LA PROIE DU DIABLE
Prey For The Devil – Etats-Unis – 2022
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantastique
Réalisateur : Daniel Stamm
Acteurs : Jacqueline Byers, Virginia Madsen, Colin Salmon, Nicolas Ralph, Ben Cross, Christian Navarro, …
Musique : Nathan Barr
Durée : 93 minutes
Image : 2.35:1, 16/9ème
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
S-T : Français
Editeur : Metropolitan
Date de sortie : 2 mars 2023
LE PITCH
Ann, une jeune nonne au sombre passé, intègre en tant qu’infirmière une école où les prêtres sont formés à pratiquer des exorcismes. Voyant ses liens avec une petite fille possédée par un puissant démon, le Vatican autorise Ann à l’exorciser…
Y a-t-il un exorciste pour sauver le monde ?
Inlassablement, année après année, série B après série B, L’Exorciste de William Friedkin continue de faire des petits. Une tendance encore accentuée depuis le succès de la franchise The Conjuring de James Wan et consorts. Confiée aux bons soins de Daniel Stamm, lequel s’était déjà illustré dans le genre avec le très solide Le Dernier exorcisme, un found footage nettement au-dessus du lot, La Proie du diablesombre dans des abysses de nullité. On peut toujours en rire mais ça n’empêchera pas de trouver le temps long. Très long.
Fervent catholique et scénariste, Robert Zappia était sans doute persuadé de pouvoir faire souffler un vent de fraîcheur sur le film d’exorcisme, sous-genre horrifique dont la formule ne varie guère d’une production à l’autre. Il aurait mieux fait de s’abstenir.
La Proie du diable s’ouvre sur son héroïne encore fillette et persécutée par une mère schizophrène qui défonce les portes à coup de tête avant de s’adonner à un drôle de fétichisme consistant à brosser frénétiquement les cheveux de la gamine. Le diable l’habite ? Allez savoir. Petit bond dans le présent où l’on apprend que l’augmentation inquiétante de cas de possession démoniaque a poussé le Vatican à ouvrir des centres de formation pour les aspirants exorcistes. Ce qui peut rappeler le point de départ du premier Police Academy mais passons. S’ensuit une plongée dans les arcanes de l’une de ces universités du lancer d’eau bénite, un décor à mi-chemin entre l’asile d’Arkham, l’école pour mutants du Professeur Xavier et Poudlard où de jeunes curés suivent des cours intenses sous la direction du Dumbledore local. Et c’est là que l’on retrouve Ann, infirmière pour possédés légers et rêvant de rejoindre ses petits camarades (la coquine !) dans la lutte contre Satan tout en suivant une psychothérapie avec Virginia Madsen, laquelle semble surtout de soucier de ses impôts à payer. Sœur Ann sera finalement autorisée à brandir le crucifix pour combattre le Malin qui a pris possession d’une petite fille dont on finira par apprendre qu’elle en est la mère lors d’un flashback bien moralisateur. Tout se terminera pour le mieux après un combat final dans les catacombes de l’école où l’on apprendra que l’on peut crocheter une serrure avec un crucifix (ne sortez jamais sans !) et qu’une bonne noyade dans une cuve d’eau bénite peut vous requinquer une nonne. L’excès de confiance de Robert Zappia est telle qu’il nous balance même un épilogue ouvrant sur une suite. On n’en demandait vraiment pas tant !
En avant, soldat du Christ !
Comment diable est-ce que ce pauvre Daniel Stamm, humble artisan au demeurant, a t-il pu se laisser entraîner dans une telle galère ? À en croire le making-of présent sur cette édition et pour peu que l’on sache lire entre les lignes de l’exercice promo, le joli minois de l’actrice Jacqueline Byers, l’interprète aux deux expressions et demie de Soeur Ann, y serait un petit peu pour quelque chose. Le cinéaste passe donc le plus clair de son temps à tenter de mettre sa muse en valeur sans se soucier réellement de la bêtise cosmique de ce qu’il filme. Sur la forme, La Proie du diable ne ressemble à rien et s’élève vaguement au niveau d’un épisode de la série Poltergeist (pour ceux qui, comme nous, en gardent un souvenir douloureux) ou de Charmed mais avec des effets spéciaux dernier cri et une photo Netflix aussi lisse que de la peau de top model. Réalisée en Italie il y a quarante ans par Bruno Mattéi, Claudio Fragasso ou Joe d’Amato, la chose aurait pu être amusante et gentiment subversive mais le sérieux inébranlable, la bienséance ridicule et la morale conservatrice du script de Robert Zappia (non Bobby, faire d’une nonne la première exorciste au féminin, ça n’est pas une audace !) conjuguée à une mise en scène sans saveur et sans idées rendent l’expérience ô combien fastidieuse.
