la grande tradition du genre, La Vie Facile commence donc par le portrait, tout en rondeur, d’un banquier ventripotent (Génial Edward Arnold) qui passe les trois premières minutes du film à tomber bêtement pour mieux retomber le cul par terre. Un comique de situations dans la grande tradition de Chaplin qui avait ses amateurs à l’époque. Tandis que le riche homme d’affaires en vient aux mains avec sa femme pour l’histoire d’un énième manteau de vison acheté trop cher, le vêtement finit par la fenêtre (oui, littéralement) et atterrit sur la tête d’une pauvre ouvrière (la surdouée Jean Arthur) qui a bien du mal à joindre les deux bouts. Comme la pauvrette est honnête (toujours !) elle va rechercher le propriétaire du vison et va se retrouver, de fil en aiguille, au centre d’une avalanche de quiproquos qui va l’amener à rencontrer le fils du nabab (inoubliable Ray Milland) et, évidemment, en tomber amoureuse.
Si le comique de situations de La Vie Facile peut sembler aujourd’hui un peu daté, il n’en est rien de ses nombreuses qualités formelles, qui sautent aux yeux du spectateur comme une évidence. Le rythme soutenu et l’énergie communicative des acteurs font qu’on ne s’y ennuie jamais. Quant à la caméra de Leisen, elle utilise habilement le script de Sturges pour mieux mettre en valeur ses compétences de décorateur et offrir de nombreuses scènes et plans savamment travaillés pour mieux les retourner complètement dans une tempête de vaisselles cassées ou de salle de bains luxueuses qui finit en piscine.
Après nous avoir proposé, il y a quelques mois, le déjà méconnu La Mort prend des vacances du même Leisen, Elephant Films continue donc sur sa lancée en rajoutant un bien joli spécimen à sa collection Master Class. Pour tous les amateurs d’une époque aujourd’hui révolue mais dont le comique délicieusement suranné continue de s’apprécier à sa juste valeur.
Image
Une restauration impressionnante pour un film de cet âge, où le noir et blanc retrouve de beaux contrastes peut être parfois légèrement surexposés mais qui offre au film un fourmillement de détails dont son image n’a probablement jamais eu droit avant aujourd’hui.
Son
Sans surprise, l’unique piste mono manque forcément de reliefs, mais sa restauration se ressent elle aussi à l’oreille, notamment lors de dialogues à l’étonnante clarté qui savent se mettre en retrait au profit de la bande son lorsqu’il le faut (la scène du diner’s et sa cascade de vaisselles cassées).
Interactivité
Le toujours aussi excellent Jean-Pierre Dionnet nous gratifie d’une présentation du film (à voir avant ou après le visionnage). Comme toujours, sa verve fait mouche et nous instruit avec délectation. Il revient ainsi sur le casting, sur Leisen lui-même et Sturges évidemment. Une introduction de quelques secondes par Robert Osborne, historien du cinéma et présentateur pour la chaîne Turner Classic Movies, clôture la section bonus.
Liste des bonus
Le film par Jean-Pierre Dionnet (13’28), Introduction de Robert Osborne (1’55).