KILL
Police Magnum, Kill! – France, Allemagne, Italie, Espagne – 1971
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Romain Gary
Acteurs : James Mason, Stephen Boyd, Curd Jürgens, Jean Seberg, Daniel Emilfork
Musique : Bert Pisano, Jacques Chaumont
Image : 1.66 16/9
Son : Français et anglais DTS HD Master Audio mono
Sous-titres : Français
Durée : 93 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 décembre 2022
LE PITCH
Années 1970, au Pakistan – Kidnappée, Emily Hamilton, femme d’un fonctionnaire d’Interpol, est délivrée par Brad Killian, un justicier solitaire. Ce dernier cherche à exterminer les membres d’un important trafic de drogue et de traite des blanches, ignorant qu’un certain Alan Hamilton fait partie de l’organisation. Emily, quant à elle, sera confrontée à la violence et à la corruption et devra faire face à la vérité concernant son mari.
La promesse de l’autre
Romancier presque aussi célèbre pour son œuvre que pour sa mystification jouissive du milieu littéraire parisien en récoltant deux prix Goncourt grâce (en partie) à l’utilisation du pseudonyme Emile Ajar, Romain Gary se sera laissé tenter par la réalisation à deux occasions. Motivé par son histoire d’amour (chaotique) avec la Jean Seberg de A bout de souffle il va ainsi diriger le rarissime Les Oiseaux vont mourir au Pérou et le présent, mais non moins oublié, Police Magnum, renommé Kill (répété plusieurs fois selon les versions).
Et force est de constater, que le spectateur a de quoi être décontenancé devant le spectacle qui s’offre à lui, semblant à la fois renier toutes l’œuvre écrite du bonhomme et surtout moquer ouvertement toute idée de bon goût cinématographique. Noyé sous une mise en scène outrancière, balayé par un montage aussi percutant que celui de Joséphine Ange-gardien, assommé par une bande son psychédélique qui ramone le cerveau, Kill, déjoue les analyses, semant constamment le trouble entre parodie totalement assumée et délire foutraque traité par-dessus la jambe. Pourtant en cherchant bien, cet étrange objet pourrait presque être vu comme quelques évocations référentielles de l’intimité de Romain Gary, avec cette image d’un gamin mort d’overdose (comme son propre fils) entre ces étranges moqueries que subit le personnage incarné par Jean Seberg, sa tendance ridicule à câliner le premier venu dans le dos de son mari tandis que celui-ci dissimule ses identités multiples et motivations… presque autant que le pauvre James Mason qui aimerait qu’on l’oublie sous sa fausse barbe.
La vie derrière soi
Heureusement (ou malheureusement on ne sait plus), le réalisateur a tout de même eu la bonne idée d’éviter les poses pompeuses et auteurisantes d’un Bernard-Henry Lévy (Le jour et la nuit, y a pas de mots), préférant se vautrer chaleureusement dans une évocation crétine du cinéma Bis en mixant à la hussarde une trame de récit d’espionnage improbable et la vendetta d’un ersatz de Charles Bronson (l’ex star du péplum Stephen Boyd) revêtu d’un jeans, d’un blouson de cuir et d’un torse nu et velu. La classe. Bien entendu tout s’effondre d’une séquence à l’autre, les personnages traversent l’écran en tous sens et sans but apparent, s’offrent une séance de tourisme dans les rues pakistanaises ou dans un bordel peuplé de créatures nues et vaguement décoratives. Tout ça pour tenter de crédibiliser maladroitement une vision nihiliste d’un monde moderne peuplé de trafiquants de drogues tenant par les roubignoles politiques et flics en goguettes. A l’arrivée Kill est tout de même un spectacle limite indescriptible, pas franchement passionnant, mais peuplé d’images et d’idées tellement branques qu’il finit par attirer une certaine sympathie en particulier lorsque dans un dernier sursaut, blessé mortellement après une fusillade tristement figée, l’ancienne star hollywoodien James Mason (nan vraiment il ne méritait pas ça) part dans un trip total : il se voit au milieu de ses victimes rebondir sur des trampolines comme de joyeux drilles. Amusant certes, de là à parler d’une œuvre…
Image
Edité il y a 10 ans bien tassés par Bach Films, Kill revient chez Le Chat qui fume dans des conditions techniques bien plus impressionnantes. Film rare et souvent uniquement visible dans une copie un peu fatiguée et daté, il s’offre ici une admirable restauration à partie d’un scan 2K du négatif 35mm. Comme toujours avec l’éditeur, le travail a été particulièrement soigné, nettoyant chaque photogramme, stabilisant l’image et surtout redonnant une vraie énergie à des couleurs Eastmancolor bien pop. Résultat impressionnant et toujours aussi fidèle à la nature même de l’objet filmique avec un grain bien présent et organique et de superbes reflets argentiques.
Son
Lors du précédent DVD, seule la version française était disponible. Le Chat qui fume nous a retrouvé la version originale anglaise mais malgré ses efforts évidents celle-ci reste très abimée avec un son direct lointain et écrasé. La version française se montre nettement plus agréable et pêchue avec un DTS HD Master Audio qui ajoute beaucoup de clarté et d’énergie au brave mono d’époque.
Interactivité
Disposé dans un simple boitier Amaray, Kill n’est accompagné d’aucune présentation ou interview récente. Seuls deux documents d’époques viennent agrémenter le disque avec d’un coté les petits plans intégrants du nus dans leurs versions auto-censurés (avec sous-vêtements ridicules pour cacher l’impudeur) et les rushes muets (mais dans de très bonnes conditions techniques) de quelques séquences tournées en extérieurs pour les complétistes.
Liste des bonus
Plans censurés (1’50’), Rushes de tournage (23′), Bande-annonce.