S’il était loin d’être parfait, entre des apparats techniques un peu limites et, déjà, une tendance à vouloir séduire les enfants, même les rétifs au gothiques, le premier opus passait tout de même la barre, offrant un divertissement anodin mais encore assez fidèle à l’univers crée en 1938 par Charles Addams dans son célèbre comics. Un succès plus loin et à peine deux ans d’écoulés, et malgré des apparats techniques plus chiadés, c’est malheureusement comme si toutes les dernières bonnes intentions s’étaient échappées en cours de route. Réalisé à quatre, écrit à autant, La Famille Addams 2 rejoue le tour de la virée en famille et tente, à l’instar de l’excellent Les Valeurs de la famille Addams, de déplacer ces personnages hors normes, adeptes du macabre et du grinçant, dans un monde dit plus « normal » pour mieux en révéler l’absurdité. En route donc pour un road trip qui enchaîne les cartes postales et les clichés de la belle Amérique, réduisant sa charge critique à quelques allusions aux concours de beauté pour petite fille et à la culture du selfie, et se construit uniquement sur une succession inlassable de saynètes attendues.

Couleurs locales

Classique dans le monde de la grosse production ces dernières années certes, mais qui ici trahit totalement son sujet en remplaçant les côtés délicieusement sombres et gentiment barrés bien connus, par des gags lourdingues, cartoon et bien trop colorés. On est tristement loin ici de la cultissime série tv des années 60 et des deux longs métrages admirables de Barry Sonnenfeld… où il n’aurait sans doute jamais été question de balancer de la pop sucrée et du rap massif pour faire jeune et combler les trous béants d’un scénario bâclé. Reposant entièrement sur les frêles épaules de la crise d’adolescence de la pauvre Mercredi, seul membre de la famille ne tournant pas à la bouffonnerie, Une Virée d’enfer tente d’intéresser les gosses à une vague histoire d’échange de bébé expliqué par des tests ADN, à un étrange avocat et son sbire qui suit la famille d’un bout à l’autre du paysage et un oncle Fétide qui se transforme peu à peu en un poulpe géant, mais en n’assumant ni ses petites traces d’humour noir et en livrant un film essentiellement incohérent, il peine à en préserver l’attention. Les adultes eux, en pleine nostalgie de tangos endiablés entre Raul Julia et Angelica Houston, souriront bien à un petit hommage cruel au Carrie de Brian de Palma, mais c’est tout.