LA BATAILLE D’ANGLETERRE

Battle Of Britain – Royaume Uni – 1969
Support : Bluray & DVD
Genre : Guerre
Réalisateur : Guy Hamilton
Acteurs : Harry Andrews, Michael Caine, Trevor Howard, Curd Jürgens, Ian McShane, Kenneth More, Laurence Olivier, Nigel Patrick, Christopher Plummer, Michael Redgrave, Ralph Richardson, Robert Shaw, Patrick Wymark, Susannah York…
Musique : Ron Goodwin, Sir William Walton
Durée : 133 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : BQHL Editions
Date de sortie : 22 octobre 2024
LE PITCH
Mai-juin 1940. Confrontées au rouleau compresseur des armées allemandes qui déferlent sur la France, les forces britanniques se replient sur l’autre rive de la Manche. Si la Royal Air Force s’y réorganise, elle se trouve affaiblie, en manque d’appareils et de pilotes. Il y a cependant urgence, la Luftwaffe se lançant massivement dans des raids contre le Royaume-Uni, en préalable à son invasion. Loin d’abandonner le ciel à l’ennemi, la Royal Air Force résiste héroïquement, dangereusement dépendante du courage d’une poignée d’hommes, certains aguerris, d’autres beaucoup moins…
La Menace vient du ciel
En parallèle des plus célébrés Jour le plus long ou Il faut sauver le Soldat Ryan, La Bataille d’Angleterre de Guy Hamilton n’est pas le plus connu des films de guerre. Et pourtant, cette production britannique apporte un éclairage intéressant et spectaculaire sur l’un des épisodes marquants de la Seconde Guerre mondiale.
Sortie en 1969, La Bataille d’Angleterre est une superproduction britannique qui ne lésine ni sur les moyens, ni sur ses effets et encore moins sur sa fidélité historique. Le film revisite un épisode précis de la Seconde Guerre mondiale, la préparation et l’attaque par les airs de l’Angleterre par l’armée allemande en 1940. Forte de son élan de conquête en France, l’armée nazie compte bien déferler sur le Royaume Uni. C’est ce qu’illustre très bien le scénario écrit à quatre mains par Wilfred Greatorex et James Kennaway, d’après le livre de Derek Dempster et Derek Wood. L’enthousiasme affiché par les forces militaires allemandes contraste fortement avec le pessimisme et la grisaille côté britannique. Le film s’assure d’amplifier cette rivalité a priori déséquilibrée, en suivant les mésaventures des pilotes anglais, pas assez préparés et rapidement dépassés, pas aidés par des autorités qui évaluent mal la portée de la menace de l’ennemi. La Bataille d’Angleterre est avant tout le récit, certes romancé sur de nombreux points, d’une alliance miraculeuse, d’une entraide internationale avec d’autres nations, d’autres pilotes, confirmés ou non, venant prêter main forte pour enrayer la progression de l’armée nazie. Ce sont tous ces essais, l’apprentissage accéléré de certains novices, que dévoile et illustre assez brillamment le film, jusqu’à la fameuse bataille finale. Et qui dit superproduction, dit casting quatre étoiles. Michael Caine, Sir Laurence Olivier, Robert Shaw, Ian McShane ou encore Christopher Plummer se partagent l’affiche prestigieuse de ce film de guerre.
