JUMEAUX & ARRÊTE OU MA MÈRE VA TIRER
Twins & Stop or My Mom Still Shoot – Etats-Unis – 1988, 1992
Support : Bluray
Genre : Comédie
Réalisateur : Ivan Reitman, Roger Spottiswoode
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Danny Devito, Sylvester Stallone, Kelly Preston, Estelle Getty…
Musique : Georges Delerue, Alan Silvestri
Durée : 87 & 106 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 17 août 2021
LE PITCH
Deux frères faux-jumeaux issus d’expérience génétique se découvrent au bout de 30 ans
Un policier indépendant doit faire avec l’irruption dans sa vie de sa mère envahissante.
Les temps sont durs pour les héros
Le cinéma d’action des années 80 pouvait se résumer à deux noms (où quatre gros bras diront les médisants). Comme deux boxeurs de légende s’affrontant au fil des années sur le ring, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger ne pouvaient s’empêcher de compter les rounds pour savoir qui allait faire cracher le plus de billets verts au box-office.
Deux stars, deux égos démesurés. A ma droite Sylvester Stallone, self made man qui, à force de persévérance mènera son personnage de Rocky vers la gloire critique et le succès historique qu’on lui connaît. Le rêve d’une Amérique qui prône la réussite. Tout comme le nom du boxeur, celui de Rambo est lui aussi une icône qui a traversé les océans et les générations. Peu d’acteurs peuvent se targuer de rivaliser avec une aura visuelle aussi forte, à moins de …s’appeler Terminator.
A ma gauche, Arnold Schwarzenegger est devenu cet outsider qui n’a pas attendu les années pour rivaliser avec la star en place. Une autre facette du rêve américain, celui de l’immigré à qui tout réussit. De Mister Univers à Conan, l’acteur de Terminator et de Predator vaut de l’or et ce n’est pas un tort (comme dirait Michelle, désolé).
Outre leurs rôles fard, les deux mastodontes ont œuvré avec brio dans le cinéma d’action jusqu’à plus soif. Lorsque l’un refusait un script, on le proposait à l’autre et ainsi de suite. Avides de se renouveler et par crainte de tourner en rond, les deux lascars ont l’idée pas si saugrenue de se tourner vers le registre de la comédie avec plus ou moins de succès.
Dieu de l’Olympe
Le premier à oser franchir ce cap sera Schwarzy. En effet, l’Autrichien est plus enclin que son adversaire à pratiquer l’autodérision et a déjà acquis son public à l’exercice par nombre de punchlines légendaires. Ce passage prémédité et réfléchi ne devra pas se faire à la légère. Comme pour ses films d’action, il veut s’entourer des meilleurs. Il s’est laissé guider par des Cameron et McTiernan qui ont su l’emmener au sommet. Il va appliquer ici la même formule. Entre les cartons US d’Arrête de ramer, t’es sur le sable et des Bleus qui ont transformés Bill Murray d’acteur en star, le réalisateur Ivan Reitman s’impose comme le roi de la comédie 80’s. Aussi, entre ses deux Ghostbusters, il s’offre une parenthèse Schwarzenegger. L’idée-concept du film est fabuleuse : faire de Danny Devito le frère jumeau de monsieur biscoto. Lui, le petit, trapu, sorte de boule de nerfs sur pattes sera son parfait alter ego. Ce duo aussi antinomique que Laurel et Hardy va faire la joie des spectateurs qui ovationnent cette comédie. Arnold joue avec sa propre image, parodie l’arrivée de son personnage en Amérique, comme lui-même débarquant de son Autriche natale. Même s’il se fait souvent déborder par l’énergie virulente de Devito, sa tête d’ahuri fait ici merveille. Ce trio gagnant fier du résultat essaiera de réitérer la formule quelques années plus tard avec le bien moins réussi Junior.
Dans les bas-fonds
Impossible pour Stallone de rester pantois et de se faire piquer la couronne. Lui aussi veut en découdre sous la caméra du génial John Landis en prenant à son compte le rôle que tenait Louis De Funès dans le film Oscar. Oubliable, cet Embrouille est dans le sac fut telle une comète sur la toile et ne resta que peu de temps à l’affiche. Pas question de faire marche arrière, lorsque l’on tombe de cheval il faut y remonter sitôt après la chute. Sly compte se ressaisir avec son prochain projet. Une production Reitman justement, déjà proposée à son adversaire de toujours. La légende veut que Schwarzy ait fait volontairement monter les enchères sur ce titre afin que Stallone piqué au vif s’y engouffre. Le fourbe ! Arrête ou ma mère va tirer rentre donc en production pour de mauvaises raisons avec Roger Spottiswoode à la réalisation. Le metteur en scène s’était déjà essayé au duo improbable avec son Turner & Hooch où Tom Hanks s’acoquinait les services d’un chien-dogue de Bordeaux. Ici Stallone fait les frais d’Estelle Getty (avec au compteur les 177 épisodes de la série Les craquantes) en guise de Maman pas vraiment bienvenue, venant mettre le boxon dans sa vie de flic. Spottiswoode ne s’est jamais montré moins inspiré que sur ce coup. Faute à un scénario risible, nimbé de fautes de goût (Stallone se rêvant en couche-culotte en pleine intervention !!!). On sait que lui-même avait une mère assez castratrice, espérons pour lui qu’il ne s’est pas servi de ce film comme d’un exutoire au goût de séance de psychanalyse. Malgré tout le respect que l’on peut avoir pour l’ami Sly, le résultat est embarrassant. Lucide, lui-même le considère comme le plus mauvais film de sa filmographie qui compte déjà quelques cadavres.
Faux-ennemis, cette guéguerre de fiction, les deux acolytes aiment l’alimenter via les journalistes. Leur compétition a beau être réelle, leur affection naissante aussi. Il n’est pas rare que l’un taquine l’autre dans ses films (Rambo dans Jumeaux ou Terminator dans Arrête ou ma mère va tirer). Les exemples sont nombreux. Si Schwarzy gagne largement aux poings cette fois, Stallone ne sera pas revanchard pour autant. Il invitera sa Némésis dans sa bande de copains des Expendables. C’est beau l’amitié.
Image
Les deux films bénéficient du même traitement visuel. A savoir des copies correctes mais fatiguées et accompagnées de grains parfois tenaces non dénués de petites griffures de ça de là. Le piquet reste cependant valable et les contrastes tiennent malgré tout bien la route.
Son
La Vf reste la plus attractive, suffisamment nette pour se replonger avec nostalgie dans l’ambiance de cette fin des années 80, notamment grâce à la voix d’Alain Dorval qui double Sylvester Stallone.
Interactivité
Les deux films proposent comme à l’accoutumée chez Éléphant, des présentations par des intervenants différents mais complémentaires. Julien Comelli et Nico Prat ne peuvent qu’aborder les rivalités filmiques des deux stars principales tout comme leurs apports dans le cinéma de cette époque. Un making of promotionnel accompagne en plus Arrête ou ma mère va tirer ainsi qu’une fin alternative qui a le mérite d’être restée “alternative”.
Liste des bonus
Jumeaux: « Timide et sans complexe » : document de Julien Comelli (14’), Bande-annonce d’époque (1’).
Arrête ou ma mère va tirer : Le film par Nico Prat (16’) ,Making of (5’), Fin alternative (2’), Bande-annonce (2’).