JOHN DIES AT THE END
Etats-Unis – 2012
Support : Bluray
Genre : Fantastique
Réalisateur : Don Coscarelli
Acteurs : Chase Williamson, Rob Mayes, Paul Giamatti, Clancy Brown, Glynn Turman, Doug Jones…
Musique : Brian Tyler
Image : 1.78 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 anglais
Sous-titres : Français,
Durée : 99 minutes
Éditeur : ESC Editions
Date de sortie : 13 novembre 2024
LE PITCH
John et Dave, deux jeunes losers attachants, vont tester le pouvoir d’une drogue surpuissante : la « SOY SAUCE ». Ils vont ensuite découvrir une réalité alternative peuplée de démons…
Phantasm fantasque
Film sensation du PIFFF 2012, le très attendu John Dies at the End marquait les retrouvailles avec le réalisateur atypique Don Coscarelli, créateur de la fameuse saga des Phantasm. Un film déjanté, frénétique et inclassable qui semblait parfaitement faire office de profession de foi pour cette deuxième saison d’un festival déjà épique.
A nouveau absent depuis dix ans des salles de cinéma comme du marché vidéo, Don Coscarelli resteun cinéaste déjanté, à l’humour salvateur et aux obsessions thématiques et esthétiques abracadabrantesques. Manifestant un intérêt certain pour tout ce qui est monstrueux, absurde, ainsi que pour les personnages fous à lier, Coscarelli, de film en film, depuis sa première œuvre culte, Phantasm, déploie son imaginaire avec une liberté artistique et une générosité rare, articulant avec intelligence son manque de moyens et donc son recours le plus souvent à des effets spéciaux de bric et de broc au service de son style fantasque et de ses fantasmes cinématographiques délicieusement absurdes. C’est ce qui se dégageait des nombreuses et mineures suites de Phantasm, mais aussi et surtout de Bubba Ho-Tep, chef d’œuvre loufoque, affichant tous une extravagance et un sens du Grand-Guignol qui manque malheureusement au cinéma fantastique contemporain et particulièrement au cinéma de genre américain. Et dix ans plus tard Coscarelli n’avait rien perdu de son style, John Dies at the End en est la preuve. Démarrant sur les chapeaux de roues par l’arrivée d’un jeune Dylan Dog sous acide racontant son histoire rocambolesque à un journaleux perplexe, interprété par Paul Giamatti qui prend ici à contre-pied son rôle « philosophico-rasoir » du Cosmopolis de Cronenberg, le film enchaine avec une frénésie et un humour rafraichissant les péripéties et autres dingueries d’un récit évoquant aussi bien les délires non-sensiques de Hunter S. Thompson (la poignée phallus, la femme insecte, le téléphone hot-dog, etc.), que l’univers charnel abominable du réalisateur du Festin nu. Toutefois aussi généreux et déjanté qu’il soit le film s’avère incroyablement cohérent et livre une histoire certes délirante mais incroyablement carrée et sensée.
