Changement de ton avec l’univers de Pierre Richard, qu’il a également la bonne idée de ne pas laisser en roue libre. S’il demeure ce personnage un brin maladroit, il n’est pas cette caricature qu’il est parfois dans les films où il se met lui-même en scène. En sex-symbol malgré lui, il trouve un rôle sur mesure avec pour partenaire, une Jane Birkin parfaite. Comme à son habitude, Claude Zidi en profite pour brosser un portrait au vitriol de la société. Et ici, ce sont les mondes de la presse à sensation et de la politique qui en prennent pour leur grade. On peut observer une volonté de se moquer un peu du milieu politique et surtout de la presse à scandales (déjà) prête aux pires coups bas et ragots pour faire du papier. Après, ça reste gentillet dans le ton bien entendu, mais ça ajoute un peu d’épaisseur au tableau. Si certains gags sont inégaux, l’ensemble fonctionne plutôt bien. Porté par un sens du rythme et du montage évident et une musique toujours aussi emballante signée Vladimir Cosma, le résultat constitue une comédie imparfaite mais très sympathique.

Moutarde semi-légère

Certes, ça manque parfois de finesse, mais le jeu des acteurs est nickel… enfin presque. Pierre Richard se démène tellement pour nous faire rire qu’il en fait parfois des tonnes et amoindrit l’impact des situations. Il en fait un chouïa trop dans le domaine du burlesque et le comique de répétition. Et si certains gags n’ont jamais été conçus pour qu’ils durent dans le temps, ce sont les seconds rôles qui sont vraiment savoureux et qui nous font franchement rire. Effectivement, ces derniers sont particulièrement bien choisis et toujours super soignés, avec des tronches truculentes des années 70 : Claude Piéplu excellent dans le rôle du père hyper coincé, Henri Guybet en journaliste joyeux luron, Julien Guiomar en directeur salace du journal, Jean-Marie Proslier dans un numéro de quiproquo avec Pierre Richard, et surtout, Danielle Minazzoli dans le rôle de la piquante prof de gym (qui volerait presque la vedette à Jane Birkin, qui apporte tout de même son charme et son élégance). De ce côté-là, difficile de résister à la scène de l’opération salopée par Claude Piéplu, exerçant la profession de chirurgien, où à la suite d’une annonce compromettante impliquant son fils n’a plus vraiment la tête à son métier, avec le sang qui gicle de partout (allusion à MASH ?) et qui jette l’éponge avec un « Je le finirai demain ». A mourir de rire. Autre point d’orgue du film, quand notre brave prof de maths passe pour un vrai séducteur patenté auprès de ses élèves qui tombent toutes raides dingues de lui…

Visiblement Zidi et Richard n’ont pas épargnés leur peine, les gags (bons et beaucoup moins bons) se succèdent à grande vitesse, certains gags « tarte à la crème » peuvent très vite lasser, mais c’est trépidant, donc on a pas le temps de s’ennuyer, passant d’une situation à une autre avec une certaine aisance.