LA DISPARITION
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The Disappearance – Royaume-Uni, Canada– 1977
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Stuart Cooper
Acteurs : Donald Sutherland, France Racette, David Hemmings, John Hurt, David Warner, Peter Bowles, Virginia McKenna, Christopher Plummer…
Musique : Robert Farnon
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 91 minutes
Editeur : MDC Films
Date de sortie : 5 février 2025
LE PITCH
Jay Mallory, tueur à gages, se retrouve déstabilisé lorsque sa femme, Celandine, disparaît sans explication. Cherchant désespérément à la retrouver, il plonge dans une enquête qui révèle des aspects troublants de sa propre vie. Tandis qu’il tente de percer le mystère, il se rend compte que rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît, et que sa quête pourrait le mener vers des vérités inattendues.
L’éffacement
Ironie du sort, cette Disparition aura bien connu à son tour les affres de la disparition des réseaux de distribution et de diffusion. Un thriller néo-noir longtemps perdu dans les limbes, handicapé par un remontage navrant au USA, et qui pourtant avec son casting incroyable et son atmosphère désespérément romantique méritait effectivement de revenir à la vie.
Embarqué rapidement sur les chemins de la production télévisuelle, le réalisateur Stuart Cooper était surtout au départ un jeune acteur prometteur, camarade sur les bancs des David Warner et John Hurt que l’on retrouve ici à l’écran, connaissant son petit moment de gloire avec le rôle de Roscoe Lever dans Les 12 Salopards de Robert Aldrich. Mais ce dernier montre rapidement des ambitions de cinéaste, s’essayant au court métrage et au documentaire, avant de concrétiser ses débuts avec le drame politique Little Malcom (avec les deux copains qui tiennent les rôles principaux) puis avec Overlord, chronique des derniers jours d’entrainement des jeunes recrues britanniques reposant en grande partie sur des éléments documentaires. Un succès d’estime et quelques détours par les festivals lui font alors croiser l’acteur / producteur David Hemmings (Blow Up, Les Frissons de l’angoisse) qui voit en lui l’homme idéal pour mettre en image le roman Echoes of Celandine de Derek Marlowe (Maldonne pour un espion). Presque une trajectoire idéale pour Stuart Cooper qui s’adjoint le concours de Paul Mayersberg (L’Homme qui venait d’ailleurs, Furyo…) au scénario, rappelle ses camarades John Hurt et David Warner et réussit à convaincre les Canadiens Christopher Plummer et surtout un Donald Sutherland sorti de Klute, Ne Vous retournez pas, 1900 ou Le Casanova de Fellini, de participer à l’aventure.
L’insaisissable
Un casting de rêve pour des interprétations parfois très courtes (une ou deux scènes) mais toujours marquantes et qui donnent véritablement une grande solidité à ce polar volontairement étrange qui laisse un tueur (Donald Sutherland donc) médusé devant la disparition, du jour au lendemain, de son épouse. Une absence omniprésente qu’il ne sait s’il doit la rattacher ou non à un nouveau contrat qu’il vient de recevoir, ou si elle est simplement due à une rupture précipitée. L’homme avance dans sa mission, croise ses collègues, les messagers de son organisation, s’échappe du Canada pour se rendre à Londres, et relie peu à peu les points d’un mystère qui était resté jusque-là au-delà de son champ de vision. Le tueur froid, professionnel et presque impassible, sur les traces d’une femme, au centre de toutes les passions, dans un monde de l’ombre en marge du monde réel : la trame pourrait n’être qu’une autre mise à jour des codes du film noir classique, si le réalisateur ne s’efforçait pas constamment de la déconstruire en détournant sa temporalité et en multipliant les flashbacks, versant bien souvent surtout du côté d’une romance étrange, éperdue, tendre et déjà marqué par les drames et les deuils. Un film volontairement lent, flottant, flirtant bien souvent avec l’errance onirique et l’abstraction, mais constamment façonné par une mise en scène extrêmement précise, une utilisation admirable des perspectives et des zones de vide des environnements urbains et des décors naturels et une superbe photographie, douçâtre mais tranchée, signée par le John Alcott d’Orange mécanique et Barry Lindon.
