KOMPROMAT
France – 2022
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Jérôme Salle
Acteurs : Gilles Lellouche, Joanna Kulig, Michael Gor, Mikhail Safronov
Musique : Guillaume Roussel
Durée : 127 minutes
Image : 2.35
Son : Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : M6 Vidéo
Date de sortie : 05 janvier 2023
LE PITCH
Russie, 2017. Mathieu Roussel est arrêté et incarcéré sous les yeux de sa fille. Expatrié français, il est victime d’un » kompromat », de faux documents compromettants utilisés par les services secrets russes pour nuire à un ennemi de l’Etat. Menacé d’une peine de prison à vie, il ne lui reste qu’une option : s’évader, et rejoindre la France par ses propres moyens…
Sibérie m’était contée
Six ans après son biopic consacré à Cousteau, L’Odyssée, Jérôme Salle revient à ses thrillers des débuts en offrant un joyeux séjour dans les geôles russes à un Gilles Lellouche intense et incarné. Entre suspens et drame, d’autant plus efficace que malheureusement inspiré de faits bien réels.
Mathieux remplace le véritable Yoanne Barbereau expatrié français qui va se retrouver emprisonné du jour au lendemain, accusé de pédophilie par un état qui manie à la perfection l’exercice du kompromat, ce dossier compromettant monté de toute pièce qui évacue les éléments gênants et les opposants au régime. Un homme comme les autres dont le monde s’effondre du jour au lendemain et auquel Gilles Lellouche offre un visage et un corps parfait, loin du héros de cinéma à qui tout semblerait aisé. Un brave mec, trop « français » (entendez par là trop moderne, ouvert d’esprit et de son temps) pour son bien, qui va devoir devenir un héros à son corps défendant, supporter une arrestation plus que musclée, un passage à tabac dans une cellule partagée avec une quinzaine de lascars, puis finalement s’évader et traverser le pays presque seul, afin d’échapper aux travaux forcés promis. Avec plus de simplicité dans sa construction et certainement moins de moyens exposés à l’écran, le réalisateur des deux Largo Winch, Anthony Zimmer et Zulu démontre une nouvelle fois qu’il maitrise les atours du film à suspense.
Froid viscéral
Il plonge ainsi presque immédiatement son personnage et son spectateur dans la tourmente, pour l’entrainer dans une trajectoire essentiellement solitaire, traversant des villes froides et vides, des paysages souvent désolés, des populations étrangères le plus souvent distantes et même une ambassade française des plus frileuses. Vue dans Cold War, la formidable actrice polonaise Joanna Kulig, apparait alors comme la seule note de lumière aux cœurs de l’action, même si là encore le film sait se montrer mesuré, réaliste et presque poétique dans l’économie culturelle du personnage, ses rares dialogues et l’amorce d’une romance qui ne passe finalement que par des échanges de textos. Efficace et juste, Kompromat trébuche parfois certes sur quelques incongruités (Mathieu Roussel n’a-t-il pas un peu tendance à se promener visage découvert dans les lieux public ?) mais maintient parfaitement son rythme jusqu’au bout, s’attachant à décrire au passage un pays plongé dans une obscurité irrationnelle, absurde et terrifiante après des décennies d’autocraties régies par le KGB, devenue aujourd’hui le FSB, et dont l’ultime maillon, fascisant, reste bien entendu la gouvernance de Vladimir Poutine. Impossible ainsi de comprendre pour Mathieu la véritable raison de sa mise à l’index, là où les Russes eux sont déjà malheureusement trop coutumier des faits. Là sans doute que le film aurait gagné à aller plus loin dans l’analyse, dans la description d’un univers malade et kafkaïen se donnant ainsi une plus grande portée politique, tout juste amorcée ici. La retenue à ses qualités et ses petits défauts.
Image
Un Master numérique naturellement en tous points exceptionnels. L’image est d’une netteté et d’une stabilité constante, offrant une palette de couleur volontairement éteintes mais avec un très joli panel de dégradé. Un décor urbain, froid, sombre, mais aux contrastes maitrisés et aux matières finement dessinées jusqu’aux noirs implacables.
Son
La piste originale, mélangeant dialogues en français et russe, est disposée dans un DTS HD Master Audio 5.1 qui reste au plus près des intentions du film. Avec une certaine sobriété, la piste développe ainsi des atmosphères souvent vides, épurées, étouffées, mais sait aussi se montrer on ne peut plus efficace et plus généreux quand la tension se fait plus présente. Solide.
Interactivité
Un peu chiche, la section bonus se contente d’une petite scène coupée (l’espoir fantasmé de Mathieu en version longue) et un tout petit making of qu’un quart d’heure donnant la parole au réalisateur et aux deux acteurs principaux. On y revient sur les intentions du film, l’absence voulu de préparation aux scènes les plus physiques, l’entente entre Gilles Lellouche, Joanna Kulig et bien entendu l’origine réelle de la fiction. Quelques images de tournages et des réflexions plus poussées sur la mise en scène auraient été bienvenues.
Liste des bonus
Kompromat : retour sur le tournage (16’), Scène coupées (2’).