LA MUTANTE : LES 4 FILMS
Species, Species II, Species III, Species : The Awakening – Etats-Unis – 1995, 1998, 2004, 2007
Support : Blu-ray
Genre : Science-Fiction, Horreur
Réalisateurs : Roger Donaldson, Peter Medak, Brad Turner, Nick Lyon
Acteurs : Natasha Henstridge, Michael Madsen, Ben Kingsley, Alfred Molina, Forest Whitaker, Michelle Williams, Marg Helgenberger, Robin Dunne, Sunny Mabrey, Helena Mattson…
Musique : Christopher Young, Edwars Shearmur, Elia Cmiral, Paul Cristo
Durée : 108, 93, 112 et 98 minutes
Image : 2.35 ou 1.7816/9
Son : Anglais LPCM 5.1, Français LPCM 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : BQHL
Date de sortie : 16 mars 2023
LE PITCH
Lorsque Sil, hydride humaine/extraterrestre d’une grande beauté s’échappe du lieu où elle était en observation, l’armée américaine dépêche un tueur du gouvernement, un médium, une biologiste et un anthropologue pour la trouver. Ils la retrouvent à L.A. et ils découvrent avec horreur ses intentions : s’accoupler avec des hommes qui ne se doutent de rien et produire ainsi une progéniture qui pourrait détruire l’humanité.
Classe mannequin
Honnête série B du milieu des années quatre-vingt-dix, La Mutante ne cherche nullement à révolutionner le genre, elle s’inscrit parfaitement dans l’air du temps, comme un outsider aux blockbusters faisant vitrines en période estivale. La formule est simple : une pincée de fantastique, une autre de monstre et… Natasha Henstridge en atout charme.
Alien n’a pas fini de faire des émules et on le comprend. Néanmoins, au fil des années aucun film n’a réussi à se mesurer à ce classique de la science-fiction. Beaucoup ont essayé, peu ont réussi. Au-delà du climat anxiogène instauré par Ridley Scott dans son film, jamais une créature extraterrestre n’avait développé une telle attirance aussi effrayante qu’hypnotique. Un must. Derrière la créature, il y a un toujours un créateur. Le suisse H.R. Giger est passé à la postérité pour la perfection de son xénomorphe, il a créé un monstre androgyne que certains qualifieront d’érotisme déviant. Son concept a fait ses preuves, sa vision des envieux.
Il n’y a donc pas de hasard à ce qu’il soit le premier contacté pour créer la créature de La mutante. Une bestiole extraterrestre ayant les formes de Natasha Henstridge avec pour seul but de se reproduire avec le premier venu. La belle, souvent topless choisit ce moment orgasmique pour se transformer en mante religieuse. Il ne fallait pas céder à la tentation. La créature en animatronique aidée par les effets spéciaux de Richard Endlund laisse libre cours à l’imagination de l’artiste qui prolonge l’ambivalence attirance/répulsion de sa chimère. La majeure partie du budget lui est d’ailleurs essentiellement consacrée et le résultat est à la hauteur des ambitions. Roger Donaldson à la réalisation sais la mettre en valeur tout comme les visions cauchemardesque qui la hante. Il embarque avec lui un casting atypique avec Michael Madsen, Forest Whitaker et l’oscarisé Ben Kinglsey. Mais la révélation reste sans nul doute le mannequin Natasha Henstridge qui a enflammé la gent masculine de l’époque. Ce duo façon La Belle et la bête n’est sûrement pas étranger au succès surprise du film. Si tous les aliens sont comme elle, l’invasion peut bien commencer.
Château de carte
Bien torchée, rythmée et plutôt fun, La Mutante reste une honnête série comme on aime. Forcément, les producteurs ne tardent pas à remettre le couvert. Natasha Henstridge et Michael Madsen rempilent donc pour un second volet. On repique l’ADN du monstre en mode Alien 4 et on redémarre une histoire de manipulation génétique en guise d’invasion martienne. Le budget étant revu à la baisse, on limite les effets spéciaux par un montage serré en compensant par un surplus de gore qui ne dénature pas le film pour autant. Le rôle de Natasha est drastiquement réduit au grand désarroi des fans qui ne se déplacent pas en foule pour cette suite bien moins réussie que l’original ; mais le pire reste malheureusement à venir.
