LA PASSION DU DOCTEUR HOHNER
The Climax – États-Unis – 1944
Support : Blu-ray
Genre : Thriller, Comédie musicale
Réalisateur : George Waggner
Acteurs : Boris Karloff, Susanna Foster, Turhan Bey, Gale Sondegaard, Thomas Gomez, June Vincent…
Musique : Edward Ward
Durée : 82 minutes
Image : 1.37:1
Son : Anglais et Français DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français et anglais
Éditeur : Elephant Films
Date de sortie : 11 avril 2023
LE PITCH
Le Docteur Hohner tombe follement amoureux d’une cantatrice de l’opéra de Vienne. Dans un accès de folie, il assassine sa maîtresse. Dix ans plus tard, la nouvelle cantatrice réveille les vieux démons du docteur…
Que le spectacle commence
Variation plutôt méconnue du Fantôme de l’Opéra d’Arthur Lubin, La Passion du Docteur Hohner réalisé par George Waggner en 1944 met en scène Susanna Foster et Boris Karloff dans un film qui souhaiterait renouveler le succès de son prédécesseur.
Un an après le succès du Fantôme de l’Opéra avec Claude Rains réalisé par Arthur Lubin en 1943, le studio Universal Pictures a aussitôt voulu capitaliser en mettant en chantier une suite à l’adaptation du chef d’œuvre de Gaston Leroux. Mais face à l’indisponibilité des comédiens principaux et du réalisateur, le producteur George Waggner décide de s’éloigner du matériau original et de lancer une nouvelle adaptation, concernant cette fois une pièce de théâtre d’Edward Locke : The Climax. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Waggner décide de réaliser lui-même le film, en réutilisant les décors d’opéra ayant servi au film de Lubin. Waggner n’est pas un novice derrière la caméra puisqu’il a déjà signé en 1941 L’Île de l’épouvante et surtout Le Loup-garou avec Lon Chaney Jr. Au scénario, le producteur-réalisateur engage Curt Siodmak, avec qui il avait collaboré sur Le Loup-garou, celui-ci étant également auteur de Vendredi 13 d’Arthur Lubin en 1940 ou encore de Vaudou de Jacques Tourneur en 1941. Comme Le Fantôme de l’Opéra, dont l’ombre plane constamment au-dessus du film, La Passion du Docteur Hohner prend pour cadre l’univers de l’opéra et le monde du spectacle, au sein duquel une jeune artiste est appelée à prendre la succession d’une célèbre cantatrice tragiquement disparue. Celle-ci se retrouve rapidement empêchée de chanter, par un docteur quelque peu soupe au lait et particulièrement jaloux, ayant trouvé le moyen de voler sa voix…
Universal Singers
Dans son entame, La Passion du Docteur Hohner semble flirter avec le film horrifique avec une introduction qui pioche graphiquement du côté de l’expressionnisme et le gothique. Une première impression qui, cependant, na va pas durer. Pas réellement de scènes d’épouvante à se mettre sous la dent ici, mais plutôt le récit d’une machination, qui lorgne vers une légère approche de SF, avec le personnage du médecin interprété par Boris Karloff, bad guy tragique de l’histoire, qui pratique l’hypnose afin de prendre le contrôle de sa victime. Dès lors, le film va sans cesse vaciller entre film de genre et film romantique musical, ressemblant plus à un thriller entrecoupé de numéros de chants et de danses, qu’à un rejeton des Universal Monsters. Les numéros musicaux ont d’ailleurs la part belle, puisque Waggner prend le temps de les filmer au sein de longues séquences qui tiennent plus de l’opérette que de la grandiloquence de l’opéra, et dont la direction artistique (volontairement ?) chargée donne un effet pudding assez étrange. De fait, le film navigue entre ton sérieux et comédie, sans trop jamais savoir sur quel pied danser, un constat que l’on peut élargir à son entièreté. On y retrouve avec satisfaction Susanna Foster, « rescapée » du Fantôme de l’Opéra de Lubin, et qui pousse à nouveau la chansonnette ici. Quant à Boris Karloff, véritable attraction de ce film au final assez mineur, il y trouve un rôle, si ce n’est marquant, en tout cas totalement à sa mesure, porté par son charisme légendaire qui se confirme ici encore. Dans La Passion du Docteur Hohner, on est clairement assez loin de la portée tragique de l’histoire du Fantôme de l’Opéra, dont le film se révèle une variation sans grande ampleur, même si on sent que le réalisateur et ses scénaristes souhaiteraient retrouver le charme et la puissance de leur modèle, proposant ainsi un épilogue attendu et funeste pour le personnage transi d’amour, jaloux et fou interprété par Karloff. En mettant de côté l’écrasante influence de son modèle, le film reste cependant très plaisant à suivre, et bénéficie d’un charme certain, grâce notamment à une mise en scène relativement sobre, mais toujours efficace et qui sait jouer avantageusement de ses décors et de ses comédiens, au sein d’un Technicolor, il faut bien le dire, assez flamboyant.
Image
Elephant Films nous gratifie d’une copie tirée d’un Master HD qui glorifie le Technicolor. Les couleurs sont vives et flamboyantes, les contrastes correctement assurés, le tout se repose sur une définition excellente et sur image délestée de la plupart des défauts de pellicule. L’aspect visuel de cette édition est l’illustration parfaite que l’on peut se plonger avec délice et confort dans un récit aux enjeux limités, mais au charme certain.
Son
Les deux pistes sonores sont proposées dans un DTS-HD Master Audio 2.0 très convaincant. Les dialogues et les passages chantés bénéficient d’une belle dynamique et sont bien mis en avant. La musique n’est pas en reste.
Interactivité
Habitué des éditions Éléphant films, le critique Eddy Moine apporte quelques éléments d’éclairage bienvenus sur le film, recontextualisant sa mise en chantier et les différentes étapes de sa conception. Le tout agrémenté de quelques informations sur le réalisateur, les comédiens et certains éléments clés de l’équipe technique. Un module court mais bardé d’infos intéressantes pour saisir toute la portée du film.
Liste des bonus
Le film par Eddy Moine (11’) ; Bande-annonce d’époque ; Bandes-annonces de l’éditeur.