Histoire de ne pas être accusés de mauvaise foi, on pourra bien concéder à La Proie du diable une poignée d’images inédites capables de retenir brièvement l’attention des plus indulgents, comme cette grossesse nerveuse bien bis ou ce cheveu que l’héroïne tente douloureusement d’extraire de son œil dans un moment tout droit sorti d’un film de fantômes japonais. Insuffisant toutefois pour pardonner le reste. Le trépas d’un personnage secondaire capital est ainsi complètement traitée par-dessus la jambe (mais c’est une immigrée mexicaine sans papiers qui osé avorter: meurs donc hors-champ sale pécheresse!), dresser la liste des incohérences est impossible et la scène qui mène au climax vaut à elle seule son pesant de cacahuètes puisque l’on nous montre une enfant qui, au stade terminal de sa possession, se permet de faire cramer un prêtre et un médecin à l’arrière d’une ambulance avant de prendre la pose d’un super-vilain Marvel et d’être remise immédiatement à l’Église, laquelle s’empresse de la jeter aux oubliettes et sans la moindre surveillance. Rire, pleurer, ronfler ou éteindre la télé, vous avez le choix !
Puisque les instigateurs de cette sombre daube s’en battent à ce point les cojones, nous vous suggérons donc franchement d’en faire de même et de passer votre chemin. Laissez-vous plutôt tenter par L’autre Enfer de Bruno Mattéi. C’est à peu près aussi nul mais, au moins, ça ne se prend pas au sérieux et on ne s’ennuie jamais. Allez en paix !
Image
Tout le lustre et la précision chirurgicale d’une copie en 4K. Un UHD de très haut niveau donc avec une compression qui ne craint pas la tentation du Diable et une définition qui ne faiblit jamais, même dans la pénombre. Si, comme Daniel Stamm, vous tombez amoureux de l’actrice principale, vous pourrez vous amuser à compter ses taches de rousseur.
Son
L’arsenal multidirectionnel du DTS-HD est bien présent. Ça crache, ça hurle et ça fait trembler les murs au moindre jump-scare. Mais les deux mixages savent aussi faire dans la finesse et la subtilité lors des scènes plus apaisées, laissant ainsi le champ libre au score délicat de Nathan Barr.
Interactivité
Tandis que Paramount nous balance un blu-ray nu comme un ver du génial Le Secret de la pyramide après des décennies d’attente, Metropolitan déroule le tapis rouge à un navet de compétition. On a beau détester le film, la qualité de l’interactivité laisse sans voix. Si l’absence de sous-titres pour certains suppléments (au hasard, les plus intéressants) peut interpeller, les trois heures (au moins !) de visionnage sont totalement inattendues. Daniel Stamm et Jacqueline Byers animent un commentaire audio assez soutenu et qui rappelle étrangement celui de Ghosts of Mars (où Big John Carpenter comptait fleurette à Natasha Henstridge), une réunion sur Zoom entre tous les membres du casting, le scénariste et le réalisateur nous propose une lecture intégrale du scénario qui relève de l’inédit et une autre visioconférence confronte le scénariste à des membres du clergé pour un débat sur l’exorcisme et la possession. Et une fois ces trois gros morceaux digérés (en VO uniquement, attention !), il reste encore de quoi faire avec un making-of plus long que la moyenne et très informatif mais aussi excessivement enthousiaste et deux featurettes bien ficelées sur les effets visuels et la musique. Alléluia !
Liste des bonus
Commentaire audio de Daniel Stamm et Jacqueline Byers (VO) / Lecture intégrale du scénario 1h59 min, VO) / Une discussion entre un exorciste, un psychologue de l’Église et le scénariste Robert Zappia (1h01 min, VO) / Making-of (41 min) / Les effets-visuels (4 min) / La musique (8 min) / Bande-annonce