LA CHUTE DU FAUCON NOIR
Black Hawk Down – États-Unis, Royaume-Uni – 2001
Support : UHD 4K et Bluray
Genre : Guerre
Réalisateur : Ridley Scott
Acteurs : Josh Hartnett, Ewan McGregor, Tom Sizemore, Eric Bana, Orlando Bloom, Sam Shepard, William Fichtner, Tom Hardy
Musique : Hans Zimmer
Durée : 144 mn
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos True Atmos et Dolby TrueHD 7.1 anglais, Dolby Digital 5.1 français, allemand, espagnol…
Sous-titres : Français, anglais, italien, portugais…
Éditeur : Sony
Date de sortie : 05 juillet 2023
LE PITCH
1993, Mogadiscio, Somalie. Une mission de routine se transforme en véritable massacre lorsque les soldats américains sont surpris par les factions rebelles opposées à cette présence étrangère et hostile sur leur territoire.
Les cavaliers de l’apocalypse
Alors en pleine reconquête de son statut de seigneur du cinéma américain après les succès Gladiator et Hannibal, Ridley Scott embraye avec La Chute du faucon noir, film de guerre viscéral qui plonge au cœur d’un assaut héroïque de l’armée américaine. C’est du moins tel qu’il fut perçu trois mois après la chute du World Trade Center.
Si le film sort effectivement en plein cœur d’une Amérique meurtrie entamant nettement son glissement vers un replis sécuritaire et idéologique dévastateur, La Chute du faucon noir ne fut pas forcément pensé comme un grand spectacle de propagande par son metteur en scène Ridley Scott. Certes il y est question d’un héroïsme individuel, de nombreux soldats qui vont affronter la fatalité pour sauver leurs compagnons d’armes et s’extraire eux même d’une situation inéluctable, mais le film est surtout une occasion pour le réalisateur d’Alien de confronter la machine à rêver hollywoodienne – la présence de Jerry Bruckheimer en généreux producteur n’est pas un hasard – à la réalité monstrueuse de la guerre. La vraie. Emboîtant le pas à l’ouverture anthologique d’Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg, Ridley Scott va délaisser au bout d’un premier tier les point de vue ample et aérien, la chronique enjouée d’une base militaire à la camaraderie virile, pour plonger, en même temps que l’hélicoptère abattu, au cœur d’un affrontement au sol, sans pitié, cruel et sanguinaire. Pris pour cible, les sauveurs du monde deviennent les proies d’une chasse à l’homme terrifiante où le défilé de jeunes acteurs prometteurs (Josh Hartnett, Ewan McGregor, Eric Bana, Orlando Bloom mais aussi Tom Hardy) se font abattre sans somation, éborgnés, mutilés, sous un déluge de balles et d’explosions. Rien n’est épargné au spectateur pendant les deux heures qui suivent et qui déroulent un massacre en règle et une succession ininterrompue de missions de sauvetages foirées, de morts plus ou moins spectaculaires, parfois aussi lentes et douloureuses que des tripes se déversant dans le sable, parfois aussi subites qu’un tir de sniper bien placé.
Le plus important ce n’est pas la chute…
Étouffant, éprouvant, le survival militaire est fascinant par l’ampleur de sa réalisation, par la beauté granuleuse de sa photographie, par l’humanité désespérée qui se dégage des regards des acteurs, mais volontairement jamais plaisant à regarder, jamais enthousiasmant. Si le cadre historique (contemporain mais tout de même) est parfaitement posé, tout comme les enjeux politique et stratégiques de la guerre civile qui frappait la somalie, viennent charpenter l’introduction du film, on peut suspecter Ridley Scott de regarder bien au-delà de ce mémorable incident, amenant La Chute du faucon noir vers les limites d’un western à la Rio Bravo, retrouvant même l’étrangeté sauvage du Assaut de John Carpenter par l’illustration anonyme, grouillante et déshumanisée, des milices aux ordres du seigneur de guerre. Certains avaient vu là une énième preuve de patriotisme primaire caractérisant à flot de larmes la personnalité des gentils soldats de la paix et laissant leurs ennemis dans une ombre qui pourrait presque rappeler les hordes islamistes d’un Modern Warfare… C’est vite oublier que le misanthrope Ridley Scott n’est pas dupe et dissémine quelques indices de son regard ironique et cruel sur la situation : lorsqu’un père hébété traverse un champ de guerre portant le corps de son fils tel un fantôme ou lors d’un carton final frappant blanc sur noir la différence colossale de morts enregistrés du coté américain et somalien ce jour là. S’il ne met jamais en doute la conviction de ces gamins, pour certain réellement motivés pour venir en aide aux populations massacrées (on parle là de génocide), La Chute du faucon noir évoque d’un même mouvement l’ambiguïté de l’ingérence militaire récurrente propre aux USA et bien entendu la faculté de l’être humain à s’autodétruire pour des broutilles qu’on appelle le pouvoir, la patriotisme, l’idéologie ou l’honneur. Un film charnière, parfaitement en équilibre entre les tout aussi réussi Duel et Kingdom of Heaven.
