JERRY MAGUIRE
États-Unis – 1996
Support : UHD 4K
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Cameron Crowe
Acteurs : Tom Cruise, Cuba Gooding Jr., Renée Zellweger, Kelly Preston, Jerry O’Connell
Musique : Nancy Wilson
Image : 1.85 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, DTS HD Master Audio 5.1 anglais, français, allemand, italien…
Sous-titres : Français, anglais, néerlandais, allemand…
Durée : 138 minutes
Éditeur : Sony Pictures
Date de sortie : 03 mai 2023
LE PITCH
Jerry Maguire agent de stars du sport américain, est riche, beau et célèbre. Mais sa vie mondaine lui pèse, et une nuit il se remet en question dans une note qu’il rédige, où il tente de définir le sens qu’il voudrait donner à sa vie. Cette rétrospection va provoquer son licenciement, puis tous ses amis vont le trahir. Seule Dorothy, son assistante, et Rod, un footballeur facétieux, vont lui rester fidèles.
Sur le chemin de la réussite
Tom Cruise peut-il vraiment échapper à son image de gagnant ? De visage ultra-bright du capitalisme américain ? C’est en tout cas ce qu’il s’efforce de faire croire dans le sympathique Jerry Maguire, portrait on ne peut plus classique mais agréable, d’un winner déchu sur le chemin de la rédemption.
Scène nocturne, voix off, tube rock planant en fond, Tom Cruise encore tout en charme et sans silicone, rejouerait presque les Risky Business qui le fit exploser 10 ans plus tôt avec ici un agent sportif qui soudain se remet en question, doute de son métier et surtout de la perte totale de respect de l’humain sur l’hôtel du profit. Les 90’s parlent aux 80’s. Mais bien entendu Jerry Maguire, qui a largement distribué sa profession de foi, est rapidement licencié, abandonné par tous (ou presque) et doit se reconstruire pour mieux rebondir. Un grand classique de la comédie américaine, pétrie des grands élans optimistes et convaincus à la Capra, où la star sait encore jouer à la fois de son charme naturel et de failles psychologique apparentes, ici en l’occurrence une grande dépendance au regard des autres et un besoin de réussite. Parfois à la limite du too much dans son jeu, il se reprend systématiquement de justesse et ces excès d’égo nourrissent brillamment le personnage. Portrait d’un homme typique de son temps, portrait d’un milieu professionnel très particulier, Jerry Maguire prend cependant le risque de courir de nombreux lièvres à la foi, et perdra par exemple en cours de route l’opposition idéologique engagée dans les premières minutes du film.
Touchdown
De l’affrontement avec le concurrent, et ancien « apprentis », les trahissons terrible d’un milieu enseveli sous le pognon et où la notion d’honneur est en perte de vitesse, il n’en restera pas grand-chose, éclipsé entre autres par l’amitié naissante avec le dernier poulain, joueur de football excentrique et un poil caractériel étonnamment joué avec beaucoup de justesse par Cuba Gooding Jr. et qui lui vaudra l’oscar du meilleur second rôle en 1997. Mais Jerry Maguire est bien entendu aussi une comédie romantique à l’ancienne, où la gentille comptable, déjà amoureuse de son futur patron dès le premier plan, va devenir son épaule, sa confidente, son alliée et bien entendu à terme… l’amour de sa vie. Incarnée par une Renée Zellweger elle aussi encore épargné par ces futurs tics d’actrice, cette modeste et touchante Dorothy « normalise » le personnage et le rattache, par son franc parlé et par la présence de son jeune fils, à une certaine réalité et une sincère émotion. Rien que ne soit pas déjà vu ou presque, pourtant Jerry Maguire fonctionne plutôt bien. Grace à l’émulsion évidente entre les acteurs principaux (auxquels il faut ajouter Bonnie Hunt en frangine inquiète), mais aussi par la mise en forme soignée de Cameron Crowe. Un jeune metteur en scène révélé par Un monde pour nous et Singles, et qui a en grande partie assis sa renommé sur son passé de journaliste globetrotteur pour la revue Rolling Stones.
On reconnait forcément ici sa pertinente utilisation de grands classiques pop-rock, qui accompagnent thématiquement plutôt que de simplement illustrer, mais aussi la conscience de s’inscrire dans une certaine tradition hollywoodienne (allez hop au hasard la comédie du remariage) avec juste un soupçon de modernité bien amenée. On lui préfèrera forcément le futur Presque célèbre justement très inspiré par sa propre jeunesse, mais Jerry Maguire reste un petit plaisir indéniable.
Image
Pour son disque UHD, Sony a bien entendu profité d’une première restauration assez remarquable effectuée n 2017 pour la ressortie Bluray du film. Un travail complet avec retour à la source et un respect désormais complet des caractéristiques filmiques du film. Forcément, sa transposition sur support 4K creuse encore plus ses nombreuses qualités avec une image d’une propreté et d’une netteté imparable, mais aussi avec un retour en force d’un grain de pellicule fin et organique, de très jolis reflets argentiques et une profondeur bien mieux ciselée. Le traitement HDR des couleurs ajoute encore en chaleurs et en contraste, insistant sur un rendu plus naturel qu’autrefois.
Son
Sans vraiment bousculer l’atmosphère sonore du film, la nouvelle piste originale Dolby Atmos lui offre une clarté et un relief bien plus ample et immersif. Les dialogues sont bien entendu clairs et subtilement spatialisés, tandis que les nombreux emprunts musicaux gagnent autant en puissance qu’en qualité atmosphérique. Tout y est fait avec amour et finesse.
Interactivité
Proposé en bundle avec le très chargé Bluray du 20ème anniversaire, la première édition 4K pouvait ainsi encore profiter du tout nouveau making of rétrospectif, du déluge de scènes coupées et rallongées (presque une heure !) et de tout le panel des suppléments d’archives (du commentaire audio en PiP jusqu’aux inévitables clips).
Pas de second disque ici, ne reste donc plus sur la galette UHD que le podcast (avec image d’une cassette enregistreuse) « Here’s The Thing » dans laquelle l’acteur Alex Baldwin interroge longuement le réalisateur Cameron Crowe sur l’ensemble de sa carrière. Une discussion effectivement assez intéressante avec un regard à la fois enthousiaste et désenchanté sur le métier, quelques évocations de coulisses pas toujours des plus simples, mais qui ne peut faire oublier l’absence de tout le reste.
Liste des bonus
Podcast de l’émission d’Alec Baldwin « Here’s The Thing » : les temps forts de la carrière de Cameron Crowe (41’).