LA CHOSE DERRIÈRE LA PORTE
France – 2023
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Fabrice Blin
Acteurs : Séverine Ferrer, David Doukhan, Clémence Verniau, Philippe Lemendin…
Musique : Raphaël Gesqua
Image : 1.85 16/9
Son : Dolby True HD 5.1 français
Sous-titres : Anglais, allemand, espagnol, portugais, italien
Durée : 80 minutes
Editeur : Extralucid Films
Date de sortie : 18 septembre 2024
LE PITCH
France, 1918. Adèle, une jeune paysanne vivant seule dans une ferme isolée, est littéralement hantée par la mort de son mari, tué au front au début de la Première Guerre Mondiale. Désespérée et incapable de surmonter la douleur provoquée par cette perte tragique, la jeune femme a finalement recours à la magie noire, dans l’espoir de faire « revenir » son bien-aimé. Le miracle aura bien lieu, mais Adèle va payer très cher l’ouverture de cette véritable boîte de Pandore…
Les germes de la destruction
Après pas mal d’années de galère et une longue post-production (avec rajout de quelques scènes dont l’ouverture pour aboutir à un vrai long métrage), La Chose derrière la porte premier long de Fabrice Blin a enfin pu naitre, apparaitre dans les festivals et même désormais profiter d’une vraie sortie Bluray. Une heureuse nouvelle certainement.
Le cinéma fantastique, voir même le cinéma de genre en général, étant ce qu’il est en France, les projets d’envergures restent bien trop rares sur nos écrans, voir même sur la liste de plus en plus longues de diffuseurs streaming. Pour une poignée d’auteurs qui arrivent encore à faire leur petit trou, comme Sébastien Vanicek avec Vermines, voir même à résister au temps comme le duo Maury / Bustillo (A l’intérieur, Au yeux des vivants, Le Mangeur d’âmes…) d’autres rongent leurs freins comme Fabrice Blin, nom bien connu des festivals de cinéma spécialisé, qui avait déjà pu y découvrir ses courts métrages Lobotoman, Monsieur Méchant ou Mandragore, mais aussi savourer son joli documentaire Super 8 Madness ! sur cet art particulier du cinéma amateur débridé. La débrouille, le besoin de créer coûte que coûte, et d’exister en tant qu’auteur qui ont donc permis de pousser le réalisateur à convaincre des partenaires pour enfin mettre en boite son premier long métrage de fiction : La Chose derrière la porte. Parce que comble de l’aveuglement, celui-ci ne verse pas dans l’horreur popcorn et le ciné fun, mais préfère se tourner vers une plus ancienne tradition d’un fantastique atmosphérique, lent, stylisé évoquant autant le gothique de Poe que les terreurs cosmiques de Lovecraft.
Par l’interstice
Ambitieux, encore et toujours, Blin dépasse aisément les limites techniques de ce qui aurait pu passer pour un tournage semi-pro (pour le verre à moitié plein), s’assurant une très belle photo réussissant à déborder du triste cadre numérique, profitant d’une bande originale symphonique et atmosphérique signée par le toujours efficace Raphaël Gesqua (le jeu vidéo mythique Flashback, les films Livide, The Deep House…) et reposant sur des effets spéciaux franchement impressionnants signés par le Tom Savini français (si, si) David Scherer. Les visions purement graphiques du film, entre morts-vivants déliquescents, plaies ouvertes et délires végétales et organiques, rappelant volontairement les cauchemars fulciens, donnent énormément de corps au métrage et crédibilisent admirablement les quelques inserts en images de synthèse. Malheureusement, La Chose derrière la porte ne convainc qu’à moitié, sans doute à cause de cette histoire extrêmement classique d’une veuve tentant de redonner corps à son époux disparu à la guerre à l’aide d’un grimoire enterré dans les bois. Peut-être aussi par ces quelques dialogues qui manquent de naturel et d’une direction d’acteurs inégale où le retour de la sympathique Séverine Ferrer n’a pas tout à fait l’effet escompté. Mais c’est certainement cette sensation que le film ne fait qu’effleurer son potentiel qui laisse un peu sur sa faim, ne creusant pas assez le lien entre l’histoire et son contexte historique (la première Guerre Mondiale, plus illustrative qu’autre-chose), ou limitant sa mythologie propre faisant le lien entre le désir d’enfanter et un pouvoir maudit venu de la terre. Le film se refusant à verser dans les grands effets ou à muscler son rythme par quelques scènes purement chocs, il ne peut dissimuler totalement ses faiblesses jusqu’à cette fin ouverte certes visuellement réussie et poétique, mais un peu vaine.
