LA MAIN AU COLLET
To Catch a Thief – Etats-Unis – 1955
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Aventure
Réalisateur : Alfred Hitchcock
Acteurs : Cary Grant, Grace Kelly, Jessie Royce Landis, Charles Vanel, Brigitte Auber…
Musique : Lyn Murray
Durée : 106 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Dolby True HD 2.0 Anglais, Dolby Digital Mono français, allemand, italien…
Sous-titres : Français, Anglais, allemand, néerlandais…
Éditeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 16 octobre 2024
LE PITCH
Jean Robie, cambrioleur assagi, goûte une retraite dorée sur la Côte d’Azur. Le paysage s’assombrit, lorsqu’un voleur utilisant ses méthodes le désigne tout naturellement comme le suspect n°1…
C’est toi le chat !
Installé depuis sa sortie dans la case peu enviable des films mineurs, La Main au collet aura pourtant assez brillamment traversé les années avec son duo glamour, Cary Grant / Grace Kelly (qui dit mieux ?) et sa démarche décontractée. Un simple divertissement soit, mais signé Alfred Hitchcock.
Il faut dire qu’en 1955 lorsque le cinéaste s’attèle à ce film presque estival, il vient tout juste de sortir des deux succès Le Crime était presque parfait et surtout Fenêtre sur cour, métrages dont la sophistication lui a enfin permis d’être reconnu par la profession, mais aussi la critique américaine et le public. Besoin de repos, de changer la donne, de caresser les spectateurs à rebrousse poil, sans doute surtout de changer d’air, Hitchcock ne s’intéresse que très peu au roman de David Dodge (Les Pillards de Mexico) pour son mince suspens, sa trame policière et une révélation finale qui se devine assez aisément. Il préfère y trouver une romance délectable et une succession de poursuites et d’esquives entrelacées de gags burlesques, pour le coup très européen. En somme, le maitre du thriller cherche ici à filmer autre chose que le monde sombre et extrêmement construit qui a fait sa renommé. Et pour cause, sous le soleil éclatant, lumineux et chaud du sud de la France (Nice et Cannes), La Main au collet ressemble à s’y méprendre à des vacances de luxes : hôtels luxueux, plages bondées de mondes, campagnes rayonnantes, végétation colorée, personnages secondaires haut en couleurs…
Perché !
Comme l’indique finalement sans dissimulation le surnom de l’ex-voleur incarné par Cary Grant (le chat), tout se transforme sous la caméra du maitre en un jeu jovial, libre et amusant. Jamais dupes, les deux acteurs s’en donnent à cœur joie, rivalisant de saillies, de sourires entendus et d’attitudes séductrices pour mieux donner du relief aux sous-entendu grivois des dialogues (étonnant venant de Grace Kelly d’ailleurs), tandis que le metteur en scène s’offre quelque expérimentations dans son montage (les mouvements de tête des conducteur dans une poursuite en voiture, l’ouverture cassant la romance par un cris effrayé…), reprend les esthétiques naïves de la bande-dessiné ou de la carte postale (la photographie est magnifique) et traduit son désir de réaliser un James Bond en livrant une poursuite glorieuse où le volant est tenue par une demoiselle radieuse. Son personnage d’ailleurs reflète à merveille la légèreté du film, elle qui reste au départ en arrière plan, une simple silhouette, se rapproche peu à peu de la caméra comme une fille timorée, presque glaciale et qui finalement se jette fougueusement sur les lèvres de Carry Grant : une princesse au tempérament de feu. Dans La Main au collet rien n’est grave, tout n’est qu’amusement, comme lorsque les hommes de mains manquent de rater Jean Robby parce qu’ils se sont lancés dans une partie de balle, que la bourgeoise volée trouve ça « excitant » et que la police française accepte finalement (trop ?) facilement les règles imposées par ce voleur repenti pourtant toujours attiré par les larcins.
Sublime divertissement hollywoodien, cette transition n’en porte pas moins la patte de son auteur, entre des envolées stylistiques éblouissantes (le final sur les toits de la villa), un sens du cadre et du découpage toujours inégalé et ce portrait d’un couple en constante joute amoureuse. Deux acteurs faramineux qui recherchent un équilibre entre sexe fort et sexe faible, jeux des apparences et prise en main du volant. Résolument moderne.
Image
En 2012, alors qu’une grande part de la filmographie de Hitchcock passait allègrement à la HD, La Main au collet s’offrait une restauration colossale. Production tournée en Vistavision (image très laaarge) et qui a gagné en 55 l’Oscar de la meilleure photographie, il retrouvait toute sa superbe, bien loin des masters tristounes vus en DVD. La palette de couleurs était extraordinairement riche (la séquence dans le marché aux fleurs, les paysages campagnard…), les contrastes retrouvaient le pep’s d’origine et une chaleur presque inédite, et le piqué révélait chaque détail avec une précision rare. Même les séquences en nuit américaine (tendant plus vers le vert que le bleu pour une fois) tenaient dignement la route tout du long. Si l’on excepte le générique d’ouverture et quelques plans composites (les scènes en voiture) qui montraient de légères faiblesses dans la restitution, l’ensemble du film imposait une forme exceptionnelle. Un peu plus de dix ans après c’est la même restauration qui franchit le cap de la 4K avec une accentuation frappante de ses richesses (des couleurs plein les yeux, un piqué ferme…) et de ses défauts, en particulier ces plans plus faibles (fondus, surimpressions, zoom…) qui sont brutalement boostés pour homogénéiser l’ensemble mais qui manquent alors de naturel. Le léger gommage du grain de pellicule est ici aussi bien plus notable.
Son
Forcément à coté du travail effectué sur l’image, l’apport d’un simple Dolby True HD 2.0 peut sembler restreint, surtout que celui-ci malgré un joli nettoyage des fioritures de l’âge laisse encore entendre quelques faiblesses (des échanges franco-anglais manifestement postsynchronisés) et ne travaille finalement une stéréo qu’assez discrète. Propre et respectueux du travail original. La version française dans le bon vieux mono d’époque se laisse entendre mais paraît bien fatigué.
Interactivité
Après avoir drastiquement sabré les suppléments de l’édition américaine pour la sortie française du Bluray de 2012, Paramount fait amende honorable en proposant (enfin !) sur le disque UHD l’ensemble des bonus disparus.
Des items produits justement pour le Bluray mais aussi pour l’ancien DVD collector, et qui s’attachent respectivement à l’écriture du scénario et les soucis rencontrés avec la censure du Code Hays, le choix des acteurs stars, leurs petits portraits de circonstance et un retour sur les souvenirs d’un tournage sans grandes difficultés malgré l’impériosité technique du VistaVision. Plus original, le programme contient aussi une rencontre avec la fille et la petite fille du cinéaste et des étudiants qui posent quelques questions sur la personnalité du grand Hitch. Belle idée aussi d’offrir un portrait à la grande costumière Edith Head, celle qui a « inventé le glamour à Hollywood » ici dans ces années à la Paramount. Enfin, les plus studieux peuvent se tourner vers le commentaire audio de l’historien Drew Casper qui analyse en profondeur le film, ses techniques et son style.
Liste des bonus
Commentaire audio du Dr Drew Casper, Gros plans sur le réalisateur, Une Nuit avec les Hitchcock (23’), Non conforme au code : la censure à Hollywood (12’), , La Main au collet : écriture et casting (9’), Making of (17’), Dans les coulisses : Cary Grant et Grace Kelly (6’), Le Point de vue d’Alfred Hitchcock (7’), Les Années Paramount par Edith Head 14’), Bande annonce.