L’AUBE ROUGE
Red Dawn – États-Unis – 1984
Support : Bluray & DVD
Genre : Guerre
Réalisateur : John Milius
Acteurs : Patrick Swayse, Lea Thompson, Charlie Sheen, Jennifer Grey, Harry Dean Stanton
Musique : Basil Poledouris
Durée : 114 min
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : ESC Distribution
Date de sortie : 19 avril 2023
LE PITCH
Par une matinée tranquille, les élèves d’un lycée voient, à travers les fenêtres de leur classe, des parachutistes armés jusqu’aux dents atterrir sur leur terrain de football. L’invasion des Etats-Unis vient de commencer ! Huit adolescents parviennent à s’échapper dans les montagnes et vont mener une véritable guérilla urbaine pour défendre leurs parents, leurs amis et leur pays.
« Wolverines ! »
Film culte aux USA pour une jeunesse traumatisée par l’omniprésence de La Guerre froide et la menace nucléaire, L’Aube Rouge a toujours été rangé parmi les nombreuses bobines de propagandes anti-coco qui pullulait à l’ère Reagan. Mais 40 ans après, si le film est toujours aussi fort, c’est justement parce qu’il ne se résume pas à un essai réactionnaire.
Précieusement inscris dans son époque, le scénario de L’Aube rouge, écrit par un tout jeune Kevin Reynolds (futur réalisateur de Robin des bois et Waterworld) se base sur les scénarios catastrophes développées par l’armée américaine pour se préparer à une potentielle invasion des pays communistes. L’Amérique seule face aux rouge, un thème largement déjà exploités dans Rambo II, Firefox ou Invasion USA (et beaucoup d’autres moins regardables) mais qui ici marque immédiatement par son rapprochement avec l’anticipation (voir les textes préambules terriblement crédibles) et surtout la confrontation directe de la chère jeunesse ricaine avec une réalité pourtant lointaine. L’ouverture marque le pas avec une armée de parachutistes qui atterrissent au milieu du stade de foot en plein court sur les manœuvres militaires Mongols, confrontant immédiatement la théorie ennuyeuse (les ados baillent le plus naturellement du monde en pleine classe) et une réalité tétanisante qui débouche sur un massacre dans toute la ville frontalière de Calumet. La civilisation du colosse imprenable vacille et menace de s’effondrer. A la jeunesse dorée de la new wave, des yuppies, du consumérisme galopant et de l’adolescence éternelle de prendre les armes pour leur propre sécurité tout d’abord, puis pour se lancer dans une mission de guérilla qui va peser sur l’issue finale. Quand une bande de gamin dépareillée met à mal une armée entière de militaires chevronnés russes et cubains, on croit rêver.
Young Americans
Pourtant si le postulat est effectivement une charge patriotique digne des saillies en interview du réalisateur John Milius, toujours prompt à en rajouter outrancièrement sur sa fascination militaire et nationaliste, L’Aube rouge est surtout une nouvelle fois une œuvre sur la survie, sur la nécessité du retour à un certain état primaire de l’être humain. Scénariste des magistraux Apocalypse Now et Jeremiah Johnson (dont certains plans sont ici presque identiques), et réalisateur notamment d’un éblouissant Conan le Barbare sorti deux ans plus tôt, L’Aube rouge est clairement une prolongation des élans libertaires de son cinéaste, plongeant moins ses jeunes héros dans un drame géopolitique terminal, que dans un survival puissant les obligeant à redécouvrir la vie au cœur de la nature (première partie), puis à se redécouvrir en donnant corps à leur courage et à leur volonté de vivre (second partie), et ce jusqu’au sacrifice ultime. Habillé des atours d’un actionner clinquant de l’époque, L’aube rouge ne cesse de se redessiner, s’écartant efficacement de l’aspect BD d’un Rambo II, pour cultiver une réalisation plus sèche, ample et s’étirer vers une universalité touchante, et donc à adoucir progressivement le manichéisme premier en montrant la lente chute de l’un des jeunes héros, happé par la mort et la vengeance, alors que certains gradés ennemis laissent apercevoir une sympathie certaine pour cette résistance juvénile. Impossible d’ailleurs de résister au charisme évident d’un casting de jeunes stars, certes encore parfois excessifs lors des séquences émotions, mais brillants reflets d’un renouveau hollywoodien qui prend les visages de Patrick Swayze (Point Break, Dirty Dancing), Lea Thompson (la trilogie Retour vers le futur), Charlie Sheen (Wall Street, Young Guns), Jennifer Grey (La Folle journée de Ferris Bueller, Dirty Dancing… et oui, déjà), ainsi que des oubliés C. Thomas Howell et Darren Dalton pourtant tout juste sortis du succès de Outsiders avec Swayze justement. Un réel atout pour un métrage de toute façon bien plus recommandable que sa réputation sulfureuse ne le laisse penser, film éminemment personnel pour John Milius, mais qu’il déguise efficacement sous les apparences d’un film de guerre tendu et musclé, spectaculaire autant que minimaliste, qui, comme l’horrible remake l’atteste, se bonifie clairement avec l’âge.
