LA 7EME MALÉDICTION
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The Seventh Curse / 原振俠與衛斯理 – Hong-Kong – 1986
Support : Bluray
Genre : Fantastique, Action
Réalisateur : Ngai Choi Lam
Acteurs : Chow Yun-Fat, Maggie Cheung, Chin Siu-hou, Sibelle Hu, Dick Wei, Yuen Chor…
Musique : Shing Chin-Yung
Image : 1.85 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 84 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 10 décembre 2024
LE PITCH
Pour avoir voulu sauver Betsy, une jeune tribale, d’un sacrifice rituel en Thaïlande, un an auparavant, le Dr Yuen Chen est victime d’une malédiction du sang lancée par Aquala, un puissant sorcier. Condamné à une mort certaine, Yuan n’a d’autre choix que de quitter Hong Kong pour se rendre dans le repaire du sorcier maléfique, afin de mettre un terme à la malédiction. Dans cette aventure où l’attendent de multiples dangers, le médecin sera aidé par une journaliste intrépide, Tsui-Hung, et son ami Wei Wisely, expert en magie noire.
La secte de Simon Nam
Si le réalisateur HK Ngai Choi Lam, ou Simon Lam, n’a pas toujours eu bonne presse, un véritable culte s’est tissé peu à peu autour de son œuvre et de sa vision particulièrement déjantée du cinéma d’action. Une petite dizaine de films au compteur, mais quelques classiques de la fameuse catégorie III comme l’infamous Story of Ricky ou ce plus joyeux, mais néanmoins complètement tordu, La 7eme malédiction.
Comme son camarade de longue date de l’opportuniste Wong Jing (God of Gamblers, City Hunter avec Jackie Chan, Naked Killer…), qui officie justement ici comme producteur et scénariste, Ngai Choi Lam n’hésite jamais à aller piocher ses idées à droite à gauche, dans les modes du moment, quelques classiques littéraires locaux (en l’occurrence la série des romans de Ni Kuang pour celui-ci) ou du coté de la BD et des mangas. On mélange le tout, on rajoute des combats et des gunfights à tout va, des délires gores, un peu de nudité gratuite et de l’humour raz les pâquerettes et on tente de donner une vague forme cohérente à l’ensemble. Ngai Choi Lam ne s’encombre d’ailleurs généralement pas de logique scénaristique, débutant par une prise d’otage qui se règle à la dynamite avant de s’embarquer dans un gigantesque flashback évoqué autour d’un cognac, nous trimbalant dans une Thaïlande digne d’un film mondo. Le spectateur y découvre une vague histoire de malédiction, une terrible secte de combattant martiaux adorateurs d’un démon cannibale, énorme prétexte bien évidement pour mélanger joyeusement le second Indiana Jones avec le film d’exploitation rital (et un peu de Evil Dead aussi) et pour s’adonner aux exactions que cultivent fièrement les Catégorie III : un mélange des genre improbable et survolté qui échappe à la notion du bon goût.
Dr Yuen et le temple maudit
Tout le film semble reposer ainsi sur les flashs créatifs du réalisateur qui passe du coq-à-l’âne mais toujours avec une énergie revigorante et une imagination débordante. Les scènes chocs s’enchainent comme des perles entre un vilain gourou qui écrase des enfants dans une presse pour obtenir des litres de sang, un combat kung-fu sidérant contre une momie qui suce la moelle de ses victimes, l’ascension d’une statue géante de bouddha dont les yeux finiront par libérer des litres de sang et la tête rejouera l’ouverture mythique du premier Indiana Jones, un pauvre scientifique qui pourrit de l’intérieur dévoré par des asticots et même un ersatz d’Alien aux airs de spermatozoïde poupon. Des tableaux totalement branques sauvés certainement de l’effondrement nanar par les talents du japonais Keizô Muraze, maitre du tokusatsu et que l’on a déjà pu voir à l’œuvre sur Matango, King Kong contre Godzilla ou les premières séries de Kamen Raider. Et du coté des grands noms affiliés au film, il y a bien entendu la star Chow-Yun Fat, qui venait tout juste de définitivement exploser avec le phénomène Le Syndicat du crime et qui manifestement rendait ici service au poto Wong Jing. Un ou deux jours de tournage pour un personnage secondaire venant donner quelques conseils ou coup de main dès que le vrai héros, joué par Chin Siu-Ho (Mr Vampire), est en difficulté… voire sortir de sa poche un bazooka à main pour faire exploser le boss final ! Bien plus présente, dans le rôle d’une journaliste envahissante et gaffeuse, la jeune Maggie Cheung était encore débutante, révélée dans le premier Police Story, et rejoint plus ou moins les autres figures féminines du métrage, au rayon atout charme.