Au revoir là-haut
A la réalisation, on retrouve Guy Hamilton, connu et reconnu pour sa participation à la saga James Bond, pour rien moins que quatre aventures du célèbre agent secret (Goldfinger, Les Diamants sont éternels, Vivre et laisser mourir, L’Homme au pistolet d’Or). Dire qu’il a marqué de son empreinte la franchise n’est pas exagéré. Faire appel à ce solide technicien pour emballer cette ambitieuse fresque guerrière était une vraie bonne idée. Le cinéaste a du savoir-faire, tant pour les très nombreuses scènes de combat aérien, que pour les moments plus calmes de dialogues. Les cadrages et le sens de la composition des plans, tout comme le découpage du film, relèvent d’un très sérieux travail de réflexion et, en ce sens, La Bataille d’Angleterre fait encore très bonne figure d’un strict point de vue esthétique, plus de 50 ans après sa réalisation. Le film reste en effet très impressionnant dans ses nombreuses scènes aériennes. Mais on ne saurait limiter le film d’Hamilton à ces seuls ballets d’avions, aussi réussis soient-ils techniquement. A cet égard, la séquence qui marque le plus s’avère être celle représentant le Blitz de Londres, incroyable scène nichée en plein cœur du film, qui place le spectateur aux premières loges du bombardement allemand sur la capitale anglaise. Malgré des effets visuels de superposition d’images au rendu aujourd’hui un peu approximatif, la scène possède toujours ce pouvoir de fascination et s’avère tétanisante, plongeant dans une sorte d’abstraction visuelle confinant à la poésie. Sentiment renforcé par ces plans au sol où les survivants s’organisent. Ces scènes à la fois déconnectées des incessants ballets aériens et en même temps points de bascule cruciaux de la narration, sont visuellement sublimes. On pourra reprocher au film un scénario légèrement abscons, avec des enjeux assez clairs dans leur globalité, mais dont la concrétisation à l’écran n’est pas toujours très évidente. Par ailleurs, la volonté de multiplier les affrontements aériens, s’ils tiennent toujours le coup visuellement aujourd’hui, finit par jouer contre le film, les scènes en question finissent clairement par se répéter, se ressembler et lasser. Par ailleurs, les nombreux personnages qui se croisent peinent à exister tant leur caractérisation s’avère sommaire. Peut-être une volonté de la production de ne pas privilégier une star à une autre, mais l’implication du spectateur en souffre d’autant.
Pour autant, La Bataille d’Angleterre demeure un incroyable spectacle foisonnant, techniquement impressionnant et au plus juste historiquement, qui lève le voile sur un épisode majeur de la Seconde Guerre mondiale.
Image
Dans le genre grand film de guerre ambitieux, foisonnant de détails et de couleurs, La Bataille d’Angleterre s’impose comme un beau représentant. La restauration en 2K proposée sur cette édition livre une image très belle et détaillée, dépourvue de défauts, au piqué remarquable, avec un grain de pellicule très appréciable. Côté couleurs, c’est du tout bon, avec une palette de teintes vives qui illuminent les quatre coins de l’écran.
Son
BQHL propose deux excellentes versions anglaise et française en DTS-HD Master Audio 5.1. L’ambiance sonore est dynamique et détaillée, mais trouve sa quintessence lors des nombreuses scènes de combats aériens, dont les effets ont été particulièrement mis en avant, permettant une immersion maximale dans les cockpits des avions. Ça s’est du spectacle ! Les dialogues sont également d’une clarté sans faute.
Interactivité
Sur le Bluray du film, on retrouve le commentaire audio par Guy Hamilton, Bernard Williams, Paul Annett et Garth Thomas, ainsi qu’un entretien inédit d’une trentaine de minutes avec Jean-François Giré, auteur et réalisateur, qui recontextualise le film, évoque le réalisateur Guy Hamilton et les choix de production. Sur un second disque, l’éditeur propose une ribambelle de bonus. On y croise l’entretien avec Jean-François Giré, mais également un documentaire d’époque présenté par Michael Caine himself, sur les rapports entre le film et les faits historiques qui y sont montrés, s’appuyant sur des images d’archives, recensant différents éléments de la conception du film, comme la réutilisation des avions. Est également présent, un autre segment plus axé sur les scènes de combats aériens. Enfin, l’aspect mémoriel de l’œuvre n’est pas oublié avec un module présentant plus en détail les personnalités historiques sur lesquels se base le film. Enfin, l’interactivité propose le témoignage d’un ancien pilote, Basil Gerald Stapelton, chef d’escadrille de la Royal Air Force. Une section de bonus qui a le mérite d’être riche et variée.
Liste des bonus
Présentation du film par l’auteur et réalisateur Jean-François Giré (30′) ; Commentaire audio du réalisateur Guy Hamilton, de Bernard Williams, Paul Annett et Garth Thomas ; Une reconstitution fidèle (22’) ; Retour sur la réalité historique, un documentaire présenté par Michael Caine (50’) ; Hommage à ces hommes auxquels nous devons tant (20’) ; Souvenir d’un chef d’escadrille de la Royal Air Force (9’).