JUKAï : LA FORET DES SUICIDES
樹海村 – Japon – 2021
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Takashi Shimizu
Acteurs : Anna Yamada, Mayu Yamaguchi, Rinka Otani, Fuju Kamio, Haruka Kudo, Jun Kunimura…
Musique : Takashi Ohmama
Durée : 117 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Japonais et Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : The Jokers
Date de sortie : 16 mars 2022
LE PITCH
Alors qu’il longe la forêt d’Aokigahara, un automobiliste tombe sur deux fillettes perdues et désorientées. De son côté, Hibiki, jeune fille tourmentée, trouve une étrange boîte faite d’écorce, qui semble en lien avec des accidents mortels.
Légendes urbaines
Le début des années 2000 fut décisifs pour l’avenir du cinéma d’horreur japonais. D’abord avec Hideo Nakata et son Ringu, adaptation d’un roman de Koji Suzuki, qui n’attendit pas bien longtemps pour s’exporter et connut pléthore de suites. Ensuite, dans son sillage, le Ju-On du jeune Takashi Shimizu connut lui aussi le succès outre-atlantique via plusieurs itérations qui prirent le titre américain de The Grudge.
Vingt ans plus tard, même si les deux auteurs continuent de verser dans leur domaine de prédilection, la folie s’est un peu calmée. Takashi Shimizu commence alors une nouvelle série de films centrée autour de légendes urbaines. Inunaki en 2019 puis Jukai Mura l’année dernière, qui nous arrive donc cette année dans son écrin bleu. Alors, vivement la suite ou pas ? Ou pas.
Si Inunaki parlait d’une légende japonaise racontant l’histoire d’un mystérieux village, Jukai Mura parle lui d’une forêt. Celle d’Aokigahara, située au pied du célèbre Mont Fuji sur plus de 35m². Une forêt dont le principal mystère réside dans le fait que les autorités y aient retrouvé un nombre important de personnes décédées et plus exactement pendues. De quoi alimenter tous les fantasmes et donner la base nécessaire à un énième spécimen de la fameuse J Horror, toujours aussi friande d’histoires macabres et de malédictions tapies dans l’ombre.
La forêt des ronflements
Au centre de son histoire, Shimizu va choisir de mettre le destin de deux sœurs, dont l’une d’entre elles (incarnée à l’écran par Anna Yamada) est particulièrement marquée psychologiquement. A ses démons intérieurs, le réalisateur va rajouter une mystérieuse boîte (d’écorce palpitante, brrr!) lui étant intrinsèquement liée et apportant la mort autour d’elle (ce qui donnera toujours l’occasion de quelques décès aussi inattendus que soudains). Et comme si cela ne suffisait déjà pas, l’histoire d’une youtubeuse perdue dans la dite forêt et bientôt rejointe par quelques fans (décérébrés) contents de partir à la recherche de leur idole (lol).
Si on peut déjà reprocher aux différents éléments de l’intrigue de ne pas trop jouer la carte de l’originalité (la boîte fait quand même sacrément penser à la puzzle box d’Hellraiser), on pourra aussi y rajouter le fait qu’à peine une partie du mystère dévoilé, il est encore question d’un village perdu aux milieux des bois (comme le précédent film du réalisateur). Un fait un peu fâcheux que viendront nourrir une absence totale de rythme et une écriture franchement bâclée qui ne prend jamais le temps de développer un tant soit peu ses personnages. Quant à l’horreur et le frisson espérés, ils ne viendront qu’en toute fin du métrage, dans un climax certes intéressant (qui renvoie le temps de quelques secondes à une version végétale du Tetsuo de Tsukamoto) mais bien trop fugace pour faire pencher enfin la balance du bon côté.
Ce qui aurait pu donner un beau spécimen d’horreur à la japonaise n’est donc qu’un énième ersatz trop long et sans grand intérêt se contentant de recycler quelques idées récupérées ici ou là et sans jamais se donner la peine de raconter une histoire faite de personnages charismatiques et cohérents. On espère qu’Ushikubi Village, prévu cette année, sera d’une autre trempe. Il est pour l’instant permis d’en douter.
Image
Un bel éventail de noirs profonds, insondables même, qui profite d’une très large partie du film, mais face auquel quelques passages très éclairés (la scène de l’hôpital, les pérégrinations en caméra DV de la youtubeuse…) témoignent de la qualité des contrastes. Quant aux flous savamment positionnés, les lumières tremblotantes et les subterfuges voulant « salir » l’image (la cérémonie du village), ils sont eux aussi particulièrement bien servis par le traitement numérique.
Son
Une DTS-HD qui fait le travail notamment côté bande son, comme toujours dans ce genre de films, assez généreuse en termes de sons étranges s’invitant dans les enceintes dès que l’occasion se présente. Mais le tout est clairement à l’image de l’arythmie du film : en manque flagrant d’énergie.
Interactivité
Un seul supplément sur le disque : l’interview du réalisateur par Azz l’Épouvantail, un youtubeur spécialisé dans l’horreur et qui s’en sort plutôt pas mal en posant de bonnes questions. Durant l’échange, Takashi Shimizu nous fait part des thèmes de prédilections de son écriture, la famille, les souvenirs, les minorités… Un entretien pas désagréable et plutôt intéressant qui aide à comprendre un peu mieux l’artiste.
Liste des bonus
L’horrible interview : Entretien avec Takashi Shimizu (18’).