LA PEUR RÈGNE SUR LA VILLE
Paura in città – Italie – 1976
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Giuseppe Rosati
Acteurs : Maurizio Merli, Silvia Dionisio, James Mason, Raymond Pellegrin, Cyril Cusack…
Musique : Giampaolo Chiti
Durée : 99 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Italien et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 14 décembre 2023
LE PITCH
Rome, mai 2016. Lettieri et sa bande s’évadent de la prison Regina Coeli, embarquant avec eux Giacomo Masoni sur le point de finir de purger sa peine. Dans les jours qui suivent, ils règlent leurs comptes à ceux qui les ont trahis. Craignant que la situation ne dégénère, le préfet se voit alors contraint de réintégrer dans ses fonctions le commissaire Murri, flic aux méthodes expéditives, hanté par le meurtre de son épouse et de sa fille.
Sans sommation
Les éditions Le chat qui fume dégainent un nouveau néo-polar italien avec La peur règne sur la ville jusqu’alors inédit en DVD. Le film ravira les afficionados du genre… ainsi que les fans du commissaire moustachu, Maurizio Merli, dans son habituel rôle de justicier.
Après un début de carrière initié dès le début des années 1960, Maurizio Merli sortit enfin de l’anonymat en 1975 avec Rome violente de Marino Girolami (le père de Enzo Castellari), où il reprenait pour la première fois le rôle du commissaire Betti tenu par Franco Nero dans Le Témoin à Abattre. Véritable carton au Box-office, le film de Girolami permit à Merli de devenir un acteur incontournable du néo-polar italien. Ainsi, dès l’année suivante, « le commissaire de fer » impose sa moustache et sa justice expéditive dans pas moins de quatre films dont deux œuvre cultes d’Umberto Lenzi : Napoli violenta (dont on attend avec impatience une sortie en France) et Brigade spéciale, ainsi qu’Italia a mano armata de nouveau avec Girolami.
Le quatrième film sorti en 1976, La Peur règne sur la ville (Paura in città), fut réalisé par le napolitain Giuseppe Rosati, qui avait déjà réalisé un autre polar en 1975, Tireur d’élite avec Leonnard Mann et James Mason, qu’on retrouve ici également en train de cachetonner dans un rôle de préfet dépassé par les frasques de son commissaire. Loin d’être un fleuron du genre, ce Paura in città reprend en effet le thème maintes fois éculé du commissaire « aux mains liées » par la Justice et hyperactif de la détente ! Fustigeant la bureaucratie, reprochant au procureur de ne pas défendre les policiers (un comble !), le commissaire moustachu montera d’ailleurs sa propre section spéciale avec d’anciens collègues placés au placard.
L’apôtre de la vengeance
Bien que peu original, le film remplit totalement le cahier des charges avec meurtres à foison, poursuites dantesques et même un peu de sensualité avec la présence de la sublime Silvia Dionisio, qui parviendra à peine à déglacer notre commissaire obnubilé par la mort de sa femme et sa fille, commanditée par Lettieri, campé par un Raymond Pellegrin convaincant dans un des nombreux rôles de crapules qu’il tint dans le genre (Les tueurs à gages, Salut les pourris…). Loin de seulement faire applique la Loi, Merli est plutôt dans une posture de vengeur sans complexes faisant passer L’inspecteur Harry pour un tendre !
Même si la partie « romance » peut s’avérer navrante, il faut souligner le savoir-faire de Rosati dans l’action notamment lors de la séquence d’ouverture avec une improbable évasion de douze détenus (les douze apôtres de Lettieri), ou encore une incroyable fusillade au sein d’un cimetière romain. Sans compter les dizaines d’homicides perpétrés par notre commissaire n’hésitant jamais tuer ses ennemis… surtout s’ils sont désarmés ! Un flic « exemplaire », véritable modèle pour un de ses collègues qui ira jusqu’à dire que sans l’existence du commissaire Murri, il ne croirait sans doute pas en Dieu…
Tour à tour jubilatoire et rythmé (grâce notamment à une BO sympathique du méconnu Giampaolo Chiti), mais aussi fade et réactionnaire par moments, ce Paura in Città demeure une radioscopie détonante de l’Italie des Années de plomb avec son cortège de braquages et d’exécutions sommaires. En somme une nouvelle ode en l’honneur du commissaire Merli qui ravira les amateurs du genre.
Image
Longtemps invisible en France, le film a droit ici à un très bel écrin. Peu ou pas de scories à déplorer, ce qui révèle une restauration minutieuse qui laisse apparaître un grain argentique joliment restitué. Les cadres sont stables, les contrastes nets et sans bavure… Du beau travail !
Son
Il nous semble important de préciser que LA version française, caricaturale et à la traduction bâclée, ne rend guère hommage au film… Proposées dans une version DTS HD mono, les deux versions sont toutefois de qualité, légèrement feutrées.
Interactivité
Le titre a droit à l’habituels et classieux boitiers digipack concocté par Le chat qui fume. Un seul bonus vidéo nous est proposé avec une interview du méconnu Federico del Zoppo, ancien opérateur et assistant réalisateur notamment auprès de Lucio Fulci, Giuliano Canimeo ou encore Luchino Visconti. Il évoque avec nostalgie les années 1970 et son cinéma d’action, ses rapports courtois avec Merli, un ami, ainsi que les astuces utilisées lors des scènes de poursuite et les cascades.
Liste des bonus
« A main armée », avec Federico del Zoppo (17’).