Le retour du Don
Profitant d’une écriture minutieuse, le film de Coscarrelli est en effet un parfait mélange des influences du bonhomme avec ses obsessions personnelles, articulant le tout autour d’un scénario curieusement très rationnel dans son irrationalité. A l’instar du Detention de Joseph Kahn avec lequel il entretient plus d’un point commun (ultra-référentiel, frénétique, etc.), le but de Coscarelli est de propulser le spectateur au cœur d’une histoire imprévisible. Impossible ici de deviner quelle sera l’issue de l’aventure, ni même quels en seront les tenants et les aboutissants. Toutefois, contrairement au film du réalisateur de Torque, John Dies at the End, possède une réelle volonté de raconter quelque chose, là où l’autre est davantage motivé par le fait de filmer une sorte d’anthologie du gloubiboulga de cultures populaires dans lequel baigne la génération actuelle. Le film de Coscarelli séduit ainsi grâce à sa clarté là où Detention, en raison de son milliard d’informations visuelles à la seconde, se révèle quelque peu froid et indigeste. En effet, même s’il déploie une mise en scène à la hauteur de la narration, c’est-à-dire frénétique et pleine d’inventivités, tout y est toujours très clair et maitrisé. Ceux traumatisés lors de la sortie du premier Phantasm peuvent témoigner, Coscarelli est davantage un cinéaste d’ambiance, qu’un virtuose de la mise en scène et Bubba Ho-Tep le prouve, la folie de son postulat de base étant rapidement rattrapée par le minimalisme de son esthétique. Et pourtant ici le cinéaste enchaine les séquences intimistes dans des lieux clos avec des scènes d’actions frénétiques, aidé par d’amples mouvements d’appareil, de sympathiques effets de ralenti, ou encore des angles de caméra particulièrement iconiques, le tout bien évidemment lier par un sens de la dérision omniprésent et des effets spéciaux aussi cheap qu’adapté à cette histoire d’univers parallèles. Le cinéaste se permet même de tourner toute une séquence de son film en cartoon, trahissant l’espace d’un instant la vraie nature de cette œuvre déjantée.
Ces dix années d’attente n’avaient donc pas été vaines et l’on ressort toujours du film à la fois enchanté et persuadé que si John doit immanquablement mourir à la fin, Don Coscarelli lui n’est pas mort, loin de là même !
Image
Tourné en numérique avec des caméra Red One, John Dies at the End ne peut pas totalement se départir de ses contours de film indépendant, quelques peu restreint sur les ambitions budgétaires. L’image est toujours propre, fluide, assez stable et propose des couleurs bien tenues, aux contrastes marqués, toutefois la définition est toujours un poil en retrait. Cela n’est pas dû au Bluray qui certes travaille un piqué soigné mais bien à la captation obligeant à une certaine douceur et quelques contours et matières un peu brillantes. Rien de vraiment dérangeant cependant.
Son
Le film à la diffusion assez restreinte n’a jamais connu de doublage français. Il est donc proposé ici uniquement dans une piste originale DTS HD Master Audio 5.1 tout à fait efficace et plutôt généreuse sur les effets dynamiques, les sonorités enveloppantes et les petits délires sonores. Voix intérieures qui viennent de partout, mouches de Soy Sauce qui buzzent dans tous les sens, explosions de cervelles et vomie qui éclabousse… La restitution est aussi précise que ludique.
Interactivité
Uniquement distribué en France en DVD il y a dix ans, John Dies at the End arrive enfin en Bluray en France, reprenant dans la foulée tous les suppléments (ou presque) de l’édition HD américaine. Au programme un petit making of un peu promo et très enthousiaste qui souligne surtout l’étrangeté du film, un détour plutôt didactique sur les effets spéciaux mécaniques et les maquillages, les essais des acteurs et une rencontre plus approfondie avec l’acteur Paul Giamatti qui explique son intérêt pour le projet et son amour du ciné de genre. On peut aussi découvrir neuf petites scènes ou morceaux coupées qui ne font que rajouter un peu d’étrangeté supplémentaire à l’histoire.
Pour plonger plus avant dans la fabrication et le tournage du film, il faut donc surtout se tourner vers le commentaire audio très complet regroupant Don Coscarelli, le producteur Brad Baruh, et les acteurs Chase Williamson et Rob Mayes. Le plein anecdotes et d’informations avec un réalisateur vraiment rompu à l’exercice.
Liste des bonus
Commentaire audio avec le réalisateur Don Coscarelli, le producteur Brad Baruh, et les acteurs Chase Williamson et Rob Mayes, « Les Corps des créatures : l’effet sauce soja » (9’), Sessions de casting (7’), Interview avec Paul Giamatti (10’), « Se mettre dans la sauce » : le making of (7’), Scènes coupées (10’), Bande-annonce (2’).