Un film fait de bric et de broc, qui part dans tous les sens, mais qui a effectivement le sens du rythme, du divertissement qui décoiffe, de l’action nerveuse, confectionnée avec amour par un artisan qui n’est certainement pas dénué de sens artistique (la photo à la Bava est souvent superbe) et qui compile à lui seul tout ce que le cinéma HK a pu nous offrir de plus exaltant et de plus déviant.
Image
Reprenant très certainement le même master restauré que la récente sortie des camarades de 88 Films, l’édition du Chat qui fume assure une copie d’excellente qualité, résultat de nouveaux scans 2K des négatifs, et d’une restauration appuyée. Forcément certains défauts des pelloches HK restent bien présents avec quelques plans pas bien nets, des scènes nocturnes au grain floconneux et des bords grisonnants, mais il faut reconnaitre que les cadres sont bien propres et la définition plutôt solide. Surtout, la colorimétrie, autrefois fanée, permet enfin d’apprécier les atmosphères pulps et les délires colorés, tandis que le piqué, rigoureux, ne laissent plus échapper aucun détail de l’anatomie d’une jolie naïade ou des multiples démons du film.
Son
La seule piste sonore présente, cantonnais en DTS HD Master Audio 2.0 redonne forcément un peu de présence au mono d’antan, avec une clarté plus assurée, mais il ne peut cependant gommer tous les défauts de captations ou de mixage avec des rendu parfois très écrasés ou des voix qui s’échappent vers les aigus à la limite de la saturation. Rien de très étonnant pour un film HK de 86.
Interactivité
La 7eme malédiction est proposé sous la forme d’un boitier scanavo avec un fourreau cartonné profitant à nouveau d’une excellente illustration signée Tony Stella. Dans le boitier on découvre aussi un livret rédigé par Paul Gaussem (le podcast Raging Fire Club). Une véritable déclaration d’amour au cinéma de Ngai Choi Lam, revenant sur ses débuts au sein de la Shaw Brothers, racontant ses premiers pas de réalisateur aux cotés de Danny Lee, l’importance de Wong Jing et l’explosion d’un style WTF ? qui fera sa célébrité. Solidement écrit et très intéressant, l’objet trouve un écho direct dans la présentation du film effectuée en vidéo par Julien Sévéon qui reprend ici plus ou moins le même cheminement et vient appuyer à sa façon ce besoin de réhabiliter un cinéaste souvent réduit à la figure d’un simple bisseux bordélique. A noter une petite erreur de montage dans le sujet avec quelques minutes ou le son de l’extrait du film présenté supplante la voix du journaliste.
L’édition se clos sur une interview inédite de l’acteur Chin Siu-Ho qui évoque autant le film en question et ses souvenirs d’un tournage « à la débrouille » que sa passion jeunes pour les arts martiaux et sa découverte de la magie du cinéma. Sympathique.
Liste des bonus
Livret, « Lam Nai Choi, le grand artisan de Hong Kong » par Julien Sévéon (25’), Interview de Chin Siu-Ho (21’), Bande-annonce.