LA FUREUR DE VIVRE
Rebel Without a Cause– États-Unis – 1955
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Nicholas Ray
Acteurs : James Dean, Natalie Wood, Sal Mineo, Jim Backus, Ann Doran, Dennis Hopper
Musique : Leonard Rosenman
Image : 2.55 16/9
Son : Dolby Atmos et DTS HD Master Audio 2.0 anglais, Dolby Digital 1.0 français, allemand, italien…
Sous-titres : Français, néerlandais, allemand, italien…
Durée : 111 minutes
Editeur : Warner Bros. Entertainment
Date de sortie : 26 avril 2023
LE PITCH
Ivre mort, Jim Stark est étendu sur la chaussée, serrant un ours en peluche contre son cœur… Première vision de James Dean dans le rôle d’un étudiant qui, pour échapper à son univers familial, participe aux jeux dangereux d’une bande de jeunes.
Cause éternelle
Film d’une icône fulgurante dont l’incarnation de la jeunesse en pleine rébellion est définitivement entrée dans la légende, La Fureur de vivre n’est pas QUE James Dean. C’est aussi le drame éblouissant de jeunes gens délaissés, d’une génération en perte de repères sublimée par la caméra du Nicholas Ray de Johnny Guitar.
Un film que la Warner imaginait sans doute comme un nouvel essai populaire sur le thème de la délinquance juvénile, très à la mode dans ces années 50 déjà marquées par une criminalité grandissante dans la population adolescente. Cependant après les premières journées de tournages et un visionnage des rushs, le choix est fait de tout reprendre mais cette fois-ci avec un Technicolor beaucoup plus luxueux, car il est évident que le studio a de l’or entre ses mains. Révélé dans A l’Est d’Eden, James Dean y explose de charisme et de modernité à chaque plan, apportant sa fébrilité sensible héritée des méthodes de l’Actor Studio, ne jouant jamais la détresse profonde de Jim Stark, mais l’incarnant, la vivant à chacun de ses mouvements, de ses expressions. Un monstre sacré crève l’écran et n’est jamais loin de bouffer une œuvre que l’on oublie presque trop souvent derrière la commercialisation d’affiches, photos, t-shirt et les nombreuses références aperçues depuis dans des centaines (au bas mots) d’autres films. Au-delà de la performance inoubliable d’un James Dean époustouflant, La Fureur de vivre est aussi devenue une œuvre générationnelle par sa manière inédite et sincère d’appréhender une jeunesse que l’on réduisait alors uniquement à une espièglerie bien sage ou à une déviance mettant en danger la bonne société.
Cosmos
Plus que jamais Nicholas Ray prend leur parti, se place à leur hauteur et film le trio principal, avec les tout aussi touchants Natalie Wood et Sal Mineo, esseulés dans des décors vides de présence rassurantes, se recroquevillant dans des plans à la symbolique façonnée avec finesse (le plan d’ouverture en position fœtale où Jim étreint comme une dernière fois une simple peluche) tentant vainement de s’accrocher à une innocence perdue et refusant un monde adulte morne, autoritaire et qui ne les comprend définitivement jamais. Les adolescents redeviennent victimes et les adultes (paumés, fragiles, pathétiques, prisonniers de leurs certitudes) les coupables. Mais le métrage n’est jamais naïf non plus sur la violence de leur quotidien et la bêtise de leurs postures et de leurs mises en danger, seules manières pour eux de survivre à cet autre univers (l’utilisation récurrente de l’observatoire est lumineuse) qui les rapproche dangereusement de la disparition, de la fin du monde. Film magistral parsemé de séquences devenues cultes et (souvent mal) copiées comme le duel mythique entre les deux voitures volées et lancées dans la nuit en direction d’une falaise mortelle, La Fureur de vivre capture à la perfection l’intensité des 50’s.
Mais il a aussi la force grâce à sa poésie mélancolique, sa rage désespérée et sa mise en scène admirablement élégante, de résister aux années et tendre la main vers les générations plus proches de nous, comme le portrait universel d’un âge rarement aussi heureux que les adultes veulent le laisser croire.
Image
Warner reprend assez tranquillement le master déjà restauré en 2013 pour sa très solide sortie au format Bluray, mais s’efforce de l’améliorer sur presque tous les points en profitant d’un transfert 4K Native qui vient creuser plus avant les détails de l’image, la profondeur des cadres et la finesse du grain. Les couleurs aussi y gagnent certainement, mais restent très ancrées dans le Technicolor de l’époque sans excès ou dénaturations. En observant les deux formats côte à côte (Bluray et UHD) les différences sont aussi évidentes que jamais vraiment bouleversantes. On aurait certainement apprécié un véritable retour aux négatifs avec un réalignement total des superpositions de couleurs (les légers halos bleutés sont toujours perceptibles sur certains contours) et un remaniement des fondus enchainés plus baveux et floconneux (même si très courts et bien négociés).
Son
Si la piste mono d’origine est toujours proposée dans un DTS HD Master Audio 2.0 plus précis et net que jamais, l’éditeur s’est aussi essayé, après le 5.1 du Bluray, à une toute nouvelle prestation Dolby Atmos, ce qui est particulièrement rare pour un film de cette époque. Bonne surprise car le mix s’efforce surtout de rester constamment collé aux intentions d’origines, laissant le plus souvent les enceintes latérales et arrières au repos pour mieux se concentrer sur une dynamique avant naturelle et sensible. La piste française elle, plutôt bien incarnée, reste prisonnière de son Dolby Digital 2.0 un peu frétillant.
Interactivité
Proposé dans un steelbook au look sobre et élégant, le disque UHD de La Fureur de vivre ne propose comme unique supplément que le commentaire audio très informé de l’auteur d’un ouvrage entièrement consacré au tournage du film. Pour les autres bonus il faut se tourner vers le Bluray déjà connu qui propose toujours donc le même contenu avec un making of plutôt classique mais bien produit, une longue émission spéciale de la chaine ABC dédié à James Dean avec la participation de Sammy Davis, Jr., Steve Allen, Natalie Wood, Leonard Rosenman et Sal Mineo et l’interview de Denis Hopper qui se remémore entre amusement et mélancolie ses débuts à la Warner et son amitié avec la star. Reste aussi pour les archives les trois reportages très corporates enregistrés en marge du tournage et les scènes coupées en couleur ou noir et blanc mais dont le son a été irrémédiablement perdu. Assez complet donc.
Liste des bonus
Commentaire audio de Douglas L. Rathgeb, auteur du making of du film, « La Fureur de vivre : des rebelles innocents » (36’), « Souvenirs de James Dean » : documentaire (66’), « Denis Hopper : souvenirs du Studio Warner » (10’), Screen test (6’), Essais costumes (5’), Scènes coupées en Noir et Blanc sans son (3’), Scènes coupées en couleur sans son (3’), Derrière la caméra (18’), Bande-annonce originale.