LA JEUNE FILLE ET LA MORT
Death and the Maiden – Etats-Unis – 1994
Support : Blu-ray
Genre : Thriller
Réalisateur : Roman Polanski
Acteurs : Sigourney Weaver, Ben Kinsley, Stuart Wilson
Musique : Wojciech Kilar
Durée : 103 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Anglais et Français Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Tamasa Diffusion
Date de sortie : 23 mai 2023
LE PITCH
Pauline Escobar, victime il y a quelques années de la dictature militaire de son pays, croit reconnaître la voix et le rire de son tortionnaire dans l’homme, le docteur Roberto Miranda, venu raccompagner son mari, un brillant avocat qui travaille sur les exactions passées, dans leur maison isolée en bord de mer.
A nos actes manqués
Roman Polanski a ses marques de fabriques. Celles-ci sont pour lui autant une force qu’un piège. Difficile pour le cinéaste de ne pas céder à ses péchés mignons. Une pièce de théâtre, un huis clos, et le voilà parti pour une étude de caractère d’un monde en perdition.
Amérique latine, un pays en souffrance, un passé lourd. Rien n’est dit d’emblée mais tout est suggéré. L’auteur n’a pas besoin de nous préciser son lieu. La politique chilienne et l’ascension de Pinochet sont palpables tout au long du métrage mais l’universalité des dictatures peut atteindre chaque nation. La Jeune Fille et la mort évoque cette période trouble où la police à la solde des militaires procède à des arrestations arbitraires à tout opposant au régime en place. Si le Chili est le premier pays qui vient en tête par sa situation géographique, aucun continent n’est épargné que se soit dans le présent, le futur et bien entendu le passé. C’est ce qui a certainement déclenché l’envie à Roman Polanski de se lancer dans ce récit, lui survivant du ghetto de Cracovie. Son enfance a été marquée par l’assassinat d’une partie de sa famille lors de la Shoah. Cette pièce de théâtre s’attarde sur les petites histoires de la grande. Des années après son incarcération, une femme reconnaît la voix de son geôlier, le kidnappe, et le force à passer aux aveux. Le tortionnaire devient victime tandis que cette dernière s’enfonce dans sa psychose au risque de passer le cap de non-retour. Un sujet fait pour son réalisateur.
Imprévu
Bien avant son film Carnage où il prenait un malin plaisir à détruire la cellule familiale en enfermant ses personnages, Polanski avait déjà étudié la solidité des sentiments humains avec cette jeune fille et la mort.
S’articulant autour de trois acteurs et d’un décor, il n’a pas son pareil pour mener un huis clos à son paroxysme. Sa grande idée est de choisir ses interprètes là où on ne les attend pas (qui aurait pu imaginer Harrison Ford dans Frantic ?), retrouver Sigourney Weaver dans le rôle principal a de quoi déconcerter. L’immortelle Hellen Ripley est ici une victime fragilisée au passé oppressant, obligée de s’enfermer dans les lieux exigus pour mieux se sécuriser. Stuart Wilson, habitué au rôle de méchant, notamment dans l’Arme Fatale casse son image dans son rôle de mari, futur politicien, passant la quasi-totalité du métrage en peignoir. Et que dire du choix de Ben Kinsley ex-Gandhi en présumé tortionnaire ? Polanski prend les acquis du spectateur pour mieux les démonter. Comme un rubik’s cube, il démonte ce microcosme à l’extrême, les confrontant à leurs faiblesses. La mécanique est huilée, trop même, enrobée dans un académisme inhabituel pour l’auteur. Le sujet a beau être intéressant, le cinéaste a du mal à l’apporter et offre une première partie bien laborieuse. S’il sait mener son suspense, le film est trop verbeux et respectif. Polanski semble se tromper de média et se retrouve bloqué dans du théâtre filmé oubliant qu’il fait du cinéma. On l’a connu plus incisif, plus machiavélique. Nous sommes bien loin des films anxiogènes comme son Locataire ou Ghost writer pour rester dans le même domaine.
Sous ses aspects de ventre mou, le réalisateur arrive tout de même à montrer sa marque de fabrique, le huis clos comme excuse à la perversité psychologique où la violence de l’homme reste à jamais tapie dans l’ombre.
Image
Tirée de sa pellicule 35mm, La Jeune Fille et la mort garde son aspect glacial élaboré par Tonino Delli Colli à qui l’on doit la photo du Nom de la Rose et de Il était une fois en Amérique. Sa photo tranchante et respectée sur ce master sied à merveille à l’exercice du huis clos voulu par le metteur en scène.
Son
En Dolby Audio, la piste reste attachée aux personnages. Si le film reste bavard, il n’en oublie pas les ambiances extérieures qui s’équilibrent parfaitement avec l’état psychologique des personnages.
Interactivité
Une excellente analyse du film est délivrée par Frederic Mercier de Transfuge. Extrêmement précis dans son discours, il permet au spectateur d’appréhender le film avec une seconde lecture. Il s’attarde également sur la fidélité de l’équipe de Roman Polanski qui donne la touche à l’aspect visuel de ce long-métrage.
Liste des bonus
« La Jeune Fille et la Mort : Danse macabre » (45’), Bande-annonce (2’).