LA MAISON DES SEPT PÉCHÉS & LES ANNEAUX D’OR
Seven Sinners, Golden Earrings – États-Unis – 1940, 1947
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie, aventure
Réalisateurs : Tay Garnett, Mitchell Laisen
Acteurs : Marlene Dietrich, John Wayne, Albert Dekker, Broderick Crawford, Ray Milland, Bruce Lester…
Musique : Hans J. Salter, Frank Skinner
Durée : 87 et 95 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 29 août 2023
LE PITCH
La maison des sept pêchés : La charmante Bijou, chanteuse de cabaret dans les îles du Pacifique, a le don de se mettre dans de drôles de situations. Provoquant des bagarres entre soupirants, elle est ballottée sans cesse d’île en île. A Boni-Komba, elle travaille comme chanteuse au « Seven sinners » où elle rencontre Dan Brent, un lieutenant de la Navy dont elle tombe amoureux…
Les anneaux d’or : A Londres, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le colonel Denitsoun, des services secrets de Sa Majesté, reçoit une boîte contenant une paire d’anneaux d’or. Il raconte à Reynolds, un ancien correspondant de guerre, son périple de 1939 en Allemagne : une enquête avec un jeune officier sur un gaz asphyxiant qui l’a amené à la plus belle rencontre se sa vie…
Vive Lili Marlene
Icône légendaire du Septième Art, l’actrice Marlene Dietrich, disparue il y a plus de trente ans, dévoile de nouveau tout son talent dans deux productions hollywoodiennes des années 1940 : La Maison de sept pêchés et Les Anneaux d’or, inédites jusqu’alors en Blu-Ray.
Après la sortie du sublime coffret (les films sont également disponibles en format individuel) consacré aux années hollywoodiennes du duo Marlene Dietrich-Josef von Sternberg, les éditions Elephant Films enrichissent leur fastueuse collection « Cinéma Masterclass » et déclarent encore une fois leur amour pour « Lili Marlene » avec trois titres la mettant à l’honneur : La Fièvre de l’or noir (1942) ainsi que La Maison de sept pêchés (1940) et Les Anneaux d’or (1947) que nous avons eu le plaisir de tester.
Considéré par l’inimitable Jean-Pierre Dionnet comme « le premier très bon film de Marlene après sa rupture avec von Sternberg.(en 1935) », La Maison des sept pêchés, qui ne sortit en France qu’en 1947, demeure effectivement une incontestable réussite servie par la réalisation tonique de Tay Garnett et un casting de qualité rassemblant notamment un John Wayne à l’aube de sa gloire, et un excellent Broderick Crawford dans un rôle de brute alcoolisée… ce qui selon certains témoignages reflétait assez bien son « mode de vie », qui entacha par exemple le tournage d’Il bidone (1955) de Federico Fellini !
Avec sa bande-annonce d’époque, les producteurs annonçaient la couleur…et ne mentaient en rien sur la marchandise : « Le démon Dietrich est de retour ! Elle se bat, elle joue, elle rit…et elle aime ! ». Divertissement populaire de qualité alternant avec brio les registres du mélo et du film d’aventures, le film est également célèbre pour une ultime scène de bagarre dantesque au sein du Seven sinners, pauvre bouge qui à l’instar des autres bars fréquentés par le « démon » Marlene finira en ruines à cause de son charme dévastateur. Enfin comme toujours avec la « Diva », nous avons droit à des tours de chant dont une excellente et mémorable ode à la Navy, « The Man’s in the Navy » où Dietrich manie à la perfection l’art de la provocation.
Gipsy Queen
Au sein de la filmographie de l’interprète de L’Ange bleu, Les Anneaux d’or fait clairement figure de film mineur. Ancienne égérie de la Paramount dans les années 1930, elle la retrouve pour cette occasion et tourne pour Mitchell Leisen, costumier et décorateur attitré de la maison de production et ancien assistant-réalisateur de Cecil B. DeMille. Enchaînant les flops au Box-Office, Marlene, qui vit alors en Europe, trouvera le film « mauvais » mais celui-ci sera pourtant un succès, avec près de trois millions de dollars de recettes.
