JAZZ ON A SUMMER’S DAY
Etats-Unis – 1960
Support : Bluray
Genre : Musique
Réalisateur : Bert Stern
Acteurs : Louis Armstrong, Mahalia Jackson, Chuck Berry, Chico Hamilton, Gerry Mulligan, Big Maybelle, Anita O’Day, Thelonious Monk…
Musique : Divers
Durée : 83 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 15 février 2022
LE PITCH
Réalisé par le grand photographe de mode Bert Stern – à qui l’on doit les célèbres portraits de Marilyn Monroe pris peu de temps avant sa disparition –, Jazz on a Summer’s Day est l’un des tout premiers concerts filmés de l’histoire du cinéma et certainement l’un des plus mythiques.
All That Jazz !
Sélectionné en 1999 pour entrer dans la précieuse collection de préservation de la Librairie du congrès américain pour son importance « culturelle, historique et esthétique », Jazz on a Summer’s Day est un grand classique du cinéma-concert, et une performance inoubliable pour les amoureux du jazz.
1958, le célèbre photographe Bert Stern suit la chanteuse de jazz Anita O’Day au Newport Jazz Festival à Rhode Island. Un rendez-vous établi quatre ans plus tôt à peine, mais déjà devenu un incontournable pour les amateurs de blues et qui cette année-là a encore réussi à réunir la crème cette musique populaire certes, mais loin d’être consensuelle. Lui qui s’efforçait depuis plusieurs mois de faire produire en vain un véhicule cinématographique pour sa compagne sous la forme, par exemple d’une classique comédie musicale, trouve là une compensation en or. Personne ou presque n’avait alors pensé à l’intérêt de filmer un coincer en public, encore moins la succession d’artistes d’un festival, et encore moins en l’abordant comme un véritable objet filmique. La caméra ne se contente pas de rester à distance et de suivre docilement les performances scéniques dans leur entièreté, mais semble souvent vaguer, comme les spectateurs, d’un endroit à l’autre, d’un artiste à l’autre, se laissant emporter par l’atmosphère générale. Il fait chaud, très chaud. La foule, bourgeoise mais pas que, jeune mais pas que, pluriethnique surtout, se laisse pénétrer par la musique, trépignant sur sa chaise, ou se laissant entraîner dans quelques pas de danse devant la scène, aux balcons, dans les appartements avoisinants…
All Night Long
Nous sommes à l’orée des 60’z et le jazz reste encore le symbole d’une certaine rébellion contre l’ordre établi et le vecteur d’un souffle nouveau, car bien entendu essentiellement porté par d’immenses musiciens et chanteurs noirs. Un Summer of Love avant l’heure, dont le sentiment de liberté et de communion musicale semble préfigurer celui du Woodstock dix ans plus tard. Bert Stern capte, avec une certaine improvisation, un instant unique, un tournant dans la société américaine, en mettant constamment en parallèle les gros plans de Big Maybelle, Thelonious Monk, Dinah Washington ou Mahalia Jackson, reine du gospel, avec ceux d’une foule en symbiose et des inserts empruntés aux courses de yacht de l’America’s Cup, pour y apporter un peu de fraîcheur. Sans narration autre que la voix de l’annonceur, les tableaux s’enchaînent comme une suite d’instantanés non exhaustifs d’un rythme à l’autre, d’une voix suave à un coffre rocailleux dont les 90 minutes à peine font office de condensé sublime. Dans cette belle journée de Jazz, on restera inévitablement marqué par le show impérial du roi Louis multipliant les anecdotes entre un Muskrat Ramble et un Ole Rockin’ Chair, par les expérimentations rythmiques bouillonnantes du The Gerry Mulligan Quartet et par ce diable de Chuck Berry qui avec son Sweet Little Siwteen annonce un avenir des plus Rock’n Roll. L’amour, la fête, la musique, le swing, tout est déjà là.
Image
Produit en 2019 afin de célébrer dignement le soixantième anniversaire du film, ce nouveau master 4K a été confectionné à partir des derniers éléments persistants du film. L’image est, et c’est d’ailleurs assez volontaire, loin d’être parfaite laissant apparaître quelques griffures, taches, poussières et autres rides de l’âge. Mais celles-ci sont traitées avec respect et sont parfaitement intégrés à des cadres marqués par une définition pointue qui redonne au film de superbes textures, un grain de pellicule aux jolis reflets argentiques et une colorimétrie généreuse et solaire. Pas une trace de manipulations numériques, mais un objet qui affirme de très belle façon son âge et son élégance.
Son
Il était bien entendu impératif que la piste DTS HD Master Audio 2.0 soit à la hauteur des attentes des mélomanes. Le mono source a été parfaitement restauré, affirmant désormais une clarté et une stabilité inédite où seule la voix profonde de Louis Armstrong provoque de légers effets de saturation.
Interactivité
Quelques petits documents d’archive viennent agrémenter l’édition comme cette courte interview de Bert Stern ou il avoue ne pas avoir imaginé l’importance que pourrait revêtir ce film pour lui et les autres, mais aussi quelques photos signées de sa main d’Armstrong et des coulisses du film. Mais le gros morceau est le long documentaire Bert Stern : Le Premier Mad Man réalisé par Shannah Laumeister Stern, qui retrace la vie du photographe, de la tragédie familiale de son enfance à l’heure de gloire des portraits de star au passage révolutionnaire dans la pub… sans oublier ses multiples conquêtes féminines. Un portait intime dans lequel l’artiste se livre face caméra, usant parfois de la troisième personne dans un mélange de préservation distanciée et de légère mégalomanie. En filigrane c’est là aussi une certaine époque et un milieu qui se révèle entre les lignes.
Liste des bonus
Bert Stern : Le premier Mad Man (89’), Entretien d’archive avec Bert Stern (3’), Planches contacts de photos par Bert Stern (4’), Photos de Louis Armstrong par Bert Stern (3’), Bande-annonce.