JE PEUX ENTENDRE L’OCÉAN
海がきこえる – Japon – 1993
Support : Bluray
Genre : Animation, comédie dramatique
Réalisateur : Tomomi Mochizuki
Acteurs : Nobuo Tobita, Toshihiko Seki, Yoko Sakamoto, Yuri Amano
Musique : Shigeru Nagata
Durée : 72 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Japonais et Français en DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Wild Side Video
Date de sortie : 22 juin 2022
LE PITCH
Premier émoi amoureux, et une amitié transformée à jamais. Une silhouette aperçue sur une quai ramène tout à la surface.
Kid’s Return
Longtemps invisible en France et jamais édité en vidéo avant aujourd’hui, Je Peux entendre l’océan est un cas à part dans le catalogue Ghibli. Le premier téléfilm produit par le studio, mais aussi le premier long métrage à ne pas être signé Miyazaki ou Takahata. Une jolie redécouverte.
C’est la grande histoire de Ghibli, constamment en recherche de nouveaux auteurs à même de reprendre le flambeau des deux grands maîtres qui ont fait naître le studio. Dès 1993 alors qu’Hayao Miyazaki commençait à évoquer une fin de carrière proche, le producteur historique Toshio Suzuki imagina confier l’adaptation d’un roman sur l’adolescence pré publié dans Animage à la jeune garde du studio. Une expérimentation in vivo et un petit vent de fraîcheur totalement en adéquation avec le sujet du film justement, traitant de la fin de l’adolescence, du passage à l’âge adulte, de la maturation des sentiments et du rapport aux autres. Un sujet presque gracile, simple sur fond de chronique sentimentale produit en l’occurrence pour la télévision et donc avec un budget moindre qu’à l’accoutumé. Mais de toute façon, les ambitions ne sont pas tout à fait les même et la légère simplification graphique, les décors plus évoqués que reproduits avec un réalisme poussé, accompagne à la perfection un design des personnages plus élancé, semi-réaliste, mais dont ce sont surtout l’émotion et les attitudes qui se dégagent. Une grande véracité se dégage de Je peux entendre l’océan, retrouvant à merveille les atmosphères de cet âge charnière, la mélancolie des derniers étés d’insouciances et la complexité presque théâtralisées des grandes amitiés et des grands amours.
La fille sur le quai
Le film ne parle que de petits riens, un peu comme le fera deux ans plus tard le superbe Si tu tends l’oreille, mais avec le double regard du souvenir d’une époque révolue faisant forcément un peu écho au Souvenirs goutte à goutte de Takahata, et s’évertue à rester tout du long une douce et simple chronique. Petites amertumes et élans d’espoir, la relation houleuse entre le très sérieux Taku et la nouvelle et très jolie Rikako, à fleur de peaux et en marge, est ainsi constamment menacée par un triangle amoureux avec le meilleur ami Yutaka et un drame familial pour la jeune tokyoïte déménagée en province. Des personnages qui hésitent, beaucoup, attendent, quêtent un signe difficile à percevoir chez l’autre. Un dispositif finalement assez classique dans le genre, typique des anime et des mangas mais qui est rendu avec beaucoup de justesse et de fraîcheur par le réalisateur Tomomi Mochizuki. Un grand habitué des séries TV à qui l’on doit par exemple des épisodes de Creamy, Ranma 1/2, Maison Ikkoku, mais qui reste surtout le metteur en scène de l’inoubliable long métrage final de Kimagure Orange Road (Max et compagnie) qui faisait le pari d’éliminer tout le fantastique de la série pour se consacrer uniquement aux sentiments de ses personnages. Les deux films ne ressemblent d’ailleurs énormément dans leur construction et leur tonalité. Ne se hissant jamais tout à fait au niveau des grand classiques du studio, Je peux entendre l’océan reste un très joli film d’animation, subtile, contemplatif et modeste qui provoque toujours quelques bouffées nostalgiques loin d’être désagréables.
Image
Comme toujours avec les Ghibli en HD la qualité est exceptionnelle avec bien entendu un master parfaitement restauré, une image d’une grande pureté, mais où les matières du dessin animé ont été sérieusement préservées laissant filtrer un léger grain organique, et surtout les petites touches de pinceaux et les dégradés sur les décors épurés. La définition est à son meilleur et la colorimétrie fait honneur aux artistes.
Son
Simple stéréo pour les versions française et japonaise, ce qui reste parfaitement en adéquation avec la nature du film, entièrement tourné vers ses personnages et leurs relations. Dans les deux cas la sources est parfaitement clair, direct et équilibré, avec quelques dynamiques bien placées pour les ambiances estivales (invasion de cigales à prévoir) avec un DTS HD Master Audio tout en finesse.
Interactivité
Toujours proposé dans le superbe boîtier en carton recyclé, Je peux entendre l’océan est accompagné de ses deux cartes exclusives. On trouve aussi un long documentaire sur le disque, venant retrouver une part de l’équipe du film dix ans après sa sortie. Produit pour l’ancien DVD Ghibli, « Retour 10 ans en arrière, là où notre aventure a commencé ! » s’offre un joli parallèle avec le dispositif du film, mais permet surtout de revenir sur l’expérience du film, le travail d’adaptation, la construction, l’animation et les designs tout en revisitant les rues de la ville de Kochie qui servie de modèle au film. Entre considérations artistiques et souvenirs partagés, la promenade est parfois un peu longue, mais très agréable.
Liste des bonus
2 artcards du film (16,5 x 12 cm), « Retour 10 ans en arrière, là où notre aventure a commencé ! » (2003, 50’05”, VOST).