KILLER CROCODILE I&II
Italie, États-Unis – 1989 / 1990
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Fabrizio De Angelis, Giannetto De Rossi
Acteurs : Anthony Crenna, Ennio Girolami, Julian Hampton, Van Johnson, Sherrie Rose, Bill Wohrman
Musique : Riz Ortolani
Image : 1.66 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 90 et 87 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 30 juin 2023
LE PITCH
Killer Crocodile I:
Un groupe d’écologistes se rend dans les Caraïbes pour tenter de prouver que les activités d’une multinationale mettent en péril la faune et la flore. Il ne leur faut pas longtemps pour que, dans un marais, ils découvrent des fûts toxiques… Avant de mettre les autorités locales au courant, ils décident de rester pour la nuit. Mais à leur réveil, l’un d’entre eux a disparu…
Killer Crocodile II :
Ils pensaient en avoir fini avec le saurien mutant… ils avaient forcément tort ! Les fûts toxiques qui étaient supposés avoir été détruits sont toujours là, attendant de créer une nouvelle génération de mutants…
Caïman mawan
Sortis sur le tard alors que la mode des films d’attaques animalières était en bernes (le concurrent américain L’incroyable Alligator était sorti dix ans plus tôt) Killer Crocodile et sa suite restent des petits bijoux du genre. Non pas pour leur efficacité, leur haute technicité et leurs ambitions spectaculaires, mais pour leurs bisseries totales, leurs maladresses et un ridicule dont on ne sait toujours pas s’il était partiellement volontaire ou non.
Certainement que pour beaucoup, Killer Crocodile reste un joli petit souvenir de découvertes tardives en seconde partie de soirée sur M6 (dans une case qui n’existe plus depuis des lustres) ébahis devant un cinéma autre, gentiment fauché, gratuit mais jamais bien effrayant. Un grand moment de communion et de camaraderie qui se repassait ensuite en VHS de la tendresse dans l’œil. Pas sûr que c’était là exactement le but du producteur / réalisateur Fabrizio De Angelis (Karate Warior, Commando Cobra, Autorisé à tuer…), mais pas sûr non plus que cela l’aurait vraiment dérangé, lui qui de toute façon ne pensait qu’en terme de rentabilité et de retour sur investissements faciles. Sortant un peu de sa case de films de gros bras, il s’imaginait sans doute pouvoir nous rejouer le coup des Dents de la mer mais à très moindre frais. Son scénario, auquel il ajoute tout de même une vague affaire de déchets radioactifs balancés dans les rivières caribéenne, est entièrement pompé, et sans honte messieurs-dames, sur le classique absolu de Steven Spielberg. Tout y est, du vieux baroudeur qui en a des grosses calqué sur le mémorable Quint à la bande originale qui reprend sans vergogne, mais en mode exotique, les poum-poum de John Williams. La différence restant bien entendu l’intensité des dialogues (ça patine sévère et ça en fait des caisses), le jeu des acteurs (en mode vacances pépères) et la présence beaucoup moins inquiétante de la créature en question.
La bête à bon dos
En l’occurrence un énorme crocodile à la flottaison plutôt convaincante mais dont l’unique prouesse restera sa capacité à ouvrir et fermer sa gueule devant des victimes tentant mollement de s’échapper. Une bestiole bien lourde qui a qui plus est l’habilité de changer d’échelle en fonction des besoins de son metteur en scène. Ce sera donc une taille on ne peut plus naturelle lorsque le chasseur de croco décide que faire du surf sur son dos est la meilleure façon de lui apprendre le respect, plutôt imposante lorsqu’il faut boulotter une petite fille accrochée à un ponton, carrément gigantesque s’il faut se débarrasser rapidement du bateau des méchants. Irrésistible. Tout comme les petits effets gores (bras arrachés, cadavres qui flotte en faisant la grimace…) qui parsèment l’aventure et une ultime confrontation où le beau blond Kevin, aka Richard Anthony Crenna (fils du « Colonel Trautman ») se la joue warrior, réduisant le cerveau du croco en charpie avec l’hélice de son bateau avec que celui n’explose comme une baudruche chargée à la TNT ! De quoi un faire un classique, voir un film culte, et certainement pour de mauvaises raisons.
