LA BELLE VERTE
France – 1996
Support : Bluray
Genre : Comédie, Fantastique
Réalisateur : Coline Serreau
Acteurs : Coline Serreau, Vincent Lindon, Marion Cotillard, James Thierrée, Claire Keim, Patrick Timsit, Denis Podalydès, Philippine Leroy-Beaulieu, Francis Perrin
Musique : Coline Serreau
Image : 1.66 16/9
Son : Français Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Aucun
Durée : 94 minutes
Éditeur : Tamasa Diffusion
Date de sortie : 02 mai 2023
LE PITCH
Une extra-terrestre à moitié humaine atterrit à Paris. Elle a pour délicate mission d’user de ses pouvoirs spirituels pour combattre le stress et le surmenage de ses amis terriens…
Pieds nus dans l’herbe
Echec commercial et critique lors de sa première sortie en 1996, La Belle verte, son message écologique chevillé aux corps et sa poésie naïve et utopique en bandoulière, s’est pris l’envie de s’offrir une seconde chance. Et si effectivement le message, alors inentendable pour la plupart, est aujourd’hui plus pertinent que jamais, la forme ne convainc malheureusement toujours pas vraiment.
« Qu’est-il arrivé à Coline Serreau ? » C’est la question que se posèrent de nombreux spectateurs et critiques en 1996 lors de la découverte de La Belle Verte. La réalisatrice couronnée de deux énormes succès populaires presque coup sur coup avec le tendre 3 Hommes et un couffin et le plus tranchant La Crise, s’embarquait tête baissée dans une curieuse fable de science-fiction imaginant l’arrivée sur terre d’une extra-terrestre candide découvrant médusée le misérable monde moderne. Réalisatrice donc, mais aussi scénariste, productrice, compositrice et même actrice principale, Coline Serreau n’est pas loin du trébuchement mégalo, mais se met aussi en avant comme pour assumer complètement un film que certains ont rapidement taxé de pétage de plomb. Pourtant La Belle verte est clairement un film de son auteur et ne fait plus ou moins qu’explorer encore et toujours les mêmes thématiques qui innervent son cinéma depuis des années, que ce soit la critique de la société de consommation, la structure patriarcale ou la prise de distance criminelle avec l’ordre naturel… Ce sont d’ailleurs surtout ces notions écologiques qui firent alors grincer quelques dents, peu faisant grands cas des mises en gardes scientifiques déjà existantes, voyant dans l’opposition entre société libérale et utopie verte, une rêverie gentiment illuminée d’ancienne baba cool.
Green Bashing
Pourtant l’évocation par ses charmantes personnes venues des étoiles de l’effondrement prévisible du système et d’une civilisation absurde n’a aujourd’hui plus rien d’une totale fantaisie, se dotant même d’accents visionnaires et d’une lucidité évidente. Le véritable souci de La Belle verte n’est donc clairement pas le fond (auquel on ne peut qu’adhérer) mais bien son imagerie qui fait contraster l’urbanité grisâtre et tristoune où chacun ment et les familles se déchirent avec les visions niaiseuses d’un monde gentillet vivant dans l’herbe entre deux séances de trapèze (?!?) avec le plus grand sérieux du monde. Un dualisme qui manque de subtilité où même la charge attendue sur les grands travers du monde moderne que ce soit le complexe des petits chefs, les discours politiques faisandés et trompeurs, les valeurs en chute libre et une forme d’agressivité généralisé ne retrouve jamais l’ironie mordante et pertinente du précédent La Crise. Tout repose ici sur la faculté du personnage de Coline Serreau et de ses enfants à « déconnecter » les humains croisés, les libérant de leurs postures inutiles (de chef de service froid et paternaliste Vincent Lindon devient hippie sous Lexomil, tandis que d’autres enserrent les arbres ou se trimbalent pieds nus) ou pour le meilleur libérant leur créativité : le concert de musique classique qui tourne à la performance déstructurée ou le match de foot se transformant sous les hurlements des amateurs en un ballet de dance classique très gay-friendly.
Une succession de scénettes assez prévisibles au demeurant, une écriture sans aucune évolution, quelques acteurs bien connus (toute la troupe des Deschiens, Marillon Cotillard et Claire Kem toute jeunettes) qui suivent difficilement la réalisatrice dans son délire solaire et solitaire, La Belle verte n’est malheureusement jamais vraiment drôle, préférant s’emporter dans quelques flottements censément lyriques qui là encore amoindrissent la portée « politique » de l’objet.
Image
Après avoir fait le tour de quelques festivals et de quelques salles, la nouvelle restauration de La Belle verte arrive en Bluray. Une restauration effectuée à partir d’un scan 4K des négatifs accompagnés d’un nettoyage considérable de l’image, d’une stabilisation solide et d’un réétalonnage exemplaire. Les cadres sont plus colorés que jamais, dotés d’une précision et d’une finesse inédites et comme la définition est compressée avec soin, il n’y a absolument pas matière à se plaindre.
Son
Pas de grosses effusions niveau son, le film reste bien ancré dans son Dolby Digital 2.0 mais avec une qualité d’écoute ferme et limpide. Les dialogues sont clairs et équilibrés et c’est bien là l’essentiel.
Interactivité
Nouvelle édition, cette fois-ci HD, pour Tamasa qui reprend les suppléments déjà croisés au préalable avec une assez longue série de scènes coupées, dont tout un passage au parlement avec Darry Cowl en politique emporté, et des images brutes capturés dans les coulisses du tournage. On redécouvre aussi une interview de Vincent Lindon revenant sur ses collaborations avec Coline Serreau, et en particulier sa direction très intransigeantes des acteurs. L’échange s’ouvre sur une longue et hilarante anecdote autour de leurs premières rencontres et les essais menant au tournage de la crise.
Mais la galette contient aussi une interview totalement inédite de la réalisatrice enregistrée à l’occasion de cette édition. Un « 25 ans après » où elle revient sur l’origine du film, des souvenirs d’un tournage pas toujours aisé et d’une sortie plus que difficile où l’on ressent quelques pointes d’amertume bien compréhensible. Bien entendu Coline Serreau s’étend aussi sur les thèmes du film et leurs résonances actuelles.
Liste des bonus
L’histoire de « La Belle Verte » par Coline Serreau (26’), 9 scènes coupées (22’), Making of (15’), Entretien avec Vincent Lindon (35’), Bande-annonce.