KUNG FU CULT MASTER & LAST HERO IN CHINA
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倚天屠龍記之魔教教主, 黄飞鸿之铁鸡斗蜈蚣 – Hong-Kong – 1993
Support : Bluray
Genre : Action, Arts Martiaux, Comédie
Réalisateur : Wong Jing
Acteurs : Jet Li, Sharla Cheung, Chingmy Yau, Sammo Hung, Richard Ng, Francis Ng, Gordon Liu, Anita Yuen, Tiet Wo Chu…
Musique : Lui Tsung-Tak
Image : 1.85 16/9
Son : Cantonnais, Mandarin et Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 107 et 111 minutes
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 19 décembre 2024
LE PITCH
Kung Fu Cult Master : Les écoles d’arts martiaux les plus réputées dont Shaolin et Wu Tong, ont décidé de s’allier afin de protéger le pays contre la secte Ming. Mais une suite de traîtrises vient mettre en péril leur alliance. L’espoir va venir d’un jeune orphelin, pourtant frappé par une étrange malédiction qui l’empêche de se battre.
Last Hero In China: Wong Fei-Hung dirige une école de Kung-fu, mais, victime de son succès, celle-ci est trop petite pour accueillir tous les étudiants. Il s’installe dans un quartier populaire, qui est aussi le territoire d’une secte responsable de l’enlèvement de plusieurs jeunes filles. La sinistre organisation est dirigée par deux experts en kung-fu, un haut dignitaire mandchou et un prêtre dévoyé.
Jet et les pirates
Après avoir été concrétisé nouvelle star du cinéma d’art martiaux par Tsui Hark avec Swordsman et surtout la première trilogie des Il était une fois en Chine, Jet Li prend son envol artistique et financier et trouve une nouvelle terre d’accueil : la Win’s Entertainement et surtout le producteur Wong Jing grand patron du box-office pour le meilleur et pour le pire. Et leurs deux premiers rejetons sont réunis ici.
Malgré l’impact considérable qu’a eu Tsui Hark sur la carrière de Jet Li, ce dernier ne cacha jamais sa mésentente avec le bonhomme et surtout un certain inconfort avec ses méthodes de tournage. Fâché, ce dernier quitte (pour un temps) la saga officielle des Il était une fois en Chine (son rôle est repris par le très sympathique Chiu Man-Cheuk) mais n’abandonne certainement par son incarnation du héros populaire Wong Fei-Hung, et s’engage dans le projet « renégat » de Last Hero in China, titré même à l’origine Wong Fei Hung V question de bien semer le trouble et faire la nique au patron de la Films Workshop. Et qui de mieux pour cette entourloupe aux airs de braquage que l’opportuniste de service Wong Jing (Magic Crystal, God of Gamblers, Naked Killer…) ? ici scénariste et réalisateur, qui n’hésite pas à piocher allègrement des scènes entières dans les trois films cibles et à secouer le tout avec une bonne dose d’humour crétin et gras typique de la comédie cantonaise. Des gags souvent poussifs à bases de jeux de mots pourris, de grimaces et de sous-entendus graveleux amenés par une horde de seconds rôles comme venu parasiter et phagocyter ce nouvel épisode des aventures de Wong Fei-Hung, toujours interprété avec un sérieux indéboulonnable par Jet Li.
Un croisement qui peut donner quelques très bonnes scènes comme cette réinterprétation paillarde du célèbre thème musical par les demoiselles particulièrement affriolantes d’un bordel dont la fenêtre surplombe sur la cour de l’école d’art martiaux, mais qui donne surtout l’impression d’assister à une grosse parodie schizo. Un film qui hésite effectivement entre la poursuite pirate très soignée (façon Jamais plus Jamais pour les James Bond) avec une esthétique, des thèmes (la menace occidentale, les élites chinoises fourvoyées) et un personnage immédiatement reconnaissable et la grosse pantalonnade rédigée à la va vite. Mais ce qui crédibilise fortement l’entreprise, c’est la participation du maitre Yuen Woo-Ping (Drunken Master, Tai Chi Master, Tiger Cage…), qui reprend ici un rôle de chorégraphe qu’il officiait déjà sur Il était une fois en Chine 1 et 2, mais qui fut officieusement plus largement le metteur en scène de toutes les scènes d’actions. Et celle-ci sont d’imparables réussites, nerveuses, rapides, spectaculaires, inventives (la technique de la poule, il fallait oser) et aériennes, que ce soit lors d’une mémorable confrontation Jet Li / Gordon Liu sur un pont suspendu dans un décors baroque, d’une réinterprétation inattendue de la technique de l’homme ivre ou cette reprise de la danse du lion confrontée ici à une fausse scolopendre géante aussi improbable que graphique. Film souvent assez benêt mais tout autant généreux qu’impressionnant, Last Hero in China connu un succès qui dépassa aisément les résultats du Il était une fois en Chine 5 pourtant bien officiel, lui.