Et le vice de Fabrizio De Angelis ne s’arrête pas là puisque pour capitaliser à mort sur les deniers recoltés, il faut mettre en boite quelques mois plus tard une suite directe… avec le même crocodile de plus en plus fatigué. Créateur justement de celui-ci, Giannetto De Rossi hérite de la réalisation (très plan-plan) et d’un Kevin désormais vétéran et baroudeur de l’extrême. Celui-ci va devoir remettre les pieds dans le marais pour retrouver la trace de la charmante Liza (Debra Karr) journaliste rentre-dedans enquêtant à son tour sur les fameux bidons de déchets toxiques planqués en pleine nature. La progéniture du précédent prédateur se remet aussi à bouloter les gosses qui pataugent et les rares touristes, mais avec beaucoup moins de conviction. Killer Crocodile II se montre étrangement beaucoup plus frileux coté bodycount et tripailles, préférant quelques petits moments de comédie et des flashbacks des meilleures scènes du premier films (hop c’est toujours ça que les boches n’auront pas). Plus dispensable certainement, mais toujours parcouru d’une sorte de naïveté décontenançante.
Les Killer Crocodile ne sont définitivement pas du grand cinéma, mais avec un peu de distance, beaucoup d’indulgence, un second degré bien musclé et un bon digestif, il est indéniable qu’on s’y régale.
Image
Comme des pachas, les deux opus de Killer Crocodile ont connu les honneurs de restaurations (presque) prestigieuses. De nouveaux masters produits à partir de scan 2K des négatifs originaux et suivis d’un nettoyage certains. A ce titre les deux films ne sont pas forcément égaux avec pour le premier un résultat très propre aux couleurs extrêmement prononcées et qui, en dehors de quelques plans plus faibles (fondus, collages, zooms…) assure des matières plutôt fermes. Le second est un peu moins pointu avec des détails plus doux et des scories de pellicules (légères griffures, points blancs…) encore assez visibles. Pas parfaits, mais clairement très appréciables cependant et organiques.
Son
Quelques craquements et petites saturations persistent sur les versions originales italiennes au demeurant très claires et assez équilibrées. Les versions française beaucoup plus plates et et lourdes dans leur rendu, restent tout de même un petit plaisir par leurs excès et leur bêtise qui en rajoutent une bonne couche.
Interactivité
Disposés dans un digipack quatre volets avec fourreau cartonné et visuel qui croque, les deux disques Bluray des Killer Crocodile sont accompagnés comme il se doit de quelques interviews inédites des grands témoins de l’affaire. Du coté du premier opus on retrouve donc le directeur photo Federico del Zoppo qui porte un regard ultra professionnel sur le tournage, la personnalité peu chaleureuse du metteur en scène et les aléas d’une production réduite. Beaucoup plus coloré et bourré d’anecdotes parfois assez hallucinantes (le technicien mort sous le corps du crocodile…), la rencontre avec l’acteur Pietro Genuardi évoque clairement une autre époque du cinéma bis.
Sur le second disque, en plus de quelques scènes coupées (ou rallongée) assez anecdotiques, on découvre une interview du maquilleur et réalisateur de Killer Crocodile II. Ce dernier ne manie pas non plus la langue de bois et revient sur le bricolage et les bidouillages autour du crocodile en acier et latex, sur l’optique uniquement commerciales des deux productions et sur son amateurisme assumé derrière la caméra. Ce dernier considère même le film en question comme le pire des trois, devant Cyborg Le Guerrier d’acier et Tummy. C’est dire.
Liste des bonus
« Eaux troubles » avec le directeur de la photographie Federico del Zoppo (15’), « Dans la gueule du crocodile » avec le réalisateur et maquilleur Giannetto de Rossi (14’), « Homme vs crocodile » avec l’acteur Pietro Genuardi (23’), Scènes coupées de « Killer Crocodile II » (4’).