Les années passent et les pontes de la MGM en recherche de fond piochent dans les succès maison de leur catalogue. L’essor des vidéoclubs et des DTV sont la nouvelle manne. Ils permettent aux studios de sortir des titres à la chaîne à moindres coûts grâce à l’aura de leurs succès passés. La facture n’est plus la même, le budget de 35m$ de l’original se trouve ainsi divisé par huit. Comme on en a pour son argent, autant dire que l’on n’a pas grand-chose. Les FX sont camouflés par de la fumée et l’animatronique par un costume de monstre des plus cheap. Après une apparition éclair, Natasha Henstridge laisse sa place à une autre mannequin, Sunny Mabrey et Michael Madsen son rôle à Robert Knepper. Le film comme on s’en doute, ne vaut pas grand-chose, l’esprit Giger n’est plus qu’un lointain souvenir et le charme des acteurs pointe aux abonnés absents. Après un tel échec artistique, on pensait la mutante annihilée pour de bon. C’est sans compter sur la persévérance pécuniaire des producteurs. Moche, ridicule, insipide, La Mutante 4 n’a de l’esprit du premier que le nom. On nous gratine ce téléfilm d’effets numériques hasardeux, de scénario grotesque et de direction d’acteurs amateur avec un casting tout autant impliqué que la réalisation. Les mannequins se succèdent, forcément dénudées, pour attirer le chaland d’un film à l’autre et c’est bien maigre pour en faire un long métrage.
Tous les espoirs d’avoir une nouvelle licence de science-fiction sont tombés à l’eau. On passe d’une série B bien foutue à du Z nanardesque. La mutante reste sans doute un film ancré dans son époque. C’est comme les saisons de nombreuses séries, il faut savoir s’arrêter à temps et pour le coup, un one shot aurait suffi.
Image
La copie de La Mutante premier du nom a un nouveau scan venant du négatif original. Le film nous offre une belle copie HD aux détails étonnants grâce à une bonne gestion des contrastes primordial vu le nombre de scènes en basse luminosité. Nous retrouvons cette bonne tenue également sur l’épisode suivant qui tient plutôt bien la route visuellement. Les deux derniers, DTV oblige, n’ont pas la même exigence cinématographique même si les copies offrent des contrastes tout à fait convenables.
Son
La VF en 2.0 se trouve vite limitée comparée à la version originale. Celle-ci est bien plus spatiale et ample accompagnés de belles séquences immersives (particulièrement dans les égouts lors du premier film). Les autres volets ne sont pas en reste malgré un budget moindre et, par ce fait, proposent moins d’effets surrounds. Malgré tout, eux aussi sont à privilégier en version originale.
Interactivité
Les films ont beau être d’intérêt varié, l’éditeur BQHL ne lésine pas sur les bonus. Chaque film a le droit à son making of et interviews divers ainsi que des commentaires audio. Si grand nombre sont d’époques, le premier film est particulièrement gâté en bonus et nous gratifie des
surcroît d’une intervention « made in France » du journaliste de Mad Movies Stéphane Moissakis. Si les sections sont bien remplies sur les différentes galettes, elles ont tendance à être redondantes reprenant parfois des propos des films précédents. Il est amusant de voir les metteurs en scène des volets deux et trois se plaindre du manque de moyens et s’étonnent que les producteurs poussent le vice à réaliser un quatrième épisode, on est là des interviews consensuelles des blockbusters.
Mais les cerises sur le gâteau sont les modules consacrés à Giger et sur les effets spéciaux faits maison. Voir l’enthousiasme de ces artisans à l’ancienne en train de concevoir leurs effets est toujours une mine d’informations non négligeable pour tout amateur. Amusant aussi de voir film après film ce même département assumait le boulot avec les moyens du bord bien plus limités.
Liste des bonus
La Mutante : Commentaire audio de Roger Donaldson, Natasha Henstridge et Michael Madsen, commentaire audio de Roger Donaldson, Richard Edlund, Frank Mancuso et Steve Johnson, entretien avec le journaliste Stéphane Moïssakis 2022, (17’), Making of : « La Conception de la créature » 2004, (16’), Le travail de H.R. Giger 2004, (12’), Making of : « L’Évolution de la créature » (36’), « De Sill à Eve » : entretien avec Natasha Henstridge 2015, (16’)
La Mutante 2 : Commentaire audio de Peter Medak, la création de la créature : les effets spéciaux (28’), Dans les coulisses du tournage (13’)
La Mutante 3 : Commentaire audio de Brad Turner, Robin Dunne, Making of de La mutante 3, la genèse (9’), Makings of de L’Odyssée des mutants : « L’Évolution des mutants » (13’) « L’ADN des mutants » (6’), « Les Technologies » (5’), « Les Différentes Formes de vie » (9’)
La Mutante 4 : Entretien avec Nick Lyon (15’), Entretien avec Helena Mattson (10’)