Tigres et dragons célestes virevoltants
Pas de raison dès lors que l’association ne s’arrête là et si on peut s’étonner de ne pas voir débarquer un Last Hero in China 2 de circonstance (tant qu’à faire), la production suivante surf elle sur les derniers grands succès wuxia fantastique de l’écurie Tsui Hark (décidément). Adapté du célèbre roman chinois Heaven Sword & Dragon Saber de Jin Yong, Kung Fu Cult Master va donc à son tour mettre en avant un univers fantasy exacerbé, peuplé de maitres en arts martiaux volant dans tous les sens, capables de projeter de la glace avec leurs mains, se nourrissant du sang de leur ennemis (hilarant Richard Ng en maitre des chauve-souris vertes) ou transformant une simple cithare en arme mortelle. L’un d’entre eux est même définitivement prisonnier d’un rocher géant exactement comme un certain Sammo Hung dans Zu Les Guerriers de la montagne magique. Ça tombe bien, Wong Jing reproduit sa technique de surproduction habituelle, se réservant toutes les scènes dramatiques et humoristiques (beaucoup moins nombreuses que sur Last Hero in China) et laissant le reste à cet autre maitre de la chorégraphie martiale. L’auteur de L’Exorciste chinois, Dragons Forever, Shanghai Express ou Eastern Condors, s’en donne à cœur joie dans la démesure totale, multipliant les scènes de bataille chaotiques et les face-à-face aussi spectaculaires qu’assez hystériques à deux doigts du film de super-héros chinois.
De ce côté-là le spectacle est tout à fait réussi et particulièrement énergique. Peut-être un peu trop cela dit, à l’image de cette sombre histoire de guerre entre les clans, de vengeance familiale, d’héritier trahi, de grand complot prêt à renverser la dynastie Qing et bien entendu de technique ancestrale cachée dans un temple digne d’Indiana Jones, où même en se concentrant, on a toujours la ferme impression de manquer de contexte et de lisibilité dans une trame particulièrement fouillis. Un sentiment renforcé par ce récit qui s’arrête brusquement sur un cliffhanger au bout de ses 1h40 syndicales. Prévu au départ en deux longs métrages, la saga ne connut pas le succès escompté et en resta là, du moins jusqu’en 2022 ou Wong Jing s’offrit enfin un remake de son diptyque rêvé avec cette fois-ci Donnie Yen en tête d’affiche.
Mais en 1993, ce n’était certainement pas cela qui allait stopper la machine, le réalisateur / producteur et Jet Li enchaineront sur d’autres grosses productions maison avec New Legend of Shaolin, My Father is a Hero, High Risk, Dr Wai ou Hitman… Tous bien entendu remakes ou rip off d’autres succès du moment. On ne se refait pas.
Image
Les copies des deux films se ressemblent beaucoup, sans doute parce qu’aucune n’a semble-t-il eu le droit à un véritable retour à la source pellicule récemment. Des masters sans doute un peu datés, très bien nettoyés cela dit, mais qui opèrent un mélange de grain très présent et quelques transformations digitales qui accentuent les contours et le bruit vidéo. Les masters affichent alors un petit coté artificiel, faussement clinquant, confirmé régulièrement par des plans trop écrasés et des blancs trop accentués. Du grand classique cela dit dans le catalogue du cinéma HK, qui assure tout de même avec une jolie rehausse des couleurs et un confort de visionnage bien présent malgré les petits défauts.
Son
Là aussi les deux films sont ex æquo avec le choix entre la version originale cantonaise, la déclinaison en mandarin et le doublage français. Ce dernier manque comme souvent d’impulsions et d’intensité autant dans le jeu des acteurs que dans un mixage très écrasé sur les arrière-plans. La préférence ira forcément à la version originale, plus juste et énergique même si on reste toujours dans ces sonorités limitées du ciné HK des années 80/90.
Interactivité
Réunis dans une même édition Kung Fu Cult Master et Last Hero In China sont proposés dans un boitier double scanavo, avec jaquette réversible, et un léger boitier carton à l’effigie du premier. Chacun y va de ses petits suppléments avec bien entendu les incontournables présentations d’Arnaud Lanuque, toujours aussi doué pour redonner le contexte de production des films, replacer les références (cinématographiques ou littéraires) et délivrer quelques anecdotes pertinentes.
Il est accompagné à chaque fois de petites interviews totalement inédites avec pour Kung Fu Cult Master une rencontre avec l’acteur et producteur Tenky Tin (il fait souvent le guignol chez Stephen Chow) qui fit office pour ce film d’assistant de production et d’intervenant comique. Il revient sur la méthode de tournage des productions Wong Jing, l’implication de Sammo Hung et les talents de Jet Li avec beaucoup de franchise. Pour Last Hero in China on retrouve les acteurs / cascadeurs Jason Ng et Guk Hin-Chiu qui chacun leur tour évoquent le travail de Yuen Woo-ping, la mise en place des grandes scènes d’action, la précision de Jet Li et le travail particulier de doublure à une époque où la sécurité n’était pas toujours une priorité.
Liste des bonus
Présentations de Arnaud Lanuque (11’et 9’), Interviews de Jason Ng (13’, Guk Hin-Chiu (11’), Tenky Tin (23’), Bandes-annonces.