LA MAISON DE LA MORT

The Old Dark House – Etats-Unis – 1932
Support : Bluray
Réalisateur : James Whale
Acteurs : Boris Karloff, Melvyn Douglas, Charles Laughton, Lilian Bond…
Musique : Inconnu
Durée : 71 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 27 janvier 2021
LE PITCH
Suite à une violente tempête et afin d’éviter les pluies torrentielles qui s’abattent sur eux, cinq personnes font devoir se réfugier dans l’unique demeure se trouvant sur leur route. Les occupants vont se révéler aussi étrange que leur habitation. Mais la maison cache un secret encore plus mystérieux…
Entre deux chefs d’oeuvre
Connu également sous le titre Une soirée étrange, cette Maison de la mort fait partie des nombreuses adaptations cinématographiques de la littérature fantastique initiée par la Universal.
Victor Hugo, Gaston Leroux, Bram Stoker, Mary Shelley, le célèbre studio ne se prive pas pour accaparer de grands noms. Outre ces prestigieux auteurs, James Boynton Priestley fut également mis à contribution. Romancier, critique et dramaturge, il est appelé par le studio pour adapter son récit Dans la nuit, pour agrémenter le label des Universal Monsters. C’est ainsi qu’après Le Bossu de Notre-Dame, Le Fantôme de l’opéra, Dracula et autre Frankenstein que La Maison de la mort voit le jour. Surfant sur le colossal succès de leur précédent film, Universal réengage l’équipe gagnante de Frankenstein, le réalisateur James Whale et sa star Boris Karloff. Mais autant le dire tout de suite, ceux qui s’attendaient à une histoire de maison hantée avec son lot de fantômes et autres élans d’épouvante, seront forcément déçus à l’arrivée. Il faut dire que le titre est trompeur. Mieux vaut s’en tenir à son premier titre français, Une Soirée étrange, qui lui ne trompe pas sur la marchandise.
La maison de l’ennui
C’est lors d’une sempiternelle nuit d’orage qu’une voiture s’arrête devant une vielle bicoque afin que ces occupants puissent y trouver refuge. L’accueil qui leur est réservé n’est pas pour les rassurer. En même temps, voir la porte s’ouvrir sur le sourire de Karloff n’invite pas à rester. Heureusement pour ces pauvres visiteurs, un autre couple les rejoint bien vite. Dilatant son action sur une unique nuit, les personnages auront l’occasion de se perdre dans les dédales de la maison. Entre longs couloirs et escaliers interminables, James Whale met à profit les moindres mètres carrés de son décor. C’est au détour des endroits sombres de la maison qu’il nous invite à faire connaissance avec les étranges propriétaires des lieux. Tous plus torturés et étranges les uns que les autres, nous avons droit à une famille dysfonctionnelle qui n’est pas sans rappeler celle de Massacre à la tronçonneuse, réalisé 40 ans plus tard.
Cousue de fil blanc, l’intrigue peine à captive, donnant plus d’une fois l’impression de reprendre à son compte les mécaniques d’une pièce de théâtre… un vieux réflexe sans doute dû au passif de son auteur. Non dénué d’humour, les situations sont bien souvent risibles. Reste la magnifique photo en noir et blanc très recommandable pour ce genre de film. Mais même si le réalisateur s’approprie les décors à coup de jeux d’ombre et de lumière, le résultat est loin de ce chef d’œuvre gothique et baroque qu’il réalisera quelques années plus tard : La Fiancée de Frankenstein. Capitalisant sur l’aura de Karloff, encore une fois affublé d’un maquillage le rendant méconnaissable, La Maison de la mort ne va pas chercher bien loin dans son interprétation, ce dernier devant contenter de pousser quelques grognements dans un rôle secondaire qui reste cependant une des rares attractions de ce film. A noter également la première apparition dans un film américain de l’acteur Charles Laughton au faciès encore tout juvénile.
Image
Profitant de la récente restauration luxueuse produite par la Cohen Film Collection, Carlotta propose un sublime transfert effectué à partir d’un scan 4K du négatif. Du grand luxe qui développe alors des cadres d’une propreté presque immaculée, préservant un grain de pellicule admirablement géré et surtout des noirs aussi profonds que pointilleusement définis. Impossible de trouver à redire ici, de la stabilité aux argentiques, tout est parfait. D’autant plus impressionnant que le film aborde sa petite centaine d’année d’existence…
Son
Malgré tous les efforts possibles, les techniciens ne peuvent pas toujours faire des miracles, comme ici avec le mono d’origine, fortement marqué par les années et surtout une captation initiale très loin des canons modernes. Légères fluctuations de niveaux, petites saturations et autres crissements viennent rappeler l’âge vénérable de l’objet, mais le DTS HD Master Audio fait de son mieux pour que cela reste constamment agréable.
Interactivité
Hérité de l’édition américaine l’interview de Sara Karloff (fille de) vient forcément raconter quelques souvenirs du tournage de La Maison de la mort, mais permet surtout de retracer une certaine époque de la carrière de Karloff, à la fois nouvelle star du genre et acteur devant se dissimuler derrière les masques de ses monstres (il ne fut même pas invité à la première de Frankenstein… hallucinant). Assez touchant.
Plus ancien, le segment Sauvetage d’un classique, provient du premier DVD US, célébrant justement les retrouvailles avec un film que tout le monde pensait perdu. Une quête menée par le réalisateur bis Curtis Harrington (Marée nocturne) qui dû se heurter au désintérêt total de la Universal.
Liste des bonus
La Fille de Frankenstein (15’), Sauvetage d’un classique (7’), Bande-annonce 2019.