LA TOUR DU DIABLE

Tower of Evil – Royaume-Uni – 1972
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Jim O’Connolly
Acteurs : Bryant Haliday, Jill Haworth, Mark Edwards, Jack Watson…
Musique : Kenneth V. Jones
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 86 minutes
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 6 juin 2025
LE PITCH
Accostant Snape Island, un îlot au large de l’Écosse, deux pêcheurs découvrent les corps de trois jeunes gens sauvagement assassinés. Penny, l’unique survivante, dans un état second, tue l’un des pêcheurs. Admise dans un hôpital, elle va raconter ce qu’elle a vu. Peu après, des archéologues débarquent sur l’îlot à la recherche de la tombe d’un roi phénicien…
Les démons dans l’île
On le sait, dans le cinéma d’horreur il n’est jamais bon d’aller se trimbaler cul-nu sur une île isolée. Ça nous on le sait, mais les ados en visite à Snape Island ne le savent pas encore et ce pour notre grand plaisir.
Il y a bien longtemps diffusé en France en vidéo par le regretté Hollywood Vidéo (aaah ces jaquettes !), La Tour du diable était depuis largement passé sous les radars, souvent rangé un peu trop rapidement dans les films d’exploitation gothiques copiant vaguement les recettes de la Hammer. Mais en 1972, le célèbre studio anglais entame son déclin, remaniant son image à coup d’effets sanglants et d’une bonne dose d’érotisme. La concurrence américaine se durcit, et les producteurs british s’efforcent de redresser la barre. Les moyens ne sont bien entendu pas les mêmes, mais qu’à cela ne tienne, cela n’empêchera pas ici l’illustre producteur Richard Gordon (Horror Hospital, Inseminoid) de dessiner les grands changements de l’industrie locale par un essai, pas toujours original ni palpitant, mais qui sait piocher les bons ingrédients. Du fameux gothique attendu, on ne retrouvera finalement que la menace sous-jacente d’un culte païen ancien et oublié et ce superbe cadre d’une île angoissante digne de l’album de Tintin L’Ile noire (mais pas de gorille), entièrement recrée dans les luxueux studios de Shepperton où à base de sympathiques maquettes (pour les vues d’ensemble).
Trésors enfouis
Mais surtout, et ce bien avant l’heure, La Tour du diable crée un trait d’union avec l’arrivée prochaine du fameux slasher. Scénario écrit sur un ticket de métro, personnages en partie adolescents qui vont être punie pour leurs tendances naturiste hippie et leurs parties de jambes en l’air, whodunit préservant timidement l’identité du sadique qui massacre tout ce beau monde… Tout est déjà là, avec dans la foulée une nette tendance à cadrer une jolie tête décapitée, un hachoir planté dans la face ou une main tranchée bien net. Les effets spéciaux sont parfois un peu craignos, mais jamais totalement ridicules, voir même assez efficaces, grâce au savoir-faire du réalisateur Jim O’Connolly. Un petit artisan assez discret, ayant œuvré sur la série Le Saint, mais dont le point culminant restera le très attachant La Vallée de Gwangi mêlant western et dinosaures signés Ray Harryhausen. Ici sans doute un peu moins sage, O’Connolly s’emballe parfois, multipliant les angles de caméra, les zooms voire montrant carrément une certaine frénésie dans le montage pour illustrer les flashbacks sous hypnose de la seule rescapée de la séquence inaugurale.
Et en l’occurrence, même si La Tour du Diable reste agréable tout du long avec sa menace redneck écossaise, les premières minutes resteront les plus impressionnantes avec ses effets chocs savamment dosés et cette image traumatique de la charmante adolescente nue, un couteau à la main, courant hystérique et hurlante face à une caméra tremblotante. Deux ans avant Massacre à la tronçonneuse.
Image
En 2016 c’était le camarade Artus Films qui proposait ce même La Tour du diable en DVD. Sans être renversante, la copie semblait alors de qualité honorable, plutôt stable et offrant une définition très satisfaisante pour de la basse définition. Dix ans plus tard et après un passage sur disque HD, le même master parait un peu moins convaincant avec en particulier divers points, blancs ou noirs, désormais bien plus visibles et présents. De la même façon, le piqué semble moins ferme et ne peut cacher les petits bidouillages numériques. Heureusement la colorimétrie est toujours aussi chaleureuse, les contrastes appuyés et la définition reste le plus stable possible tout du long.
Son
Les deux versions disposent leur mono d’époque sur des mixages DTS HD Master Audio 2.0 plus aguichants. Si la version française pèche un peu parfois par son doublage un poil excessif, la restitution se montre plus claire et dynamique que la piste originale légèrement étouffée.
Interactivité
Nouveau titre de la collection Horreur / Fantastique de Rimini, La Tour du diable est, comme il se doit, présenté sous la forme d’un digipack avec fourreau cartonné et est accompagné par l’indispensable livret making of signé Marc Toullec. Sur les disques Bluray et DVD on retrouve cependant le même bonus que pour l’ancien DVD d’Artus Films. Soit une présentation signée Eric Peretti (le site Sueurs froides) alors quelque-peu débutant dans l’exercice et se montrant pas toujours très à l’aise devant la caméra, trébuchant régulièrement et se répétant quelque-peu. Cela n’empêche pas son intervention d’être intéressante, racontant la naissance du film et délivrant quelques anecdotes parfois amusantes, tout en axant essentiellement son analyse sur la carrière du producteur Richard Gordon.
Liste des bonus
Livret par Marc Toullec (24 pages), Derrière la brume, par Eric Peretti.