LA CAGE
France – 1975
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Pierre Granier-Deferre
Acteurs : Lino Ventura, Ingrid Thulin, William Sabatier, Sophie Sam, Jean Turlier
Musique : Philippe Sarde
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 90 minutes
Éditeur : Studiocanal
Date de sortie : 14 juin 2023
LE PITCH
Une femme amoureuse imagine un stratagème diabolique pour retenir prisonnier l’homme qui l’a quittée : elle l’enferme dans une cage aux solides barreaux…
Les yeux dans les yeux
Premier et quasi seul échec commercial de la carrière de Lino Ventura, La Cage est en effet un film atypique dans la filmographie de cet interprète immuable. Une mise en danger qui ne va certes pas au bout de sa démarche mais qui reste bien plus méritante que son oubli général le laisse penser.
Adapté d’une pièce de Jack Jacquine, La Cage fut refusé, repoussé, de nombreuses fois par Lino Ventura avant qu’il ne finisse pas abdiquer. Trop de dialogues avec lesquels il ne se sentait pas à l’aise, une situation remettant clairement en cause une image à l’ancienne de la virilité et une atmosphère qui se tourne plus vers la tragédie de couple que vers le thriller… Cependant, convaincu par Pierre Granier-Deferre, il se constituera même finalement coproducteur du projet. Si effectivement le film sera largement boudé par le public et une bonne part de la critique, cette petite mise en danger de la « star », cette légère bifurcation dans une carrière toute tracée, ne le fait jamais trébucher et autant son jeu, peut-être plus intense que certains véhicules sobrement emballés, que sa confrontation avec l’inattendue Ingrid Thulin (égérie d’Ingmar Bergman) ont forcément quelque chose d’intriguant, de troublant, voir d’ambiguë. Surtout parce que comme dans le futur roman Misery de Stephen King, c’est la femme qui séquestre ici l’objet de son amour. Lui au fond d’une cage et elle qui l’assaille de sa passion, de ses regrets et de ses reproches.
Guet-apens
Le ton presque calme de leurs échanges, la froideur constante de leur face-à-face rejoignent clairement pour Pierre Granier-Deferre des thématiques qu’il avait déjà abordé, avec plus de hargne il est vrai, dans le marquant Le Chat avec Jean Gabin et Simone Signoret. A défaut d’un thriller tendu et cérébral, La Cage est donc surtout l’autopsie d’un couple, aujourd’hui séparé, qui se serra perdu de vue au cours des années, éreinté par le temps qui passe, le quotidien, les nécessités pécuniaires et bien entendu ce constant et lourd silence le plus souvent imposé par le masculin. Belle performance des acteurs donc, en quasi-huis-clos tout au long du métrage, qui se montrent effectivement plus présents et crédibles lorsqu’ils révèlent l’un et l’autre leurs douleurs et manquements réciproques que lorsqu’ils s’efforcent pour l’un de trouver une échappatoire et pour l’autre de le maintenir sous sa coupe. Peut-être que l’artisan « qualité française » Pierre Granier-Deferre (La Horse, La Veuve Couderc, Une étrange affaire, Le Train…) n’était pas totalement l’homme de la situation, réussissant à donner une vraie présence, une vraie épaisseur, à son couple en rupture, mais manquant de tension et de nervosité dès lors qu’il serait possible de s’engouffrer vers des accents beaucoup plus « thriller ». Sa mise en scène capte parfaitement les personnages, mais beaucoup moins le décor resserré, au potentiel pourtant évident. Même petite déception du coté du final, maladroitement ironique et qui tranche un peu trop bêtement avec le reste du métrage.
Effectivement pas forcément le plus grand film de l’énorme palmarès de Lino Ventura, ni de son directeur Pierre Granier-Deferre, mais un essai qui malgré ses défauts évidents, reste des plus intéressants, prolongement décalé du fameux Le Chat et de sa vision terrible de la vie couple.
Image
La restauration de La Cage n’a peut-être pas été poussée aussi loin que d’autres titres de la collection Nos années 70 car n’ayant manifestement pas profité d’un retour à la source et d’un nouveau scan du négatif, mais il affiche tout de même un master d’excellente facture. Les cadres ont été intégralement nettoyés et stabilités, les couleurs harmonisée (avec une nette présence des teintes terreuses) et le piqué se montre assez pointilleux pour faire réapparaitre un léger relief naturel. Certes la définition reste parfois légèrement en retrait, mais le visionnage est plus que confortable.
Son
Sobre mono d’origine redéployé en DTS HD Master Audio 2.0. Les dialogues sont toujours clairs et bien posés et les atmosphères environnantes se montrent le plus souvent très discrètes. Pas de perdition ou de faiblesse notable.
Interactivité
Inclus dans la collection Nos Années 70, La Cage affiche donc le visuel sobre de la collection et s’ouvre bien entendu sur la désormais habituelle et courte présentation du directeur de collection Jérôme Wybon qui rappelle la place particulière du film dans la carrière de Ventura et l’échec en salle de ce dernier rattrapé dans la foulée par le succès d’Adieu Poulet. Le programme se poursuiteavec deux reportage TV d’époque sur le tournage. Un premier très court où l’acteur révèle son refus initial du projet et le défi qu’il représente pour lui en tant qu’acteur et producteur. Le second plus long donne la parole à ses partenaires (Pierre Granier-Deferre, Ingrid Thulin) mais évoque aussi les sirènes américaines avec deux projets qui ne se feront finalement pas avec Ventura : Les Trois jours du Condor de Siney Lumet et Le Convoi de la peur de William Friedkin. Étonnant.
Liste des bonus
Préface de Jérôme Wybon (3’), Reportage sur le tournage Février 1975 (5’), Reportage sur le tournage Avril 1975 (13’).