KARATÉ KID
The Karate Kid – États-Unis – 1984
Support : UHD 4K
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : John G. Avildsen
Acteurs : Ralph Macchio, Noriyuki « Pat » Morita, Elisabeth Shue, Martin Shove, Randee Heller, William Zabka, …
Musique : Bill Conti
Durée : 126 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Français Dolby Digital 5.1, Anglais DTS HD Master Audio 5.1, 2.0 et Dolby Atmos
Sous-titres : Français
Éditeur : Sony Pictures
Date de sortie : 4 mai 2022
LE PITCH
Fraîchement débarqué en Californie avec sa mère, le jeune Daniel Larusso est pris en grippe par Johnny Lawrence et sa bande, tous membre du dojo Cobra Kai dirigé par l’impitoyable John Kreese. Daniel va devoir convaincre le vieux concierge de son immeuble, Mr Miyagi, de lui enseigner le karaté pour se défendre …
« Wax on, wax off ! »
Succès surprise de l’été 1984 au milieu de classiques tels que S.O.S Fantômes, Gremlins ou Indiana Jones et le temple maudit, Karate Kid a généré trois séquelles, un remake (sur lequel il vaut mieux ne pas s’étendre) et, surtout, la série Cobra Kaï, véritable cure de nostalgie diffusée sur YouTube Red puis Netflix depuis 2018. Sa réédition en 4K UHD est l’occasion de chanter une fois encore les louanges d’un petit bijou où se mêlent leçons de vie, choc des cultures et apprentissage des arts martiaux.
En récoltant 270 millions de dollars de recette à sa sortie en 1982, Rocky III : l’Oeil du tigre confirme l’engouement du public pour la franchise de Sylvester Stallone et pour un genre, le « film de sports ». Producteur de Cruising et du Diner de Barry Levinson, Jerry Weintraub aimerait bien s’engouffrer dans la brèche et avoir « son » Rocky. S’appuyant sur un article de journal racontant l’histoire d’un adolescent maigrichon devenu un as des martiaux pour ne plus avoir à subir le harcèlement brutal de camarades de classe, Weintraub commande un script à un débutant sous contrat nommé Robert Mark Kamen (encore loin du complice servile des pires productions Luc Besson) et qui ne se fait pas prier. Car, coup de bol, cette histoire, c’est aussi la sienne, Kamen s’étant lancé dans le karaté à l’âge de 17 ans à la suite d’un passage à tabac, passant d’un senseï agressif et revanchard à un enseignement plus traditionnel et pacifiste auprès du dojo d’Okinawa, Gôjû-Ryû. Les deux histoires se mêlent donc dans un scénario quasi-autobiographique auquel Robert Mark Kamen donne les aspects d’une fable populaire à destination des adolescents. De l’article qui lui sert de point de départ, il extrait le personnage de Daniel Larusso (Danny Weber avant que Ralph Maccio n’impose ses origines italiennes), garçon chêtif et impatient un peu trop couvé par une mère célibataire. De sa propre expérience, il dessine les contours de son antagoniste Johnny Lawrence et de la rivalité et des différences philosophiques entre le dojo Cobra Kaï tenu d’une main de fer par un vétéran du Vietnam qui n’enseigne pas la pitié et le style minimaliste et authentique de Mr Miyagi. Et le tout d’être saupoudré d’une romance tout à fait classique entre Daniel, le gamin sans un sou en poche, et Ali, la belle blonde des quartiers riches, presque un hommage à La Belle et le Clochard de Disney !
« Sweep the leg. »
Quitte à s’inspirer de Rocky, autant s’offrir les services des artisans du succès de la saga Balboa. Sa carrière mise en difficulté par le bide de A Night in Heaven, drame romantique avec Christopher Atkins et Lesley Anne-Warren sur fond de Bryan Adams, John G. Avildsen accepte le poste de réalisateur, conquis par un scénario qu’il juge très solide. Dans ses bagages, il amène le chef opérateur James Crabe et le compositeur Bill Conti, indissociables de la réussite du premier Rocky, le premier ayant su capturer l’atmosphère des quartiers pauvres de Philadelphie et le second étant devenu avec le thème « Gonna Fly Now » l’auteur d’une fanfare désormais emblématique d’un sport, la boxe, et des entrainements spectaculaires de ses nouveaux gladiateurs. Avildsen sait donc qu’il peut s’appuyer sur une équipe talentueuse et concentre toute son attention sur le casting. Révélé par Outsiders de Coppola, Ralph Maccio est parfaitement crédible en gosse déraciné du New Jersey, l’acteur n’ayant qu’à forcer légèrement le trait sur le côté grande gueule de son personnage. Plus jeune mais néanmoins plus impressionnant physiquement que Maccio, William Zabka gagne le droit d’incarner Johnny Lawrence après avoir empoigné Avildsen par le col lors des auditions, un coup de poker qui renvoie Crispin Glover, autre prétendant au rôle, dans les cordes. Malgré des rumeurs (démenties depuis) impliquant Chuck Norris en personne, Martin Klove s’impose sans difficulté dans le kimono de John Kreese, mentor maléfique et un brin raciste, Donald Trump du karaté avant l’heure. Quant à Elisabeth Shue, son sourire est sa meilleure arme pour faire la différence face à des concurrentes du calibre de Demi Moore et Helen Hunt.
