KING KONG (2005)
King Kong– Etats-Unis– 2005
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Aventure, Fantastique
Réalisateur : Peter Jackson
Acteurs : Naomie Watts, Jack Black, Adrien Brody, Thomas Kretschmann, Andy Serkis, Jamie Bell, Kyle Chandler…
Musique : James Newton Howard
Durée : 187 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : DTS X Anglais, DTS Digital Surround 5.1 Français, Tcheque, Polonais…
Sous-titres : Français, néerlandais, polonais, danois…
Editeur : Universal Pictures Home Entertainment
Date de sortie : 18 septembre 2024
LE PITCH
Carl Denham, un cinéaste en quête de notoriété, emmène son équipe tourner un film sur Skull Island où, dit-on, les indigènes adorent une puissance mystérieuse. Une aventure romantique entre la bête, capturée dans la jungle et amenée à la ville où elle va affronter son tragique destin, la belle Ann Darrow, jeune actrice de vaudeville au chômage, et Jack Driscoll, un scénariste new yorkais dont le cœur et le courage vont être mis l’épreuve…
Le roi Jackson
King Kong a une longue histoire. Trois films officiels seulement avant de tomber dans le giron de Warner et de son Monster Verse, plongeant le singe géant dans un univers coloré en mode BD. Trois films qui ont marqué pour différentes raisons leur époque. Mais à chaque fois, une magie du cinéma, croire au merveilleux et donner une âme à un monstre fait d’effets spéciaux. Quoi de plus normal de voir Peter Jackson aux commandes de cette dernière version en date.
Un rêve de gosse. Il a fallu le succès du Seigneur des anneaux pour que Peter Jackson puisse enfin se donner les moyens de ses ambitions. Impressionné enfant devant la diffusion du King Kong de Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper de 1933, le futur metteur en scène de Braindead n’aura de cesse de chérir ce projet. Cinéaste de la débrouille, ses premières œuvres sentent l’amour des effets à l’ancienne, le côté foutraque en plus. Il faut attendre l’âge de raison, celui de la maturité et surtout son adaptation monstrueuse et impeccable de l’univers de Tolkien pour accéder enfin au budget pharaonique pour donner vie à son fantasme de toujours sans céder aux concessions des studios. La trilogie du Seigneur des anneaux a rapporté des milliards avec une pluie d’oscars à la clé réunissant critiques et publics pour un chef-d’œuvre inégalable. Que lui refuser ? Certainement pas un film qu’il se prépare psychologiquement à filmer depuis des décennies.
Pour le meilleure et pour le pire
La pression est forte, mais le moment propice. Universal ne peut pas laisser passer une occasion pareille, qu’importe le budget gargantuesque pour concevoir la vision de Jackson. Que ce soit la reconstitution du New-York des années trente à celle des monstres parsemant le film. 2005 sera l’année King Kong. Peter Jackson ne veut pas, ne peut pas se louper. Effectivement, à la vision du film, on ne peut lui reprocher de vouloir bien faire. Trop même. Sa mise en scène ne veut rien laisser au hasard, il magnifie ses décors. Rarement New-York n’a autant brillé et s’est vêtu de si belles parures. Andrew Lesnie (directeur photo sur Le seigneur des anneaux) bichonne ses éclairages et ses ambiances dans chacune des parties du film. Peter Jackson travaille sa mise en scène ne voulant passer sur aucun détail. Avec l’aide de son équipe de choc de scénaristes, Fran Walsh et Phillippa Boyens, ils développent non pas un film sur King Kong mais une fresque autour du primate géant. Ce qui fonctionnait très bien sur la multitude de personnages chez Tolkien développée sur trois films, ne transforme pas l‘essai ici. Ils s’attardent sur chacun d’eux. Ils ont raison mais rallongent inutilement la durée du film. Jackson pêche par une intro excessive, à l’instar de celle du Hobbit. L’action proprement dite n’arrivant qu’après un très gros tiers du film (soit une bonne heure de métrage) pour ne plus s’arrêter avant son final. Un équilibre compliqué risquant de provoquer l’ennui dans sa première partie et une surenchère dans sa seconde. Pourtant, le cinéaste sait gérer sa mise en scène, mais à trop bien faire en oublie sa partition rythmique. Le spectateur a l’impression de voir deux films en un. Un drame sur la grande dépression et un film de monstre.
