LA RUSE
Operation Mincemeat –Royaume-Uni – 2021
Genre : Espionnage
Réalisateur : John Madden
Acteurs : Colin Firth, Matthew Macfadyen, Kelly Macdonald, Rufus Wright
Musique : Thomas Newman
Durée : 122 min
Image : 2.35 16/9
Son : Français et Anglais DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français, anglais, néerlandais
Éditeur : Warner Home Video
Date de sortie : 31 août 2022
LE PITCH
1943. Les alliés sont résolus à briser la mainmise d’Hitler sur l’Europe occupée et envisagent un débarquement en Sicile. Mais ils se retrouvent face à un défi impossible : protéger les troupes contre un massacre quasi assuré. Deux brillants officiers du renseignement britannique, Ewen Montagu et Charles Cholmondeley, sont chargés de mettre au point la plus improbable – et ingénieuse – propagande de guerre…qui s’appuie sur l’existence du cadavre d’un agent secret créé de toutes pièces.
Jeux de dupes
La guerre, les nazis, De Gaulle, Churchill, Hiroshima, la Shoah, le débarquement en Normandie… On croit avoir tout dit ou tout au moins tout abordé. Mais l’histoire avec un grand H regorge d’anecdotes aussi invraisemblables que cruciales sans qui le monde “libre” d’aujourd’hui ne ressemblerait pas vraiment à celui que l’on connaît.
Lorsque l’on parle de débarquement, forcément, la date du 6 Juin 1944 résonne dans notre cœur patriotique mais ce que l’on sait moins, c’est qu’un autre débarquement a déjà eu lieu. En effet, dans la nuit du 9 au 10 juillet 1943, les alliés ont repris les côtes siciliennes en vue de reconquérir l’Europe par l’Italie. Eisenhower envoya le général britannique Alexander diriger la VIIe armée américaine du général Patton et la VIIIe armée britannique du général Montgomery. Si les faits ont déjà été abordés au cinéma dans Bienvenue en Sicile ou brièvement dans le film Patton, force est de constater que les évènements précédant ces faits de guerre sont comme souvent Bigger than life.
Tout s’est joué sur un coup de bluff. Pour faire croire à un débarquement en Grèce, les services de renseignements britanniques vont fabriquer un faux espion porteur de faux documents dans l’espoir que ceux-ci parviendront jusqu’à Hitler. Le coup de poker est que cet espion est un cadavre abandonné volontairement en mer à proximité des côtes portugaises !!!
Au plus c’est gros…
Tout ceci a le goût et la prétention d’un polar de gare. Aussi incongru et improbable que cela puisse paraitre, nous sommes dans la vraie vie. Normal alors que le cinéma s’en accapare. Déjà adapté en scénario en 1956 dans L’homme qui n’a jamais existé de Ronald Neame, cette Opération Mincemeat, puisque c’est le nom de cette entourloupe culottée, revient sur nos écrans. Comme tout le monde a oublié l’adaptation précédente, l’histoire est une véritable découverte pour qui n’est pas historien. John Madden oriente plus volontiers son film sur la mystification d’une identité que sur l’aspect espionnage de la mission. L’auteur de Shakespeare in love s’évertue à décortiquer tous les mécanismes dont fait état les services secrets britanniques pour donner une identité et un passif au macchabée qui leur servira de leurre. Pour cela il sait s’appuyer sur un duo d’acteur crédible avec Kelly MacDonald et Colin Firth. Le film tient sur eux et l’alchimie existe. En inventant ce passé fantasmé et crédible, c’est leur propre sentiment qui se dévoile peu à peu. D’abord voilés, ceux-ci vont vite converger vers une histoire d’amour platonique où le faux voudrait être vrai, où la retenue est volontairement de service. Flegme britannique oblige. Le réalisateur laisse les acteurs mener le film ponctuant les anecdotes sur la fabrication du cadavre d’un ton léger et bienvenu. Il n’oublie pas de souligner à gros traits la véritable présence d’un certain Ian Fleming dans l’équipe des services secrets (leur chef s’appelle M, il tapote à la machine des histoires d’espionnage pour passer le temps) au cas où le nom du géniteur de James Bond soit passé à la trappe dans la mémoire du spectateur. L’histoire d’espionnage, si elle est bien présente, reste en retrait et ce n’est pas un mal. Madden, fidèle à lui-même prouve une fois encore qu’il ne sait pas gérer le suspense (Remember L’affaire Rachel Singer, une grande histoire pour un si petit film !). La tension est quasi absente et vite expédiée. Dommage, il y avait matière à faire.
La Ruse prouve une fois encore que la grande Histoire se regarde par la lorgnette, que la vie sera toujours plus puissante qu’un scénario. Ne reste plus qu’à savoir la conter avec toute la grandeur qu’elle mérite.
Image
Etant donné le nombre conséquent de scènes de nuit, le contraste devait être à la hauteur. Heureusement, il l’est ! Avec une source numérique 4k, le transfert est logiquement très propre et bien défini.
Son
Abusivement centrées sur la musique, les pistes voix se retrouvent désavantagées. Ceci est d’autant plus dommage que le film est très bavard. Plus d’une fois le spectateur doit jouer de la télécommande s’il ne veut rien louper des dialogues.
Liste des bonus
Aucun.