Dès le départ Knox Goes Away est un choix d’acteur. Celui d’un rôle particulièrement intéressant puisque John Knox, présenté comme un tueur à gages vétéran, ultra professionnel, vient d’apprendre qu’il était atteint d’une forme foudroyante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Les pertes de mémoires sont déjà présentes, les pertes de repères et les absences arrivent à grand pas, et cette figure infaillible (voir la séquence de l’annonce chez le médecin) ne peut alors plus que laisser l’armure s’effriter. On découvre donc un père qui à rompu tous liens avec sa famille, un solitaire esseulé, philosophe dont le seul vrai moment de vie s’avère son rendez-vous hebdomadaire avec sa prostituée habituelle. Triste petite vie toute renfermée qui éclate définitivement lorsqu’il tue par accident son partenaire lors de son dernier contrat et que son fils toque à la porte, venant lui-même d’assassiner un homme qui avait violé sa fille. Le scénario du film embraye alors assez rapidement sur le grand plan organisé par Knox pour sauver son fils de la prison tout en réglant ses dernières dettes envers les gens qu’il aime.

Un vieux pro

S’il est assez satisfaisant d’observer comment les choses se mettent en place, comment le personnage se joue de la police pour aboutir à ses fins, clairement Michael Keaton semble beaucoup plus intéressé par ses personnages, son rôle et le traitement psychologique que les purs atours du thriller. La mise en scène est sobre, efficiente, les petits effets accompagnants les pics de la maladie jamais trop envahissants, mais elle est surtout au service de Michael Keaton acteur, excellent dans ce portrait faussement froid, surtout très fragile, d’un homme en quête de rédemption et faisant front jusqu’au bout face aux symptômes dévastateurs de la démence. Un grand acteur rappelons-le qui se fait clairement plaisir lorsqu’il invite le collègue Al Pacino pour le rôle secondaire de Xavier Crane, vieux truands et recéleur immédiatement sympathique qui prête main forte à son vieux copain avant son départ à la retraite forcé. De très bonnes scènes, assez touchantes, comme celles avec James Marsden, s’échappant de ses rôles comiques (Sonic, Il était une fois…) pour incarner avec justesse un fils désemparé.

Pas de quoi cependant faire un très grand film dans tout cela, puisque le déroulé est bien trop prévisible, que les rouages grincent régulièrement ou semble trop lâches pour vraiment tenir en haleine, mais les personnages accrocheurs et bien campés, et la personnalité de Michael Keaton, assurent tout de même un petit film pas inintéressant, modeste et emprunt de sincérité.