L’ARNAQUE
The Sting – Etats-Unis – 1973
Support : UHD 4K & DVD
Genre : Comédie
Réalisateur : George Roy Hill
Acteurs : Paul Newman, Robert Redford, Robert Shaw, Charles Durning…
Musique : Marvin Hamlisch, Scott Joplin
Durée : 129 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 anglais, DTS 2.0 Mono français, italien, allemand…
Sous-titres : Français, allemand, espagnol…
Éditeur : Universal Pictures Home Entertainement
Date de sortie : 19 mai 2021
LE PITCH
A Chicago, dans les années 30, deux escrocs sont prêts à tout pour venger la mort d’un de leurs amis. Ils décident alors de monter une vaste escroquerie en tenant tête à un gangster new-yorkais, auteur du crime.
Play the Game
Évènement cinématographique de la douce année 1973, c’est presque le film qui opère une passation de pouvoir entre le Grand Hollywood et le Nouvel Hollywood prêt à changé le visage de l’entertainment. 7 Oscar dont celui de Meilleur Film, L’Arnaque vibre toujours de la même magie, la même mécanique parfaitement huilé, portées par les indémodables playboys Paul Newman & Robert Redford.
Au début des années 70, le cinéma américain est en pleine révolution, les anciens cadres rigoureux étant déboités avec force par quelques jeunots comme Spielberg, Coppola, Scorsese ou De Palma. Le nouvel Hollywood qui célèbre dès sa sorties la réussite élégante de L’Arnaque pourtant signé par un George Roy Hill doué, mais dont la mise en scène appliquée, au service des acteurs n’est pas forcément des plus novatrice à la base. Inspiré par les comics strip, le réalisateur du futur La Kermesse des aigles fait pourtant preuve d’une véritable réflexion dans le dispositif théâtrale. Si chaque séquence, chaque chapitre est dirigé comme un acte scénique, il le dynamise cependant en jouant avec quelques effets visuels très marqués (fausses pages qui se tournent, quelques zooms bien placés, panoramiques superbes) qui le rapprochent immédiatement de la nouvelle génération. Certes L’Arnaque est un film en costume qui se déroule dans les années 30, mais il porte délicieusement la marque des 70’s dans son déhanché décontracté, sa réutilisation constante des codes dît classiques (film noir, slapstick, ragtime) et la modernité incroyable de son scénario.
The Entertainer
Le débutant David S. Ward (Nuit blanche à Seattle, Les Indians… comme quoi) imagine pour la première fois un film tournant presque uniquement autour d’une entourloupe, d’une arnaque énormîssime. Pour la première fois (et bien avant un Ocean’s Eleven qui lui doit beaucoup) les articulations du script, les enjeux des dialogues sont uniquement construits sur la mise en place de ce plan rigoureux, aussi habile que malin, transformant tous les personnages en agents double, voir triples, dissimulant toujours et à peu près tout mais avec un sourire enjôleur. Presque une leçon de maitre tant les niveaux et les étapes de l’arnaque paraissent constamment incroyables, voués à l’échec, et pourtant s’achèvent sur une succession de twist imparables, voir époustouflants. Et si le tout fonctionne aussi bien et diffuse une désinvolture réjouissante, c’est aussi sans doute grâce au duo inégalable Paul Newman / Robert Redford (les quatre plus beaux yeux bleus du cinéma américain ?), bien plus ludique que dans Butch Cassidy et le Kid (du même réalisateur), deux joueurs personnifiant le rapport maitre / élève mais toujours avec une ironie et un décalage charmeur. Troisième larron (de la foire pourrait-on dire), l’incroyable Robert Shaw (inoubliable Quint dans Les Dents de la mer) dépeint un truand patibulaire inquiétant, mais étrangement comique, avec un sérieux qui impose le respect.
Admirablement joué, d’une écriture maitrisée, doté d’une réalisation bien pensée, L’Arnaque n’a jamais volé, pour le coup, son statut de grand classique.
Image
Après de nombreux DVD crados et un Bluray méritant mais imparfait, voici donc avec l’UHD une nouvelle occasion de se refaire pour L’Arnaque. On sent effectivement ici encore une nette amélioration du matériau, certainement permise par les capacités du nouveau support. Un gain frappant au niveau des couleurs, plus chaudes, variés et fermes, des noirs puissants et au niveau de la définition générale présentant des détails mieux dessinés. Du côté du grain, les fourmillements ont la plupart du temps laissé la place à un grain de pellicule beaucoup plus agréable. Mais la source initiale semblant être la même, on retrouve le même souci que sur le Bluray soit un traitement numérique un peu trop lourds sur des plans composites ou de transition, devenu étrangement flous, voir mousseux. Dommage.
Son
Retravaillé en DTS HD Master Audio 5.1, bien loin en l’occurrence du mono d’origine, L’Arnaque y trouve pourtant un allier de taille. Sans jamais en faire trop, ni être trop discret, le mixage permet déjà d’apprécier pleinement la restauration complète de la bande sonore, dénué de souffle et cristalline à souhait, mais aussi de faire naitre une sensation d’enveloppement inédite. Avec doigté, la piste retranscrit le fourmillement de bruit d’une salle de paris hippiques, fait tourner avec gaité un manège pour enfants ou relance au loin des véhicules qui passent dans la rue. Moderne mais toujours très proche du métrage ce 5.1 est un régal qui fait apparaitre le mono français, triste et fatigué (malgré l’excellent doublage d’époque) anachronique.
Interactivité
Une fois n’est pas coutume, le disque UHD reprend l’intégralité des suppléments du précédent Bluray. On y note donc le retour attendu du documentaire « L’Art de l’arnaque » qui avait déjà fait les belles heures d’une précédente édition collector DVD. Découpé en trois segments plus ou moins consacrés au scénario, aux acteurs puis au réalisateur, ce making of « à la Laurent Bouzereau » est un moment des plus agréable laissant s’exprimer pleinement les indispensable intervenants (Redford, Newman, le scénariste…) à grand renforts de petites anecdotes amusantes, de célébrations du talent des autres avec ce petit côté anciens combattants toujours attachant. Mais si le tout se regarde sans déplaisir, forcé de réaliser que le tournage s’est fait sans heurts, que tout le monde s’y est bien entendu et que le film ressemble exactement à ce qu’il devait. Du coup, on n’y apprend pas forcément grand-chose et le film reste largement plus intéressant que sa fabrication.
Faisant parti à l’époque du Bluray aux USA d’une collection réservée aux classiques d’Universal pour célébrer le centenaire du studio, le blu-ray se pare en plus de trois featurettes revenant tour à tour sur le travail de restauration du catalogue (ou comment voir en direct une catastrophe annoncée pour certains titres), la production des années 70 et enfin une mini-visite des studios.
Liste des bonus
« L’art de l’arnaque » (50’), « 100 ans d’Universal : Restaurer les classiques » (10’), « 100 ans d’Universal : Les années 70 » (10’), « 100 ans d’Universal : Le studio » (10’), Bande-annonce.