Un film définitivement élégant, pas forcément des plus nerveux et parfois un poil trop froid, mais qui aurait pu connaitre un bon écho à sa sortie en 1977 si le distributeur canadien, ne comprenant rien à l’entreprise, ne s’était octroyé le droit d’en refaçonner totalement le montage. Le film devint alors extrêmement linéaire, basique, débarrassé de nombreuses scènes romantiques et remodelé par une bande sonore presque industrielle et très loin de la mélancolie initiale. La carrière européenne, protégée par David Hemmings sera un peu plus respectueuse avec un montage alternatif (celui présenté ici) bien plus proche des ambitions de Stuart Cooper.
Image
Encore un film rare à ajouter au catalogue MDC Films, ce dernier n’ayant pas été distribué chez nous depuis une antique VHD déjà peu diffusée. Bonne nouvelle à nouveau puisque la copie proposée est d’excellent qualité avec une restauration qui certes n’offre pas un retour complet aux négatifs (ici il s’agirait plutôt d’un interpositif), mais qui délivre tout de même une définition très convaincante. Les cadres sont assez propres et plutôt stables (en dehors d’une scène ou les teintes oscillent étrangement) et la photographie vaporeuse se marie assez bien avec le grain vibrant et organique de la source.
Son
Les pistes sonores restent très proches de leurs monos d’origines avec des prestations DTS HD Master Audio 2.0 centrales et sobres. Les dialogues sont clairs et posés, les musiques gardent une bonne présence et l’ensemble fonctionne très bien, même pour le doublage français, solide, et son équilibrage plus écrasé.
Interactivité
Fourreau cartonné et boitier scanavo sont la norme chez MDC Films, qui reprend l’essentiel du matériel produit ou retrouvé par l’éditeur américain Twillight Time avec la bande originale disponible en piste séparée, un extrait du remontage américain question de bien se rendre compte du carnage et surtout le fameux Director’s Cut du film. Malheureusement les négatifs de celui-ci n’ont toujours pas été retrouvés et il faut donc se satisfaire d’une copie SD assez abimée qui ne rend pas forcément compte du travail photographique. Elle permet cependant de mesurer les différences entre celui-ci et le montage « officiel » présenté dans de bien meilleures conditions, avec des séquences romantiques replacées dans la première partie, des flashbacks pas toujours agencés de la même manière et, entre autres, un final légèrement plus long.
Un excellent document sur lequel revient longuement le réalisateur Stuart Cooper dans un long entretien exclusif qui retrace toutes les coulisses du projet, du premier scénario au tournage en passant bien entendu par la sortie difficile du film et les modifications effectuées par le distributeur américain. Un récit de presque une heure entre anecdotes, infos techniques et réflexions artistiques. Il était d’ailleurs précédé d’une première partie, « Stuart Cooper : Avant La Disparition », qui là revenait sur la jeunesse du monsieur, ses premiers pas dans le monde du cinéma en tant qu’acteur, en particulier dans Les Douze Salopards, et son passage à la réalisation avec Little Malcom et surtout Overlord, mélange de fiction et d’images d’archives militaires, qui eu de très bons retours à l’époque.
Liste des bonus
Film en version Director’s Cut (SD, 1.33, 101’, VOST), Introductions de Stuart Cooper sur les deux versions du film (1’), « Stuart Cooper : Avant La Disparition » (27’), « Stuart Cooper : Mémoires d’une disparition » (58’), Piste musicale isolée sur la version cinéma (DTS-HD Master Audio 2.0), « La Disparition » en VHS Vision (88’, 1.33, VF), Extrait de la version remontée US de « La Disparition » avec une bande originale différente (15’), Galerie photos de tournage (4’), Bandes-annonces.