LA PART DES TENEBRES
The Dark Half – Etats-Unis – 1993
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : George A. Romero
Acteurs : Timothy Hutton, Amy Madigan, Julie Harris, Michael Rooker, Robert Joy…
Musique : Christopher Young
Durée : 122 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : ESC Editions
Date de sortie : 26 mai 2021
LE PITCH
L’écrivain Thad Baumont désire prendre quelques distances avec les romans d’horreur et plus particulièrement avec George Stark, le pseudonyme sous lequel il écrit. Baumont décide alors de mettre en scène l’enterrement de George Stark et, par la même occasion de s’offrir un peu de publicité. Mais lorsque les gens de son entourage meurent dans des circonstances horribles, et que ses propres empreintes figurent sur les lieux des crimes, Baumont comprend que Stark a une vie propre… et qu’il est bien décidé à se venger…
Serial Writer
Stephen King et George A. Romero, c’est une longue histoire d’amitié et de collaborations souvent avortées. Seul roman du compère adapté au cinéma par le créateur de La Nuit des morts-vivants, La Part des ténèbres aura connu un enfantement dans la douleur, mais l’animal a de beaux restes.
Maitre de l’horreur littéraire et maître de l’horreur au cinéma, King et Romero se sont rencontrés au début des années 80 et se sont immédiatement découvert de nombreuses accointances qui ont permis la naissance d’une longue et authentique amitié. Si rapidement des idées de collaborations naissent dans les discussions, les projets avorteront le plus souvent pour des questions de gros sous et de format : Les Vampires de Salem, Le Fléau ou Simetierre auront alors d’autre destin loin de Romero. Si King fait un amusant cameo dans l’important Knightriders (un gros redneck avec son épouse), les deux noms seront surtout accolés pour le cultissime Creepshow, film à sketch écrit pour l’occasion par King en personne. Plus de dix ans après les premières intentions, La Part des ténèbres apparaît alors sur le papier comme un aboutissement, comme une attente enfin récompensée. Car ce dernier n’est pas n’importe lequel des romans de King, mais bien celui qui est le reflet le plus intime et le plus cruel sur sa carrière de romancier et ses propres démons, faisant écho directement à son ancien alter ego, Richard Bachman, ou à ses addictions autodestructrices. Des thèmes que Romero comprend et dans lequel il se reconnaît en partie, lui aussi prisonnier de sa créature morte-vivante, et il va réussir à convaincre la société Orion d’investir.
Comme un oiseau sur la branche
Premier problème, si déjà Romero peine de plus en plus à créer dans un univers de studio dont il exècre la logique industrielle, la firme va rapidement se retrouver en grande difficulté financière, puis dépose le bilan, exigeant de nombreuses coupes budgétaires réduisant considérablement l’ambition du film. Second souci, une collaboration très compliquée avec l’acteur Timothy Hutton (Des gens comme les autres, Contre-enquête) persuadé d’être LA star du métrage. Un tournage tendu et contraignant dont le réalisateur ne sortira malheureusement pas vainqueur reconnaissant avoir manqué le coche sur certaines décisions, en particulier celle de montrer trop tôt le double George Stark dans son intégralité. Moins réussi et tendu que le précédent Incident de parcours (qui d’ailleurs là aussi joue sur une opposition avec un double « autre »), La Part des ténèbres a effectivement un peu tendance à s’essouffler dans son dernier tiers, mais reste particulièrement prenant et mémorable à la fois pour sa fidélité rare au matériau de base, et pour son illustration particulièrement mystique de la dualité créatrice. En offrant à Timothy Hutton, avec un petit effet de maquillage bien senti, le double rôle de Thad Beaumont et George Stark, Romero insiste autant sur l’aspect psychologique, presque schizophrénique, de cette double identité, que sur la magie pure qui a pu lui donner naissance et corps. Plutôt sobre dans ses effets, voir même restreint sur la violence plein cadre (d’où la déception de nombreux fans à l’époque), La Part des ténèbres se dote d’une atmosphère presque mystique, biblique et se laisse emporter par les compositions lyriques d’un formidable Christopher Young, encadré par deux séquences purement fantastiques, à la fois macabres et curieusement poétiques. L’ouverture surtout, l’une des meilleurs du cinéaste, avec ses plans dignes d’un biopic sur King, son envol de passereaux, son thème musical inquiétant et la révélation, on ne peut plus graphique, du double fœtal, avorté place efficacement la barre très haute.
Image
Nouveau master HD pour La Part des ténèbres qui certes n’est toujours pas parfait mais semble tout de même s’approcher de ce que l’on peut faire de mieux avec la source. Forcément les plans composites sont les plus problématiques laissant encore passer quelques griffures et taches et une définition naturellement moins pimpante. Les scènes nocturnes font affleurer un grain légèrement floconneux. Cela à part, la copie est plutôt belle avec une colorimétrie beaucoup plus maîtrisée et naturelle que pour les anciennes éditions, et surtout les cadres se montrent parfaitement propres et dotés d’un piqué très agréable.
Son
Apparition ici d’une piste américaine en DTS HD Master Audio 5.1 question de moderniser un peu le dispositif. Avec un son clair et bien placé, le mix permet effectivement aux musiques de Christopher Young de prendre plus d’ampleur, tandis que quelques effets sonores (essentiellement les oiseaux) viennent s’installer confortablement sur les enceintes arrières et latérales. Une dynamique sobre mais efficace qui ne dénature jamais le film. L’éditeur n’a cependant pas boudé la stéréo d’origine présentée elle aussi avec une clarté nouvelle.
Interactivité
Proposé dans un joli digipack au visuel sobre mais bien senti, cette nouvelle édition Bluray française se voit enfin dotée de quelques bonus. On retrouve donc deux interventions de journalistes, Emilie Fleutot (Stephen King France) et Julien Sévéon (en audio seulement), qui abordent aussi bien les aspects les plus personnels du roman pour Stephen King que les difficultés rencontrées par Romero pendant le tournage.
Pas de trace de cela dans les quelques images d’archives retrouvée suivant le tournage de la séquence finale, où l’on voit le cinéaste au travail dans une atmosphère assez détendue mais studieuse. Très intéressant le petit B Roll consacré aux effets spéciaux et visuels révèle quelques petits secrets loin d’être inintéressants.
Sans vraiment combler les manques d’une version longue ou d’un Director’s cut qui n’existera jamais, la poignée de scènes coupées montrent une rencontre beaucoup plus longue entre le double et l’épouse et un final légèrement différent, aux effets spéciaux plus démonstratifs.
Impossible par contre de ne pas noter l’absence de deux suppléments importants de l’édition américain de Shout Factory : le commentaire audio du réalisateur et un documentaire rétrospectif produit en 2013. Dommage.
Liste des bonus
Stephen King Lumières et Ténèbres avec Emilie Fleutot, La Part des ténèbres de Romero et King avec Julien Sévéon, Entretiens avec l’équipe du film, Making of en plateau, Making of Effets spéciaux, Scènes coupées, Bande annonce.