JUSQU’AU BOUT DU MONDE
The Dead Don’t Hurt – Mexique, Danemark, Canada – 2023
Support : Bluray
Genre : Western
Réalisateur : Viggo Mortensen
Acteurs : Vicky Krieps, Viggo Mortensen, Solly McLeod, Garret Dillahunt, Danny Huston, Nadia Litz, W. Earl Brown…
Musique : Viggo Mortensen
Durée : 129 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais, français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan Film & Video
Date de sortie : 12 septembre 2024
LE PITCH
L’Ouest américain, dans les années 1860. Après avoir fait la rencontre de Holger Olsen, immigré d’origine danoise, Vivienne Le Coudy, jeune femme résolument indépendante, accepte de le suivre dans le Nevada pour vivre avec lui. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate, Olen décide de s’engager et Vivienne se retrouve seule. Elle doit désormais affronter Rudolph Schiller, le maire corrompu de la ville, et Alfred Jeffries, important propriétaire terrien.
Old Fashion
Pour sa deuxième réalisation, après Falling en 2020, l’acteur Viggo Mortensen signe un western singulier et intimiste confirmant ses aptitudes derrière la caméra. Avec une excellente Vicky Krieps et des images magnifiques, Jusqu’au bout du monde est une réussite à découvrir.
Mine de rien, alors qu’il fêtera prochainement ses soixante-cinq ans, l’acteur américano-danois Viggo Mortensen s’est forgé une carrière atypique. Passant allégrement des grosses productions, avec sa participation décisive au Seigneur des anneaux, aux œuvres d’auteur comme David Cronenberg, cet artiste accompli (poète, peintre, photographe…) s’essaye désormais à la réalisation. Après le drame Falling en 2020, l’acteur féru de western (il joua notamment dans Appaloosa, Jauja ou Hidalgo) apporte sa pierre à la riche filmographie du genre avec Jusqu’au bout du monde, tourné entre la province de Durango au Mexique et le Canada.
Loin des films épiques ou des règlements de compte cruels et sanguinolents, son western s’avère au contraire intimiste et quasi-naturaliste grâce à une magnifique image rendant grâce aux superbes paysages mexicains qui figurent le Nevada où le couple star s’établit. Avec en toile de fond, la Conquête de l’Ouest, le réalisateur suit un couple d’immigrés avec Mortensen en exilé danois et la touchante Vicky Krieps en canadienne francophone. Les soubresauts de l’Histoire, comme l’irruption de la Guerre de Sécession, ou bien la corruption généralisée de la ville dont Mortensen est le faible shérif, sont admirablement dépeints dans un récit structuré en un long flash-back.
Love story
Malgré un rythme lent, voire lancinant, et une action particulièrement sage ponctuée par deux fusillades meurtrières, Mortensen, qui a également produit le film ainsi qu’écrit le scénario et la musique du film, signe une œuvre singulière volontairement contemplative. Cherchant à reproduire un Ouest, un « bout du monde » réaliste, le réalisateur s’intéresse avant tout à ses personnages. César de la meilleure actrice en 2022 pour sa prestation dans Serre-moi fort, Vicky Krieps est de nouveau parfaite dans ce rôle de femme indépendante cherchant sa voie dans un monde d’hommes vicié. Le couple atypique qu’elle forme avec le placide Mortensen s’avère être le sel de ce petit film beau et touchant sans être inoubliable.
Nous pourrons notamment regretter une construction un poil trop alambiquée et le peu de place accordée aux méchants du film, pourtant exemplaires. L’encore méconnu Solly Mcleod est notamment la révélation du film. Fils pourri-gâté d’un propriétaire terrien bien campé par Garret Dilahunt, il est la bombe à retardement d’un film au contraire très tranquille. A noter également la belle interprétation de Danny Huston (le fils de John), parfait en politicien et banquier véreux (les deux ne sont pas incompatibles !).
Western mélancolique et romantique, centré sur ses personnages plutôt que sur l’Histoire, Jusqu’au bout du monde peut aussi être perçu comme un témoignage sur les parcours individuels des immigrés durant la naissance du pays et sur la place de la femme dans la société d’alors. Simple et élégant, à l’image de son réalisateur, ce beau film mérite en tout cas d’être (re)découvert suite à sortie relativement anonyme dans les salles françaises en 2024.
Image
Le Master HD présenté ici s’avère spectaculaire avec une définition irréprochable et un format 2.35 mettant parfaitement en valeur les paysages. Les couleurs sont marquées et saturées ajoutant un côté à l’ancienne bienvenu : une réussite !
Son
Les deux pistes 5.1 proposées (VO et VF) remplissent parfaitement leur rôle en assurant des dialogues clairs et intelligibles ainsi qu’un mixage efficace de la belle BO concoctée par Viggo Mortensen « himself ».
Interactivité
Pour compléter cette belle édition, Metropolitan nous propose quasiment 1h30 de bonus. Les scènes coupées présentées sont bien dans la veine du film sans apporter grand-chose à un film souffrant déjà de quelques longueurs. L’entretien croisé des deux stars du film nous en apprend un peu plus sur la genèse du film, pensé en plein Covid.
Enfin, le Making-Of s’avère être la pièce de choix de ces bonus avec un Mortensen polyglotte expliquant sa démarche, de magnifiques images des décors situés sur d’anciens sites ayant appartenu à John Wayne et les nombreux témoignages des acteurs et techniciens.
Liste des bonus
Making of (68’) ; Scènes coupées (6’) ; Entretien avec Vicky Krieps et Viggo Mortensen (10’) ; Film annonce (1’) ; Bandes-annonces Metropolitan Films (7’).