Au cœur des ténèbres
Le metteur en scène met beaucoup de lui-même dans son King-Kong. En s’amusant à faire d’un de ses protagonistes, un cinéaste prêt à tout pour filmer (quitte à fuir avec ses bobines pour les protéger de producteurs mal intentionnés) on peut sentir une part de vécu. Mais au-delà de cette situation, on peut y voir un hommage personnel aux explorateurs du cinéma comme Robert Flaherty qui parcourait le monde avec sa caméra pour filmer les contrées éloignées comme pour son Nanouk l’esquimau. C’est ce que fait Carl Denham dans le film, parti filmer l’île de Skull Island, habitat maudit de Kong. Peter Jackson prouve ses talents de directeur d’acteur en canalisant l’énergie de Jack Black dans ce rôle. Ironique lorsque l’on se remémore avec bonheur sa parodie du Seigneur des anneaux à l’occasion des MTV Awards avec Sarah Michelle Gellar. Naomie Watts, très années 30, se trouve aux commandes pour charmer la bête et les spectateurs, aux côtés d’Adrien Brody, en contre-emploi en écrivain aventurier. Si l’on peut décerner une mention spéciale, elle irait allégrement à Kyle Chandler en acteur macho, froussard et fourbe aux côtés d’un Andy Serkis en mode Capitaine Haddock et du fils de Tom Hanks, Colin. Jackson, fidèle à lui-même, ne peut s’empêcher d’utiliser ses tics de mise en scène, héritage de ses films d’horreur bricolés entre potes. Des ralentis saccadés, des indigènes en guise d’Uruk-hai et des séquences dignes de films d’horreur avec des scarabées et de vilaines bestioles dévoreuses de membres. Mais dès qu’il s’agit de magnifier ses monstres, le cinéaste, à l’instar d’un Guillermo Del Toro, y met tout son amour. Le combat de Kong contre un T-rex est tout simplement énorme et l’humanisme qu’il met à Kong est frappant aussi bien dans l’intimisme des séquences avec Naomie Watts que du haut de l’Empire State Building.
Ample et gigantesque, King Kong fleure le budget à plein nez. Si Peter Jackson filme avec beaucoup de respect et de sérieux, il se perd dans des longueurs pas toujours utiles. Un film gargantuesque qui a dévoré son metteur en scène.
Image
Déjà disponible au format Blu-ray 4K depuis 2017, King Kong ressort aujourd’hui en SteelBook en édition limitée avec les deux montages du film : la version cinéma (3h07) et la version longue (3h20). Le master garde le même transfert 4K Ultra HD réalisé à partir d’un master 2K, et montre forcément un certain coup de vieux dans les effets spéciaux où les surimpressions numériques sont clairement visibles. Par contre, le HDR10 illumine l’écran avec des couleurs pimpantes et une palette de nuances remarquables aussi bien dans les séquences nocturnes que dans celles grandioses du New-York des années 30, avec des scènes en haut de l’empire State Building qui donnent le vertige.
Son
La VO est supérieure en tout point puisqu’elle propose un mixage DTS:X, tandis que la VF reste sur du DTS 5.1. Mais l’un comme l’autre sait jouer sur la spatialisation des scènes d’actions. Le caisson de basse s’amuse autant que le spectateur qui est happé par les différentes ambiances du film. Des séquences en ville à celles de l’île du crâne, le son est particulièrement immersif.
Interactivité
Vous ne saviez pas quoi faire de votre week-end ? Ça tombe bien, vous pourrez le passer avec Peter Jackson qui, à l’instar des suppléments du Seigneur des anneaux s’en donne à cœur joie en matière de making-of. puisque cette édition reprend tous les suppléments des éditions ultimate précédentes. Découpé en quatre parties, on accompagne le metteur en scène dans les différentes étapes qui font de King Kong le film que l’on connaît aujourd’hui. Ses inspirations, ses souvenirs, la conception des effets-spéciaux, l’écriture, sans oublier les journaux de production disponibles sur la galette Bluray bonus. Comptez également sur 16 scènes coupées ou rallongées pour parfaire l’édition (dont certaines sont rajoutées à la version longue du film) avec commentaire optionnel de Peter Jackson. Bêtisier et bande annonce d’usage complètent l’interactivité.
Vous en voulez encore ? Il suffit de prolonger le plaisir avec le commentaire audio détendu du metteur en scène qui n’est jamais avare en anecdotes et en secrets de tournage. Une bonne douzaine d’heures passées en sa compagnie qui vous fera oublier la grisaille du dehors !
A noter que le film est disponible dans sa version cinéma et dans sa version longue qui incorpore treize minutes de scènes (de monstres !) supplémentaires.
Liste des bonus
Version longue (200’), Présentation par Peter Jackson (6’), Making of (185’), 56 journaux de production triés par date ou lieu de tournage (230’), 35 journaux de post-production triés par date ou département (153’), 16 scènes coupées avec présentation optionnelle par Peter Jackson (44’), Bêtisier (19’), «Le making of d’un plan : le combat du T-Rex» (16’), «L’île du Crâne : une histoire naturelle» (17’), «Le New York de King Kong, 1933» (28’), «Une nuit dans un Vaudeville» (12’), «Hommage à King Kong» (10’), Prévisualisation de l’animatique : 5 prévisualisations avec ou sans musique (40’), Conception thématique, galeries vidéo (41’), «Le présent» (9’), La collection Weta (5’), Bandes-annonces (8’).