LA BALANCE
France – 1982
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Bob Swaim
Acteurs : Nathalie Baye, Philippe Léotard, Richard Berry, Christophe Malavoy, Maurice Ronet, Florent Pagny, Tchéky Karyo…
Musique : Roland Bocquet
Durée : 102 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 15 février 2022
LE PITCH
Mathias Palouzi, flic responsable des brigades territoriales, s’est mis en tête d’arrêter le roi de la pègre de Belleville : Roger Massina. Pour atteindre son but, un indic lui est indispensable. Quand celui qui l’informait est retrouvé assassiné, Palouzi n’a plus qu’à chercher une autre « balance ». Dédé Laffont, petit proxénète, apparaît comme le remplaçant idéal : il a un contentieux avec Massina et désire se venger.
La loi de la rue
Film évènement du cinéma français populaire de l’année 1982, La Balance a cumulé un carton plein au box-office hexagonal et pas moins de sept nominations aux Césars dont trois obtenues : Meilleure actrice pour Nathalie Baye, Meilleur acteur pour Philippe Léotard et Meilleur film ! Un néo-polar qui a définitivement transformé le visage du polar à papa.
Réalisateur d’origine américaine mais parfaitement ancré dans la culture française, Bob Swaim avait d’ailleurs signé comme premier film un essai des plus traditionnels, La Nuit de Saint-Germain-des-Près, aventure à l’écran d’un Nestor Burma incarné par Michel Galabru, qui ne rameuta pas les foules. C’est sa rencontre avec de vrais policiers et une année entière passée aux cotés de la Brigade Territoriale qui vont totalement transformer sa vision du genre et lui donner l’impulsion pour s’écarter définitivement de toute forme de manichéisme, d’abandonner képis et costumes repassés, ruelles éclairées comme dans un Melville, enquêtes à la Maigret, pour plonger comme jamais alors dans le quotidien d’une escouade urbaine, aux plus près de la rue. Tellement impliqué d’ailleurs dans la vie du quartier cosmopolite de Belleville, qu’elle flirte constamment avec la truanderie, la violence, utilisant des méthodes particulièrement discutables, quitte à mettre volontairement en danger leurs indics, sacrifiés pour dégotter quelques nouvelles affaires. Dans le décor crasseux d’un quartier populaire, Bob Swaim apporte une efficacité héritée des thrillers US des années 70, s’emportant toujours aux lisières de la sécheresse du documentaire, musclant quelques poursuites dans les rues parisiennes, quelques interpellations brutales ou un gundfight en plein carrefour bondé avec une parfaite nervosité.
Le drame de l’indic
Ce n’est pas un esthète ou un inventeur de l’image, mais un artisan appliqué et solide qui dynamite l’immobilisme éprouvé de l’école française, sans jamais perdre de vue ce qui en fait aussi la force : la langue et l’émotion. Coécrit avec le policier Mathieu Fabiani, le scénario, au-delà de sa trame proprement dite, trempe dans son jus, capture parfaitement le phrasé de ses personnages et dessine en quelques échanges de personnages parfaitement trempés, principaux ou périphériques. Un terreau idéal pour une troupe de jeunes acteurs encore inconnus dont le mignonnet Florent Pagny et le déjà inquiétant Tchéky Karyo, ou en début d’ascension comme Richard Berry (découvert dans Le Grand Pardon), Nathalie Baye (découverte dans La Nuit américaine), le magnifique Philippe Léotard et même Christophe Malavoy, qui insufflent aux scènes une grande justesse et une intensité indéniable. La Balance est un film policier à spectacle, reposant sur le rythme et l’action, mais il ne perd jamais de vue ses personnages, qui restent au centre du dispositif et en particulier l’opposition passionnante qui s’installe entre le couple sensible pute / macro malgré lui et le flic prêt à tout, froid et manipulateur, qui deviendrait presque aussi destructeur que ceux qu’il rêve d’incarcérer.
A la fois ultraréaliste et ultra-typé année 80 (la musique l’incarne dans son époque), La Balance est certes aujourd’hui un peu moins frappant, car largement copié ou en tout cas suivi par toute une ribambelle de polars du même acabit, mais n’en reste pas moins solide et impeccablement troussé.
Image
Preuve une nouvelle fois que Le Chat qui fume est absolument indispensable dans le paysage éditorial, le nouveau master HD de La Balance est un total retour aux sources avec un Scan 4K du négatif original et une restauration ultra pointilleuse produite en interne. L’occasion de nettoyer de fond en comble le moindre photogramme, de stabiliser définitivement les bords et surtout de réétalonner des couleurs à nouveau vives et puissantes, entourées de noirs ultra profonds. Superbe en bluray, splendide sur support UHD, le film y trouve même une matière beaucoup plus marquée, plus vibrante, et un grain argentique impressionnant. Imparable.
Son
Proposé dans un DTS HD Master Audio 2.0 le mono d’origine ne manque pas d’intensité. Bien entendu la source a là aussi été rafraîchie et équilibrée, ce qui lui permet d’assurer une clarté constante et un bel équilibre entre le rendu « sur le vif » et une bande sonore certes marquée par son époque, mais particulièrement entraînante.
Interactivité
Y en a d’autres qui pourraient en prendre de la graine… Proposé dans un nouveau Digipack avec fourreau cartonné simple mais élégant, l’édition de La Balance montre une fois encore l’implication totale de l’éditeur dans ses projets. On retrouve ici bien entendu sur le bluray les deux courts métrages de Bob Swaim, Vive les Jaques et surtout L’Autoportrait d’un pornographe (ou la difficulté à se moderniser quand on est photographe érotique), déjà visibles sur le vieux DVD de TF1 vidéo, mais aussi du côté des archives quelques minutes volées sur le tournage en compagne de Pierre Tchernia et des images des coulisses du Journal de M. Bonnafous, se déroulant déjà dans les rues parisiennes.
Ensuite le Bluray et l’UHD se partagent des bonus confectionnés pour cette édition. A commencer par la très longue entrevue avec le réalisateur qui revient avec plaisir sur toute la confection du film, de l’échec du précédent La Nuit de Saint-Germain-des-Prés, de la nécessité de moderniser le polar, la découverte du jeune casting, le tournage, l’importance radicale du montage et bien entendu la réception du film et les César. Très informatif, sincère et direct, la rencontre est parfaitement complétée par l’interview de Richard Berry, qui dû jongler avec son envie de tourner aussi dans Une Chambre en ville de Jacques Demy et qui lui aussi tenta l’immersion aux cotés de vrais forces de polices pour s’imprégner de l’ambiance du projet. Sa collaboration avec Swaim mais aussi avec ses collègues acteurs, l’originalité de traitement du film, sa déception de ne pas être nommé aux César sont aussi évoqués avec autant de franchise. L’ensemble s’achève par une discussion avec le journaliste Fathi Beddiar autour du remake longtemps réfléchis aux USA et de sa propre participation à une nouvelle version française, dans les rues de Marseille, auquel fut attaché un temps Florent Emilio Siri.
Liste des bonus
« Le tournage du film La Balance » : images d’archives (4’), « La Balance » avec Bob Swaim (66’), « Inspecteur Palouzi » avec Richard Berry (24’), « Le remake de La Balance » par Fathi Beddiar (28’), « Vive les Jacques » (1973, 16’), « L’autoportrait d’un pornographe » (1971, 13’), Making of du court métrage « Le journal de M. Bonnafous » de Bob Swaim (1970, 11’), Bande-annonce.