Cela ne retire en rien tous ses mérites et l’évidente capacité de Fabrice Blin à diriger un film et à imposer sa vision, et ce malgré un cadre frileux et des moyens limités. Rien que pour ça, on ne peut que se réjouir d’avoir découvert La Chose derrière la Porte.
Image
Produit entièrement en numérique, La Chose derrière la porte trouve parfaitement sa place sur support Bluray. L’image est limpide, toujours nette et fluide, même si forcément ce type d’ambiance et sa photographie en clair-obscur aurait connu un meilleur écrin sur pellicule. Quelques plans laissent justement un peu trop apparaitre cette patine, mais cela n’empêche pas la galette d’assurer niveau définition, piqué, profondeurs et restitution des lumières, sans accrocs du côté de la compression.
Son
Le film s’offre un très joli mixage Dolby True HD 5.1 qui vient appuyer avec pertinence les ambiances sombres et inquiétantes du film, jouant délicatement sur les enceintes arrière et latérales, tout en gardant comme il se doit l’accent sur les quelques dialogues en frontal. La musique de Raphaël Gesqua n’est jamais oubliée avec une emphase bien ciblée.
A noter la présence de sous-titres Anglais, allemand, espagnol, portugais et italien afin de pouvoir faire découvrir le film dans toutes l’Europe.
Interactivité
Présenté sous la forme d’un fin digipack cartonné avec fourreau, La Chose derrière la porte profite d’un très joli objet et d’une édition extrêmement complète comprenant une belle série d’interviews (le réalisateur, les acteurs, le responsable des maquillages et effets spéciaux, et le compositeur) où chacun revient brièvement sur son parcours, mais surtout délivre avec beaucoup de franchise et de naturel son rapport au film, délivre quelques anecdotes sur le tournage, voir discute même méthode de travail. C’est le cas pour l’excellent David Scherer qui décrit avec précision les techniques, et références, utilisées pour les nombreux effets physiques du film ou de Raphaël Gesqua qui étend sa réflexion sur ses autres collaborations avec Fabrice Blin. L’édition comporte aussi un long making of se promenant sur les plateaux, suivant la préparation des acteurs, la direction du jeu, les équipes techniques, mais toujours à distance, sans interventions directes ou interviews. Question d’en savoir encore plus, il est aussi possible de visionner le film en écoutant le commentaire audio du réalisateur, accompagné de son coscénariste et coproducteur Jean-Marc Toussaint parlant beaucoup de système D et de la grande implication d’une équipe motivé.
Le programme se clôt sur trois courts métrages de Fabrice Blin, Monsieur Méchant et son ogre qui attend sous le lit, Mandragore et sa sorcière qui transforme les hommes en plante et Lisa, bref récit de fantôme, où l’on reconnait directement les pistes stylistiques développées dans La Chose derrière la porte.
Liste des bonus
Derrière la chose » avec Fabrice Blin (31’), « Derrière l’émotion » avec Séverine Ferrer (16’), « Derrière l’étrangeté »́ avec David Doukhan (5’), « Derrière la magie » avec David Scherer (18’), « Derrière l’atmosphère » avec Raphaël Gesqua (12’), Courts métrages réalisés par Fabrice Blin : « Monsieur Méchant » (2008, 7’), « Mandragore » (2011, 17’), « Lisa » (2017, 2’), « La Chose derrière l’écran » : making of (44’), Commentaire audio, Bande-annonce.