S’il est un point sur lequel Avildsen bute contre les exigences de ses producteurs, c’est bien sur le choix de l’acteur devant incarner Mr Miyagi, essentiel dans la réussite – ou l’échec – de Karate Kid. La Columbia voudrait Toshiro Mifune, lequel passe des bouts d’essais mais impose une image trop cassante et sévère. Mako est à son tour sollicité mais préfère s’engager dans Conan le Destructeur de Richard Fleischer. Débouté à plusieurs reprises, Noriyuki « Pat »Morita finit par remporter les suffrages malgré l’inquiétude suscité par son passé de comique, notamment dans la sitcom Happy Days. L’alchimie miraculeuse avec Ralph Maccio, son espièglerie calquée sur les vieux maîtres improbables des comédies kung-fu du cinéma hong-kongais et le parallèle émouvant entre sa jeunesse dans les camps d’internement pour japonais lors de la Seconde Guerre Mondiale et la mort de la femme et du nouveau-né du personnage dans ces mêmes camps font bien vite oublier la suspension d’incrédulité exigée du public lorsque Miyagi affronte tout seul la bande de Johnny Lawrence dans une scène au découpage fragile.
Pas franchement exempt de défauts (l’histoire d’amour entre Daniel et Ali ne produit pas les étincelles attendues et le final est un peu trop abrupte et prévisible) et fermement ancré dans son époque, Karate Kid balaie pourtant la critique par sa sincérité et un cœur gros comme ça qui ne peuvent que faire rêver tous ceux qui, un jour ou l’autre, ont eu à subir les moqueries et les brimades des brutes de leur collège. Banzaï !
Image
D’abord disponible au sein d’un coffret trilogie exclusif à l’enseigne Fnac, la copie 4K et HDR de Karate Kid fait aujourd’hui cavalier seul dans une édition anniversaire. Le grain n’a pas été évacué et s’intègre harmonieusement à une image à la luminosité et aux contrastes revus et corrigés pour restituer avec davantage de fidélité la photographie joliment 80’s de James Crabe et les superbes plages ensoleillées de la Californie. La réussite est totale et fera vibrer la corde nostalgique de tous les quinquagénaires (ça ne nous rajeunit pas) qui ont pu découvrir le film en salle il y a 38 ans de cela.
Son
Avantage et victoire par KO au Dolby Atmos 7.1 qui a le bon goût de ne pas trop en faire et de donner une ampleur suffisante à la musique de Bill Conti (et aux tubes de Bananarama et Joe Esposito) et aux scènes de tournoi avec une ouverture joliment immersive. Les puristes retrouveront aussi les pistes 5.1 et Stéréo déjà connues et la version française et son doublage culte ne démérite pas face à ses homologues grâce à une belle dynamique et une propreté irréprochable.
Interactivité
Le commentaire audio du réalisateur John G. Avildsen, de Ralph Maccio et de Robert Mark Kamen, le making-of passionnant et les différentes featurettes (dont une centrée sur Bill Conti) demeurent l’apanage du format blu-ray que l’on ne retrouve pas ici, malheureusement. La galette UHD rajoute à la liste un court sujet de dix minutes mis en boîte pour la promotion de la saison 2 de Cobra Kai où Ralph Maccio, William Zabka et Martin Klove reviennent avec bonne humeur sur leur personnage et leurs scènes favorites du premier film. C’est peu malgré le plaisir toujours intact de voir s’exprimer les trois acteurs.
Liste des bonus
« Les souvenirs de Karate Kid : un retour en arrière avec les acteurs Ralph Maccio, William Zabka et Martin Klove » (10 minutes) / Bande-annonce de Cobra Kai.