L’AMBASSADEUR
The Ambassador – Etats-Unis – 1984
Support : Bluray & DVD
Genre : Thriller
Réalisateur : J. Lee Thompson
Acteurs : Robert Mitchum, Ellen Burstyn, Rock Hudson, Fabio Testi, Donald Pleasence…
Musique : Dov Seltzer
Durée : 97 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 16 novembre 2021
LE PITCH
Années 80. Avec l’aide de son conseiller, un ambassadeur américain en Israël tente d’instaurer la paix en Palestine au moyen de méthodes non conventionnelles alors que sa femme entame une liaison avec un responsable de l’OLP. Ses efforts sont contrariés à chaque étape. Tentative d’assassinat, chantages se multiplient. Les intérêts en cause deviennent des enjeux majeurs.
Give Peace a Fucking Chance
Pour la Cannon, Robert Mitchum et Rock Hudson débarquent en Israël pour régler une fois pour toute ce bordel avec les Palestiniens. En sortant l’artillerie lourde ? Même pas. En privilégiant le dialogue, l’échange et la diplomatie ! Comme quoi.
Si on réduit le plus souvent la Cannon à sa sélection joyeuse de gros bras casseurs de délinquants et de sales terroristes salissant le modèle américain, Menahem Golan et Yoram Globus ont toujours espéré donner une autre ampleur à leur société de production, lui assurer une certaine légitimité. D’où le rapprochement avec quelques véritables auteurs comme Robert Altman (Fool for Love), John Cassavetes (Torrents d’amour) ou Franco Zeffirelli (Othello), et d’où certainement un projet aussi étrange que cet Ambassadeur, évocation inattendue des tensions géopolitiques qui agitent le Moyen-Orient depuis la création de l’état d’Israël et le partage de la Palestine en 1947. D’autant plus inattendu que le célèbre roman d’Elmore Leonard, 52 Pick-Up, qui a servi de canevas se déroulait tout simplement dans le milieu industriel de Los Angeles. La Cannon est donc bel et bien là pour signer un film à message, celui, heureusement, de la nécessité de l’ouverture d’un dialogue entre les peuples, d’une nouvelle entente et de la guérison des anciennes plaies. Ambassadeur bien intentionné, Robert Mitchum (parfois un peu éteint par l’alcool), réussi alors malgré l’adversité, les services secrets israéliens, les extrémistes de tous poils et les réprimandes de son épouse, à apporter la bonne parole, débattant avec les étudiants, puis organisant une rencontre pleine d’émotion entre les jeunes des deux cultures.
Les Justiciers de Gaza
Avec autant de subtilité qu’une charge de panzer, L’Ambassadeur se laisse emporter par ses grands monologues pleins d’humanisme, écartant de manière bienvenue le manichéisme habituel (même si les Syriens ne sont quand même franchement pas gentils), pour mieux se vautrer dans l’angélisme poussifs voir embarrassant. D’autant plus maladroit que ce « message » est appliqué sur une trame de thriller politique (celle du roman de Leonard) qui ne semble pas intéresser grand monde et est mis en image très mollement par le mercenaire maison J. Lee Thompson, ex-artisan solide des Canons de Navaronne ou des Nerfs à vifs, devenu le meilleur ami de Charles Bronson avec Le Justicier de minuit et L’Enfer de la violence. Une mise en scène factuelle pour un scénario un peu laborieux, mais au milieu de laquelle se promène un sacré casting. Certainement plus là pour le cachet que pour la gloire, les légendes hollywoodiennes Mitchum et Rock Hudson en homme à poigne (cela sera malheureusement son dernier film), ou le toujours solide Donald Pleasence, donnent une certaine prestance à l’ensemble là où le pauvre Fabio Testi fait ce qu’il peut en leader palestinien, la peau brunie lourdement pour ne pas faire trop tache dans le paysage. Plus étonnante, Ellen Burstyn (L’Exorciste, Alice n’est plus ici) alors âgée de 52 ans n’hésite pas à s’exposer dans un adultère dont les conséquences en disent finalement plus sur la difficulté de vieillir ensemble que sur la montée de la violence dans la bande de gaza.
Un film qui ne sait jamais vraiment quelle direction prendre, entre film engagé et pseudo suspens d’espionnage, s’ouvrant d’ailleurs sur une bien curieuse séquence de fusillade bisseuse digne d’un assaut de Delta Force, où Mitchum et Hudson traînent la patte en Chuck Norris.
Image
L’édition française reprend la copie HD de Kino Lorber. Un travail de restauration numérique de bout en bout qui permet d’effacer la quasi-totalité des défauts de pellicule et de polir au maximum une image vieillissante. Un léger grain est préservé et surtout une jolie définition est retrouvée avec des plans bien délimités et une légère profondeur révélée. La photographie un peu terne tout de même est sans doute à mettre au compte des intentions d’origines.
Son
Clair, simple et direct, le DTS HD Master Audio 2.0 fait preuve d’un petit nettoyage de circonstance. Mais le mixage en lui-même reste un peu pauvre de toute façon avec une ambiance sonore un peu désincarnée.
Interactivité
Dommage que l’édition française ne reprenne pas le commentaire audio enregistré par le monteur Mark Goldblatt, monsieur en général très intéressant et didactique. L’édition de Sinonis retrouve cependant ses fondamentaux avec deux présentations maisons. Patrick Brion bien entendu, mais aussi Emmanuel Laborie (réalisateur de courts métrages) qui reviennent chacun leur tour sur les coulisses de cette production Cannon, sur l’adaptation d’Elmore Leonard, des acteurs fatigués et un message bien appuyé.
Liste des bonus
Présentation Patrick BRION (8′) et Emmanuel LABORIE (18′).