LA MALÉDICTION DES MORTS-VIVANTS
Curse of the Blind Dead – Italie – 2020
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Raffaele Picchio
Acteurs : Aaron Stielstra, Alice Zanini, Francesca Pellegrini, Bill Hutchens, Fabio Testi, David White…
Musique : Andrea C. Pinna
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 87 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 mars 2024
LE PITCH
Au XIVe siècle, un rituel mené par un groupe d’adorateurs de Satan connus sous le nom des Templiers se solde par leur capture et leur brutale exécution par les habitants. Avant leur mise à mort, les chevaliers font le serment de revenir d’entre les morts pour hanter à jamais le village et la forêt avoisinante. Des siècles plus tard, dans un futur post-apocalyptique, un homme et sa fille luttent pour leur survie, affrontant les Chevaliers morts-vivants ainsi qu’une secte dirigée par un prédicateur dément.
La résurrection des morts-vivants
45 ans après le dernier opus officiel, les Templiers zombies reprennent leur cavalcade avec un cinquième épisode non officiel imaginé et mis en boite par un large groupe de passionnés. La Malédiction des morts-vivants n’est pas un bête remake mais bien une transposition plus gore et futuriste des classiques bis d’Amando de Ossorio.
Initiés dans les dernières années du franquisme, les quatre films initiaux de la saga des Blind Dead (La Révolte des morts-vivants, Le Retour des morts-vivants, Le Monde des morts-vivants et La Chevauchée des morts-vivants) s’inscrivirent rapidement parmi les classiques du bis espagnol autant par leur gothique intemporel, le look inoubliable de ses créatures que par l’arrière-fond politique fustigeant (assez discrètement) l’état fasciste. Beaucoup se souviennent encore avec une certaine émotion de ces longs plans au ralenti où les templiers desséchés cavalcadent à travers la nuit sur leurs fiers destriers à la poursuite d’une victime peu vêtue. En tout cas, grand passionné de cinéma d’horreur l’italien Raffaele Picchio a été profondément marqué par ces derniers et dont l’influence était déjà plus que perceptibles sur ses premières réalisations semi-amateur : Morituris et The Blind King. Croisé aussi comme directeur photo sur les documentaires Aenigma : Lucio Fulci and the 80s et Omega Rising : Remembering Joe D’Amato, il passe avec La Malédiction des morts-vivants à la vitesse supérieure puisque ce dernier s’inscrit effectivement directement dans la « continuité » des films originaux.
L’objet du culte
Il réinterprète cependant le culte satanique de ces être maudits mais en le transportant cette fois, passé une introduction « à l’ancienne » plutôt réussie, dans un futur postapocalyptique où les retombées d’une guerre nucléaire et le désespoir humain ont poussé quelques survivants à se retourner vers les vieux cultes oubliés. En particulier celui d’offrir des enfants à peine nés à ces terribles templiers increvables quitte à kidnapper et enchainer les pauvres pondeuses dans la cave. Le film suit la fuite éperdue de la pauvre Lilly, aidé un temps par son père, dans un décor qui hésite entre les forêts bien vides et les vieilles usines délabrées comme dans un bon rip of de Mad Max italien. Raffaele Picchio ne cache pas qu’il a dû faire beaucoup avec très peu, et effectivement cette transposition futuriste permet de dissimuler quelque peu les faiblesses considérables du budget, d’user de fringues contemporaines un peu déchirées, de tourner l’ensemble dans un anglais un peu scolaire, de mettre de coté l’histoire, pour se concentrer sur l’essentiel : l’ambiance et les effets gores. Et le film ne manque ni de bonne volonté ni d’ambition, se payant un cameo luxueux de Fabio Testi en geôlier sadique, creusant constamment un décorum désespéré et particulièrement cruel et donnant à voir aux amateurs de bisseries quelques tripailles arrachées, des membres tranchés et autres fétus coupés en deux confectionnés à la sauce artisanale bien scabreuse. Une approche dans son jus qui est associée à un look toujours aussi iconique et parfaitement rendu pour les templiers, et quelques efforts portés sur la photo du film dont les teintes ocres se rattaches inévitablement aux originaux de Amando de Ossorio,
Curse of the Blind Dead reste un hommage plutôt sympathique même s’il n’arrive pas toujours à se dépêtrer de ses lacunes : le budget bien entendu mais aussi l’écriture très basique et le jeu des acteurs, aléatoire et terne.
Image
Toute petite production tournée en numérique, La Malédiction des morts-vivants ne peut forcément pas prétendre au même rendu rugueux que la fameuse trilogie visée. La source digitale est très visible avec un rendu très particuliers des textures et des lumières, même si Raffaele Picchio s’efforce d’en gommer les contours avec l’ajout de grain et de filtres divers. Le Bluray du Chat qui fume fait aussi de son mieux pour donner corps à tout cela avec une définition comme (presque) toujours solide et précise et une compression invisible.
Son
La version originale (anglaise donc) est proposée aussi bien avec un DTS HD Master Audio 2.0 plutôt sobre et tourné vers les avants, idéal pour les petites installations, et un légèrement plus ample et ambitieux DTS HD Master Audio 5.1. On n’est pas ici dans un rendu blockbuster ultra complexe et chiadé mais dans un effort très louable de donner un peu de volume à l’ensemble avec une dynamique présente et quelques effets plus enveloppants.
Interactivité
Les templiers ne viennent pas seuls puisque l’édition comporte comme bonus une interview très complète du réalisateur. Avec un débit et un enthousiasme décoiffant, Raffael Picchio revient sur sa découverte de la tétralogie des Templiers et l’impact qu’elle a eu sur lui, raconte la première version du film qui devait intégralement se dérouler dans des grottes, la raison du passage à un contexte post-apocalyptique (et c’est assez étonnant), le choix des acteurs, l’invité Fabio Testi, les difficultés liées à une production à l’économie, les joies du tournage et les effets spéciaux. Le tout est agrémenté de nombreuses images des coulisses qui finissent de rendre l’entreprise effectivement sympathique.
Liste des bonus
Interview de Raffaele Picchio avec images du tournage (29’), Bande-annonce.