LA LOI DE TÉHÉRAN
Metri Shesh Va Nim – Iran – 2019
Support : Bluray
Genre : Thriller, policier
Réalisateur : Saeed Roustayi
Acteurs : Peyman Maadi, Navid Mohammadzadeh, Parinaz Izadyar, Farhad Aslani…
Musique : Peyman Yazdanian
Durée : 131 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Farsi DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Wild Side Video
Date de sortie : 1er décembre 2021
LE PITCH
En Iran, la sanction pour possession de drogue est la même que l’on ait 30g ou 50kg sur soi : la peine de mort. Dans ces conditions, les narcotrafiquants n’ont aucun scrupule à jouer gros et la vente de crack a explosé. Bilan : 6,5 millions de personnes ont plongé. Samad, flic obstiné aux méthodes expéditives, met enfin la main sur le parrain de la drogue Nasser Khakzad…
Persépolice
Sorti l’été dernier en salles, La loi de Téhéran, polar mâtiné de drame social, est une véritable réussite qui nous délivre un regard perçant sur la société et la justice iranienne. Une preuve de plus de la vitalité du cinéma perse.
Longtemps confidentiel dans nos contrées occidentales, le cinéma iranien est désormais de plus en plus diffusé et reconnu. Et après les révélations que furent les cinéastes Abbas Kiarostami ou Asghar Farhadi, une poignée de films plus commerciaux s’échappe des frontières de la République Islamique où près de 200 films sont réalisés chaque année.
Parmi ceux-ci, La loi de Téhéran fait figure d’exemple avec sa conception peu coûteuse (voir le making of) qui lui permit de s’exporter, d’être acclamé à la Mostra de Venise et d’être le film non comique le plus rentable du cinéma iranien. Son réalisateur néophyte Saeed Roustayi signe en effet une œuvre efficace lorgnant dans un premier temps vers le polar réaliste, avant de dériver vers une vision quasi-documentaire, confinant au huis-clos, et particulièrement sombre de l’Iran du 21ème siècle.
Avec son thème, le trafic de drogue, et sa première course-poursuite, admirablement mise en scène et particulièrement ironique dans son final, et ses nombreuses voitures françaises (?!), on pourrait d’ailleurs songer à French connection… comme quoi la culture américaine, pourtant rejetée en façade, infusa également dans cette société iranienne aussi traditionnelle que moderne où des femmes sont policières, où l’alcool ne semble pas si introuvable que cela mais où aussi un divorce peut empêcher une promotion…
Trafic mortel
Au-delà du film d’action, La loi de Téhéran vaut surtout le coup d’œil pour sa description d’une société fantasmée mais finalement très méconnue dans nos contrées. Et ici comme ailleurs, certains thèmes semblent universels comme le fléau de la drogue et ici plus particulièrement le crack. Sorti l’été dernier, il est intéressant de constater que le film rejoint l’un des cartons estivaux que fut Bac nord. On y retrouve une même brutalité et désespérance des forces de l’ordre face à un phénomène qu’ils ne peuvent contrôler, ni même réguler. Parmi les scènes les plus saisissantes, on retiendra la descente des policiers dans un bidonville où familles et toxicomanes se côtoient dans la misère la plus crasse. Ce superbe décor cinématographique, un chantier à l’abandon, donna d’ailleurs la belle affiche du film.
Malgré le sérieux, voire l’austérité du sujet, on sourira par moments face à l’ingéniosité des trafiquants comme avec l’utilisation d’obèses pour servir de mules, leur gabarit empêchant l’utilisation des rayons x ! L’autre pilier du film réside dans sa description d’une justice laissant peu de droits à ses justiciables, les entassant dans des cellules dignes de Midnight Express. La vision du cinéaste ne s’avère pas si manichéenne qu’on aurait pu le craindre avec une police à bout de nerfs en permanence à deux doigts de la corruption et de la bavure, et qui est parfaitement symbolisée par le commissaire joué par Peyman Maadi, acteur qui joue régulièrement aux USA. A contrario, Navid Mohammadzadeh, qui joue le trafiquant, vampirise le film et rappelle la tentation que représente le trafic dans un pays où chômage et pauvreté sont omniprésents. Particulièrement antipathique, son personnage sera finalement le révélateur d’une société schizophrène qui croit pouvoir enrayer ce fléau en condamnant à mort à tour de bras.
Et c’est bien là que La loi de Téhéran vise juste en dénonçant mine de rien cet état de fait. Fataliste, Maadi finira par se questionner sur l’efficacité de la méthode alors que le nombre de drogués est passée de 1 Millions à 6,5 en quelques années. 6,5 est d’ailleurs le titre orignal du film….
Image
Une version HD particulièrement réussie : l’image est nette, malgré de nombreuses séquence claires-obscures, et parfaitement définie. La photographie est de qualité notamment sur les scènes extérieures où les tonalités de couleurs et la profondeur de champ sont bien retranscrites.
Son
Un master audio de qualité où les voix sont claires…et heureusement tant le film s’avère bavard ! D’aucuns pourront regretter l’absence de VF mais c’est aussi l’occasion de découvrir le charme de la langue perse, ou farsi, et l’interprétation parfois trop théâtrale des acteurs qui multiplient joutes verbales.
Interactivité
Ce Making Of nous permet de voir l’envers du décor comme ce commissariat-prison qui semble être une prison désaffectée. Les conditions de tournage dans cet endroit furent délicates : chaleur, manque de ventilation… On se rend compte aussi du nombre impressionnant de figurants ayant œuvré sur le tournage…dont de nombreux toxicomanes ce qui nous donne des dialogues surréalistes où ces figurants, en manque, réclament une pause… La tension fut d’ailleurs très présente sur le tournage notamment lors de la scène de l’arrivée des drogués à la caserne, contraints de se déshabiller. Comme dans le film, les acteurs se plaignent de la lenteur et des conditions de tournage…Quand la réalité rejoint la fiction…
Liste des bonus
Bande-annonce (2’), Making Of (33’).