Bien que l’entente avec son partenaire, l’anglais Ray Milland lauréat d’un Oscar du meilleur acteur pour Le Poison deux ans plus tôt, ne fut pas optimale, le couple qu’ils forment à l’écran s’avère irrésistible, Leisen semblant délaisser le scénario au profit de son duo de stars qui inonde l’écran. N’hésitant pas à casser son image glamour, Dietrich y incarne une bohémienne enlaidie (on notera une certaine caricature de la communauté tzigane toutefois traitée avec bienveillance) venant au secours d’un espion anglais perdu dans la campagne allemande avec les nazis à ses trousses. Entre autres aventures et mésaventures, on retiendra notamment la séquence du « piercing » avec ces fameux anneaux d’or qui feront de Milland un « authentique » tzigane…
Que ce soit Garnett avec La Maison des sept pêchés ou Leisen donc avec Les Anneaux d’or, les deux cinéastes sont parvenus à capter l’incroyable lumière de leur actrice principale qui même en second rôle face à Ray Milland parvient à le placer dans l’ombre. Bien qu’ils ne s’agissent pas des plus grands films de Dietrich, tous deux permettent d’apprécier la diversité des rôles dans lesquels elle excella tout au long de sa carrière.
Image
Les deux films sont présentés dans des nouveaux masters restaurés HD. Une aubaine pour ces deux films qui avaient été édités en DVD sur le marché français…en 2005 ! Bien que la copie du film de Leisen Les Anneaux d’or présente de nombreuses traces du temps, celle de La Maison des sept pêchés est impeccable. En tout cas les deux versions présentent d’agréables contrastes, des bords stabilisés ainsi qu’une définition irréprochable.
Son
Les deux masters sont en 2.0 mono et remplissent parfaitement leur rôle. Les bruits de fond sont quasi-inexistants rendant parfaitement clairs et aérés les dialogues. Quant à la musique, notamment sur le film de Garnett, elle est admirablement restituée.
Interactivité
La Collection Cinéma Master Class d’Elephant Films s’étoffe encore avec ces deux titres présentés dans des boîtiers avec fourreau et leurs jaquettes originales réversibles.
Pour les bonus de La maison des sept pêchés, nous avons le plaisir de retrouver Jean-Pierre Dionnet, célèbre présentateur de l’émission Cinéma de quartier de 1989 à 2007. En cinéphile averti, il revient sur « ce film formidable », tourné à San Diego, base de l’US Navy d’ailleurs remerciée au générique. Il revient également sur le « sous-estimé » Tay Garnett, spécialisé dans les gags comiques, ou encore sur les débuts de John Wayne.
Enfin, Samir Ardjoum, critique et fondateur de la chaîne Youtube Microciné, revient sur sa passion pour John Wayne, découvert lors des rediffusions concoctées par Le cinéma de minuit dans les années 1980. Il revient notamment sur son image conservatrice, porte-drapeau des États-Unis : « Tout ce qu’il représentait, c’est ce que j’ai combattu ! Mais il reste l’un de mes acteurs préférés ».
Sur l’édition de Les Anneaux d’or, c’est Nachiketas Wignesan, professeur d’Histoire du cinéma, qui nous livre une analyse passionnante. Il évoque entre autres la carrière de Mitchell Leisen, homme à tout faire (assistant, costumier, décorateur, réalisateur…) de la Paramount, et les nombreuses critiques qu’il essuya, notamment en raison de son homosexualité… Le critique revient sur le tournage, avec des citations de Marlene sur l’entente difficile entre les deux stars du film, et revient sur le discours sur la bisexualité présent en filigrane dans le film, notamment via la scène du piercing qui « transformera » Ray Milland…
Enfin, sur les deux disques, nous retrouvons le portrait de Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur, chroniqueur radio spécialisé dans le cinéma. Il évoque « une actrice terriblement sexuée, qui se suffit à elle-même et prend la lumière comme personne. »
Liste des bonus
La maison des sept pêchés : Le film par Jean-Pierre Dionnet (12’), Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (12’), John Wayne par Samir Ardjoum (10’), Bande-annonce d’époque (2’)
Les anneaux d’or : Le film par Nachiketas Wignesan (30’), Marlene Dietrich par Xavier Leherpeur (12’), Bande-annonce d’époque (2’)