LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE
La Montagna del dio cannibale – Italie – 1978
Support : Bluray & DVD
Genre : Aventure
Réalisateur : Sergio Martino
Acteurs : Ursula Andress, Stacy Keach, Claudio Cassinelli, Antonio Marsina, Franco Fantasia, Lanfranco Spinola…
Musique : Guido De Angelis, Maurizio De Angelis
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais, Italien et Français PCM 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 102 minutes
Editeur : Artus Films
Date de sortie : 1er octobre 2024
LE PITCH
La région la plus reculée de la Nouvelle-Guinée. Malheur à qui s’y risque, tout particulièrement au cœur de la jungle hostile de Marabata, terrain de chasse privilégié des Pukas, une féroce tribu cannibale. Sur les traces de son mari disparu, Susan Stevenson y pénètre cependant. Accompagnée de son frère Arthur, de l’aventurier Edward Foster et de quelques indigènes, elle affronte mille épreuves, mille dangers, avant que les Pukas ne se saisissent d’elle pour la donner en offrande à leur dieu affamé de chair humaine…
La Jungle nue
Grand patron de la série B à l’italienne, Sergio Martino s’essaye un peu à la fin des années soixante dix au cinéma d’aventure à l’ancienne. Des rejetons des classiques kitch américains, mais avec la nervosité et les glissements bis de la méthode ritale qui portent le nom du Continent des hommes poissons, d’Alligator et bien entendu de La Montagne du dieu cannibale qui ouvre, joyeusement, le bal.
Après avoir pris ses marques dans le cinéma d’horreur, le fantastique, le giallo, le polar ou le western (sans compter la grosse comédie qui restera toujours son genre de prédilection… comme quoi), Sergio Martino va renouer ici avec ses souvenirs de jeunes spectateurs. Les anciennes aventures d’Alan Quatermain, les temples perdus et les chasses aux trésors du vieil Hollywood, mais aussi l’esprit pulp des premiers fumetti avec ses héros virils, ses femmes belles et courageuses et ses sauvages forcément cannibales. D’ailleurs à peu de chose près, La Montagne du dieu cannibale est un quasi-remake des Mines du roi Salomon où, modernité oblige, la soif de l’uranium et du nucléaire a remplacé celle de l’or. Le film repose alors sur des codes vieux comme le monde avec ses confrontations entre males viriles cherchant à protéger la belle, les nombreuses traversées de paysages exotiques, sauvages et inquiétantes, les rencontres inopinées avec des bêtes voraces (crocodiles, araignées et pythons), la difficile embarquée sur un fleuve déchainé et enfin l’arrivée au lieu mystérieux, reculé et oublié, où attendaient patiemment une tribu affamée de nouvelles rencontres.
Hostile la nature !
Profitant d’un budget plutôt confortable pour une production italienne de l’époque, avec son casting international (Andress mais aussi un Stacy Keach plutôt coté) et bien entendu des superbes décors naturels du Sri-lanka et de Malaisie, Martino raffermit solidement son film d’aventure à l’ancienne avec une réalisation soignée, de jolis cadres scope, un rythme assez prenant qui en font effectivement un bon spectacle. Sauf que Ruegero Deodato vient de livrer son déjà bien corsé Le Dernier monde cannibale et que l’industrie italienne étant ce qu’elle est, la production de Martino doit forcément jouer la surenchère. D’où sans doute ces quelques détails gores qui émaillent le récit et surtout ces terribles, et assez inexcusables, séquences de morts animales. Des inserts documentaires censées données du corps au réalisme de l’entreprise mais qui tombent surtout dans un voyeurisme douteux et géant entre une éventration d’un pauvre varan et surtout cette lente et terrible agonie d’un pauvre singe étouffé et avalée par un serpent. Autre époque, autres mœurs. Du coté déviances, on savoure beaucoup plus aisément le grand final absolument halluciné au sein de la grotte des fameux Pakus, adorant les restes pourrissant du pauvre monsieur Stevensen un compteur Geiger à la place du cœur (symbolique !), s’adonnant à un repas pas vraiment végan tandis que la caméra s’attarde sur la masturbation lascive d’une belle sauvage ou la copulation d’un camarade avec un cochon qui n’avait rien demandé.
Du grand n’importe quoi totalement gratuit, sous les yeux médusés d’une Ursula Andress (première James Bond Girl tout de même) à moitié nue, une couronne d’osier sur la tête. Des images comme ça, il n’y avait effectivement que le Bis italien qui était capable d’en balancer, sans honte, sur grand écran. Autre temps, autres mœurs.
Image
Il est loin le temps où le film était proposé dans des vieilles copies dégradées, fluctuantes et tristement ternes, le nouveau master HD proposé par Artus Films permet ainsi de redécouvrir le film dans de très bonnes conditions avec une image sérieusement nettoyée, stable et plus riche et détaillée que jamais. Certes la photographie parfois un peu laiteuse ne fait pas toujours briller la définition et quelques passages éparses tirent un peu vers le granuleux, mais l’ensemble s’avère assez pimpant, doté d’un piqué très satisfaisant avec un relief parfois étonnant (les scènes dans la grotte). Une bonne surprise.
Son
Pas de jaloux, versions française, anglaise et italienne sont disposées dans leurs formats stéréos d’origine avec un petit rafraichissement collectif. Des restitutions sobres et efficaces, où on note tout de même quelques effets de saturations sur le doublage hexagonal.
Interactivité
Proposé comme il se doit sous la forme d’un digipack avec fourreau cartonné, La Montagne du dieu cannibale est proposée avec deux visuels distincts. Un montage photo correspondant à l’affiche française en édition classique, et une reproduction plus stylée de l’affiche italienne pour une édition limitée à 200 exemplaires, uniquement disponible sur le site de l’éditeur. Avis aux collectionneurs.
Dans leur contenu cependant les deux sorties sont identiques avec des disques Bluray et DVD qui s’ouvrent sur la traditionnelle présentation du film par Curd Ridel, plongeant encore et toujours dans les longues filmographies et carrières du beau monde devant et derrière la caméra. La suite se tourne vers des interviews des principaux concernés soit le réalisateur Sergio Martino, le chef opérateur Claudio Marabito et le décorateur Antonello Gelend. Chacun évoque une même aventure cinématographique et humaine, ne cachant pas leur admiration pour l’implication d’Ursula Andress (en particulier) et des autres acteurs, montrant quelques gènes quant au contenu de certaines scènes et délivrent nombre de petites anecdotes de vieux baroudeurs… et de vieux artisans. Ici c’est Antonello Geleng qui tient le crachoir le plus longtemps, décrivant presque tous les lieux de tournages du film et révélant ses inspirations et les difficultés rencontrées sur certains sites.
Liste des bonus
« Mort sous les tropiques » : Présentation du film par Curd Ridel (19’), « Dans la jungle » : Entretien avec Sergio Martino (25’), « Sans trêve » : Entretien avec Claudio Morabito (13’), « La Grande Aventure » avec Antonello Geleng (54’), Diaporama d’affiches et photos (2’), Bande-annonce originale (4’).