Image
Cette restauration 4K de Black Hawk Down place la barre assez haute. Après un premier Bluray bien pointu distribué en 2007 (et glissé dans le boitier), le film se pare d’un master UHD qui en explose systématiquement tous les standards. Le cadre est toujours aussi propre et ferme bien entendu, mais avec son nouveau scan 4K du négatif 35 mm le rendu est d’une profondeur et d’une précision renversantes. Le grain de peau, le grain du sol, le grain du béton, sont rendus avec finesse et naturel, tout autant que la palette colorimétrique, boostée en HDR, dont les teintes chair s’acclimatent à la perfection avec les variations d’ocres, de verts (les séquences nocturnes) et des noirs implacables. La plus grande prouesse étant certainement de retrouver ici le grain de pellicule initial, volontairement trop prononcé, et qui grâce au potentiel 4K donne une fibre organique à l’ensemble sans faire décrocher la compression.
Son
Autre amélioration notable par rapport au Bluray, la nouvelle piste Dolby Atmos pour la vo se présente comme une source d’immersion considérable pour le spectateur. Les ambiances sont admirablement posées, précises et excitantes, mais lorsque l’action se fracasse au sol et s’insinue dans les rues de Mogadiscio, le chaos sonores se fait électrisant, nerveux, tendu avec une dynamique ultra fluide et efficace. Forcément à coté le doublage français en Dolby Digital 5.1 a bien du mal à s’imposer…
Interactivité
Comme le veut la coutume l’UHD ne contient comme seul supplément que l’option, indispensable, de choisir entre les deux montages du film : version salle (2h24) ou version longue (2h31).
Pour les bonus proprement dit, il faut donc se tourner vers le Bluray déjà connu avec les trois commentaires audios bien chargés consacrés au réalisateur et son producteur, les deux scénaristes et un vétéran qui vient appuyer le réalisme de l’entreprise. Le massif documentaire de plus de deux heures répond lui aussi présent en plongeant dans les entrailles du film et un tournage maitrisé de bout en bout.
Proposé une première fois en France en 2021 sous la forme d’un combo UHD / Bluray, La Chute du faucon noir n’avait alors affiché qu’une partie des suppléments connus sur l’ancien DVD collection triple DVD et sur l’édition américaine. Profitant d’une ressortie mais sous le format plus luxueux d’un Steelbook, Sony en profite pour y ajouter le fameux Bluray supplémentaire entièrement dédié aux bonus. A l’arrivée, le programme est colossal tout simplement puisqu’en plus de fournir les scènes coupées bien connues des amateurs, la galette y étale les making of et reportages d’époques, des séquences de Q&A enregistrées durant la promo et deux documentaires historiques, l’un d’History Channel (1h30 !) l’autre de PBS (55’ !), explorant en profondeur les véritables évènements, leurs causes et conséquences humaines, militaires et géopolitiques. Copieux.
Liste des bonus
Version Longue (152’), Commentaire audio de Ridley Scott et Jerry Bruckheimer, Commentaire audio de l’auteur Mark Bowden et de Ken Nolan, Commentaire audio des vétérans des forces spéciales américaines, Making of : « L’essence du combat » (165’), « Sur le tournage » (24’), The History Channel : « L’histoire vraie de La Chute du Faucon Noir » (91’), « Sur le front : Embuscade à Mogadiscio » (55’), Questions & réponses (32’), « Insertion cible bâtiment » : 6 angles avec commentaire de Terry Needham (6’), 8 scènes coupées et alternative avec commentaire audio optionnel de Ridley Scott (20’), Clip « Gortoz a ran – J’attends » par Denez Prigent & Lisa Gerrard (4’), Image et design (28’), Galeries photos, Bandes-annonces.