Image
Alors qu’une édition UHD 4K vient de débouler aux USA, le nouveau Bluray d’ESC Distribution ne fait que reprendre la même source que le master HD déjà vu chez FPE il y a dix ans. A l’époque plutôt convenable malgré l’absence de scan de pellicules, quelques retouches numériques trop visibles et un grain assez fluctuant, ce dernier déçoit forcément un peu aujourd’hui. On note bien qu’un effort à été fourni pour rester cette fois-ci plus proche des intentions d’origines avec une image plus granuleuse, plus brute, mais reste que l’ensemble commence à fatiguer un peu et que les paysages grandioses déployés manquent d’intensité et de relief. Ça fait encore le job, mais le film mérite mieux.
Son
Bonne surprise par contre du coté des pistes sonores où certes on trouve toujours la version originale en DTS HD Master Audio 5.1 plus moderne, mais pas toujours pertinent et surtout légèrement artificiel, mais l’éditeur propose aussi enfin la piste d’origine en DTS HD Master Audio 2.0. Plus sobre, plus frontale, plus directe et surtout bien mieux équilibrée. La version doublée française répond aussi présente dans un mixage équivalent, mis un peu plus écrasé, assez propre et idéal pour les nostalgiques.
Interactivité
Nouvelle édition Bluray pour L’Aube Rouge en France avec cette fois-ci un ESC Distribution qui reprend tous les suppléments historique du disque de la Fox mais qui a la bonne idée de leur apposer des sous-titrages français pour l’occasion ! Des suppléments en SD et qui datent un peu (Patrick Swayze était encore vivant), mais qui permettent de découvrir l’importance des props militaires, l’impact du tournage sur la petite vile de Las Vegas au Nevada ou les souvenirs amusés de l’équipe sur les longues séances d’entrainement militaire. Des featurettes sympathique, agrémentés de la présence ironique de Milius, qui complètent parfaitement le making of assez complet donnant la parole au réalisateur, à Swayze, Charlie Sheen, Lea Thompson ou les producteurs. Entre petites blagues et anecdotes croustillantes, le statut polémique se révèle présent dès le tournage, même si Milius insiste discrètement sur une identité moins politique ou idéologique que philosophique (si, si).
A cela s’ajoute désormais la présentation inédite de Cédric Delelée, célèbre plume de Mad Movies et grand passionné de l’œuvre de Milius. L’occasion de réhabiliter « idéologiquement » un peu le film, de le replacer au sein de la filmographie de son metteur en scène, de revenir sur les jeunes troupes et bien entendu d’en vanter l’incroyable efficacité.
Liste des bonus
L’aube rouge se lève (23’), Créer la menace rouge (10’), Entraînement à la 3ème Guerre Mondiale (10’), La Troisième Guerre mondiale s’empare des villes (13’), Bandes-annonces.