Le cinéma coréen ce n’est bien entendu pas uniquement des thrillers et des polars opaques, désespérés, des quêtes vengeresses destructrices ou des films d’horreur à l’esthétique tétanisante, c’est aussi un vrai régal pour la comédie populaire. Et ces dernières années Lee Byeong-heon s’y est fait une jolie place, en particulier avec la comédie générationnelle Twenty. Dans Extreme Job, renommé ici Korean Fried Chicken (à ne pas confondre avec le terrible KFC vietnamien) il se consacre à une brigade des stups manifestement connue pour ses affaires poissardes, ses maladresses et son incapacité à boucler convenablement la moindre enquête. Des loosers comme on les aime tant, frappadingues, tous animés d’un mélange d’abnégation et de mauvaise foi confondante, mais dont l’esprit d’équipe et les faiblesses les rendent immédiatement sympathiques au spectateur. Leur dernière chance étant de mettre la main sur un dealer préparant son grand retour, ils deviennent propriétaire d’un restaurant spécialiste du poulet frit situé quelques étages en dessous de leur planque. L’astuce du film, c’est que la petite bande se révèle bien plus douée dans la restauration que dans leur métier de flic, et la gargote devient rapidement à la mode et même le passage obligé des touristes japonais, mettant en péril la réussite de leur enquête.

100% Poulet

Drôle forcément, surtout que les nouveaux rois de la friture se prennent au jeu, réjouis d’être enfin reconnus pour quelque chose, oubliant souvent la raison première de leur venue. La première partie du film est en effet particulièrement vive et enlevée, enquillant un rythme assez soutenu sans jamais tomber dans la grosse artillerie ou l’hystérie éreintante. Extreme Job garde une profonde humanité pour ses personnages, même si la caricature outrée n’est jamais bien loin. Mais la situation ne peut s’étirer éternellement et revient dans sa seconde partie vers des enjeux policiers beaucoup plus marqués lorsqu’ils se rendent compte, ironie suprême, que leur toute nouvelle franchise est devenue un excellent moyen de diffusion de la drogue du trafiquant (excellent Shin Ha-kyun vus dans Sympathy for Mr Vengeance, Thirst, Save the Green Planet) qu’ils étaient censés serrer. Un peu moins maîtrisé, ou en tout cas plus classique, le film se réveille à nouveau pour une dernière bobine qui réussit à marier poursuites, baston généralisée et gags douloureux, tout en ramenant les personnages vers une position héroïque à laquelle ils se croyaient interdit.

La réalisation n’est jamais vraiment renversante ni profondément originale, la construction est somme toute assez classique, le propos du film ne va jamais plus loin que la farce bien huilée, mais l’ensemble est très agréablement emballé et reste un très bon moment à passer.