LA PATROUILLE DE LA VIOLENCE
Bullet For A Bad Man – Etats-Unis – 1964
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : R.G. Springsteen
Acteurs : Audie Murphy, Darren McGavin, Ruta Lee, Beverley Owen, Skip Homeier, George Tobias, …
Musique : Frank Skinner
Durée : 80 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais & Français Dolby Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 5 juillet 2024
LE PITCH
Logan Keliher, ex-Texas Ranger, s’est reconverti dans l’exploitation de son ranch. Mais il se voit contraint de reprendre les armes pour rattraper Sam Ward, un braqueur de banque, également ex-ranger et qui se trouve être l’ancien mari de sa femme et père de l’enfant qu’il élève comme le sien …
Graines de violence
Western sans véritable envergure, réalisé par un tâcheron et pensé pour capitaliser à peu de frais autour de la figure héroïque d’Audie Murphy, La Patrouille de la violence (un titre français pas si con) vaut tout de même le détour pour un acte central dont le nihilisme peut facilement surprendre.
Produit par Universal pour la maigre somme de 500 000 dollars et tourné en décors naturels dans les parcs et canyons de l’Utah, La Patrouille de la violence coche à peu près toutes les cases de la série B telle qu’elle se pratiquait à Hollywood dans les années 50 et 60. Un scénario adapté d’un roman de gare dont les droits ne coûtent qu’une bouchée de pain ? Fidèles des productions mettant en scène Audie Murphy, les époux Mary et Willard Willingham adaptent ici « Renegade Posse » (littéralement, « Les miliciens renégats »), un roman de Marvin H. Albert paru en 1958. Un réalisateur professionnel qui sait tenir un budget et des délais sans faire de vagues et sans se prendre pour un auteur ? Particulièrement prolifique au cinéma puis à la télévision depuis ses débuts derrière la caméra en 1945, R.G. Springsteen est un authentique mercenaire de la pellicule qui enchaîne les contrats sans états d’âmes et sans accrocs. De l’action et des rebondissements toutes les dix minutes ? Sur une durée d’1h20 générique compris, La patrouille de la violence enchaînent fusillades, chevauchées et révélations fracassantes à un rythme soutenu. Une star de « seconde zone » en haut de l’affiche, histoire que le public sache exactement à quoi s’attendre sans même avoir vu le film ? Faute d’un Randolph Scott déjà très occupé ailleurs, le studio a joué la sécurité en misant sur Audie Murphy, vedette de westerns et de films de guerre depuis la fin des années 40 mais aussi – et surtout – un vétéran de la Seconde Guerre Mondiale célèbre pour avoir été le soldat le plus décoré de l’armée américaine. Une authentique légende des champs de bataille et un homme plutôt inquiétant, cachant derrière son visage poupin des cicatrices psychologiques et un stress post-traumatique d’une ampleur telle que John Rambo en personne en crèverait de jalousie.
Tous pourris !
Comme sorties d’un très mauvais épisode d’Au nom de la Loi, les dix premières minutes de La Patrouille de la violence ne donnent pas forcément envie de se taper les 70 restantes. Persévérer peut toutefois s’avérer payant. Conséquence d’un braquage raté, le film sort de son ronron pour se transformer en chasse à l’homme dans des paysages peu hospitaliers. Armé d’une rigueur morale à deux doigts d’en faire un véritable sociopathe, de son fusil et d’un colt qu’il gardait dans un tiroir comme le souvenir lointain d’une vie de violence, le personnage incarné par Audie Murphy se lance donc à la poursuite du cerveau du braquage (Darren McGavin, inégal), son ancien ami, ex-mari de sa femme et père d’un enfant qui ignore l’identité réelle de son géniteur. Et un certain flou de demeurer quant aux intentions du « héros » : attraper le criminel pour le ramener en prison ou l’abattre de sang froid au nom d’une justice plus que discutable ? Cette ambiguïté n’a même pas le temps de mûrir que Murphy est rejoint dans sa traque par des miliciens cherchant à faire main basse sur le butin (et aussi sur la jolie blonde qui accompagne le braqueur). Poursuivis par les indiens, tout ce beau monde va devoir s’unir pour survivre. Ou pas. Entre suspicion et cynisme éhonté, le script tire un malin plaisir à dresser le portrait d’une galerie de salopards prêts à tuer, à mentir, à violer et pire encore. Si la mise en scène n’était pas aussi télévisuelle et le casting si peu charismatique, on jurerait de se trouver au beau milieu d’un western de « Bloody » Sam Peckinpah.
Ces belles ambitions qui pimentent le cœur d’un récit à peine plus palpitant que la moyenne s’effondrent dans un dernier acte tire-larmes où un deus ex-machina foireux entraîne une rédemption christique hors sujet et tout juste sauvée du ridicule par une interprétation minimaliste. À vous de voir si le jeu en vaut la chandelle.
Image
Un peu de bruit vidéo, quelques plans qui ont la tremblote et une colorimétrie instable (soit c’est terne, soit les couleurs explosent de partout) ne font que très peu de tort à une copie très honorable, respectueuse du support et offrant des conditions de visionnage optimales pour une série B anonyme et oubliée.
Son
C’est propre mais sans une once de relief ou de dynamisme, que votre choix se porte sur la version originale ou la version française au doublage nasillard et atone. Belle restitution des dialogues dans les deux cas.
Interactivité
Jean-François Giré est le plus indulgent des trois intervenants présents dans les bonus de cette nouvelle édition. Sans convenir qu’il s’agit d’un là d’un bon film, il insiste pourtant sur les qualités inattendues de cette série B par ailleurs très prévisible. Même constat pour Bertrand Tavernier et Patrick Brion, le premier revenant sur le palmarès du cinéaste et le second sur Audie Murphy. Le même Brion dresse un portrait un peu plus détaillé de l’acteur et soldat légendaire dans un bonus spécialement dédié.
Liste des bonus
Présentation de Patrick Brion, Présentation de Bertrand Tavernier, Présentation de Jean-François Giré, Portrait d’Audie Murphy, Bande-annonce.