INVASION U.S.A.
États-Unis – 1985
Support : Bluray & DVD
Genre : Action
Réalisateur : Joseph Zito
Acteurs : Chuck Norris, Richard Lynch, Billy Drago, Melissa Prophet, Alexander Zale, Eddie Jones
Musique : Jay Chattaway
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 107 minutes
Éditeur : ESC Distributions
Date de sortie : 4 janvier 2023
LE PITCH
Une armée de guérilleros extrémistes communistes dirigée par Mikhail Rostov, d’origine soviétique, un vieil ennemi de l’ex agent de la CIA Matt Hunter, débarque en Floride afin de provoquer le chaos aux États-Unis. Le pays est bientôt secoué par une vague de terrorisme. Hunter se voit confier la mission de localiser et d’éliminer Rostov afin de stopper ces attaques.
Le dernier rempart
Certainement l’un des sommets de la Cannon et le parangon de la castagne selon Chuck Norris, Invasion U.S.A. symboliserait presque à lui tout seul le sens de la mesure et le progressisme (ironie) de l’ère reaganienne. Un spectacle bourrin, régressif et savoureux… à vous de choisir le degré.
Ancienne figure de série B de seconde zone dont la grande heure de gloire fut le face-à-face historique avec Bruce Lee dans La Fureur du dragon, Chuck Norris est véritablement devenu incontournable grâce aux cousins Menahem Golan et Yoram Globus, qui en font leur tête de gondole, leur icone victorieuse de l’actionner explosif. La série des Portés Disparus et des Delta Force vont faire de lui une authentique star du genre et un winner des vidéo-clubs, appuyant qui plus est au passage les relents réactionnaires d’une Amérique clamant au monde entier sa supériorité idéologique, culturelle (outch !) et militaire. Une orientation pas pour déplaire à Chuck Norris, ancien de l’US Air Force, authentique praticien des arts-martiaux, et militant républicain on ne peut plus traditionaliste. En ce sens, la Cannon va lui faire un sacré cadeau avec Invasion U.S.A. doté d’un budget considérable pour la firme (plus de 10000 dollars), un droit de regard sur le script et la production et une communication soutenue et iconisant plus que jamais le barbu avec une affiche des plus mémorables. Bien entendu pour le sujet proprement dit, les petits malins Golan / Globus sont directement allé piocher du coté de l’excellent L’Aube Rouge de John Milius, sorti l’année précédente, et contant l’invasion des États-Unis par une armée Nord-coréenne.
« Toi tu commences à me baver sur les rouleaux! »
Question de corser un peu le tout, l’opus de la Cannon ne se contente pas d’une seule nation mais réunit dans un défilé de caricatures totalement assumées toutes les sales gueules répondant à l’infame appel de la menace communique : cubain (avec gros cigares), chinois, nord-coréen et russes, tous menés par un Richard Lynch vindicatif et psychotique. Leur but ? déstabiliser et anéantir l’Amérique décadente en massacrant les gentilles familles qui souhaitant fêter noël, faire exploser les églises, provoquer des émeutes raciales et annihiler l’économie libérale en ciblant les centres commerciaux et la filière du steak haché ! Aucun respect. Salauds ! Heureusement Chuck Norris, pardons Matt Hunter, veille au grain, lui qui prenait tranquille sa retraite en taquinant l’alligator, reprend la route des armes pour assouvir sa vengeance sur ce salaud de Rostov et sauver l’Amérique à lui tout seul. Retrouvant son copain Joseph Zito (Portés disparus mais aussi Le Scorpion rouge et Vendredi 13 Chapitre 4), il se transforme ici en surhomme, figure increvable et presque omnisciente qui jaillit comme par miracle là où on a besoin de lui. Etrange mélange entre le super-héros et le monstre du slasher (il hante les cauchemar de ses pires ennemis), Chuck Norris vrille aussi vers le cartoon, assenant ses catch phrases de bonhomme avec l’expressivité d’un Droopy, massacrant ses opposant à coups de lattes et de lance-roquette sans même sourciller.
Doté d’une version française particulièrement savoureuse – « Si tu te pointes encore, tu peux être sûr que tu repars avec la bite dans un Tupperware ! » – , Invasion U.S.A. est un spectacle musclé, efficace, spectaculaire, mais aussi totalement déconnecté et limite délirant dans ses excès idéologiques (Harry Calahan passerait presque pour un modérée, une petite bite) et son bodycount sans même recharger les chargeurs des Uzis. Si déjà la structure narrative n’a jamais été un impondérable à la Cannon, il semblerait que Menahem Golan serait passer dans la salle de montage pour évacuer pépère toutes les scènes d’expositions, les caractérisations des personnages et les inserts de transitions entre les différentes grandes scènes. Une autre vision du cinéma, mais qui ici dote définitivement Invasion U.S.A. d’une saveur toute particulière.
Image
Comme la plupart des production Cannon en Bluray, Invasion U.S.A. n’a pas forcément eu les honneurs d’une restauration luxueuse et d’un nouveau scan 2K ou 4K éclatant. Le master HD existant (visible chez Shout aux USA) reste donc un travail uniquement numérique, mais en l’occurrence plutôt poussé et soigné. La plupart des imperfections ont été gommées et surtout la définition s’avère étonnement solide avec des plans biens creusés, des matières bien dessinées et de nombreux détails (poils de torses et gerbes de sang) finement soulignés. Seuls les noirs, un peu mastocs, et les grains, souvent neigeux et instables, montrent les limites du transfert.
Son
Stéréo d’origine sont présents aussi bien pour la version originale que pour la version française, avec dans les deux cas une rudesse qui sied parfaitement au métrage. Le son est assez clair et pêchu, développant une belle énergie sur les avants. La piste anglaise possède bien entendu des accents plus naturels, mais le doublage français, savoureux et bisseux jusqu’au trognon vaut le détour.
Interactivité
Avec une logique aussi implacable qu’un coup de coude dans la mâchoire, Invasion U.S.A. rejoint la collection VHS d’ESC et son fameux packing délicieusement nostalgique. A l’intérieur on trouve les goodies habituels, livret d’une trentaine de pages, les photos d’exploitation, le poster et le magnet virils répondent présents, tout autant que les copies DVD et Bluray. Quelques bonus viennent bien entendu émailler l’évènement, mais aucun de ceux produits en 2016 par l’éditeur américain (commentaire audio du réalisateur, interview du scénariste et featurette sur les effets spéciaux en compagne de Tom Savini). ESC a donc produit deux interviews inédites. Une de Richard Tribouilloy (nanarland) et une d’Arthur Cauras (habitué des titres Van Damme) pour évoquer les grandes heures de la Cannon, l’apparition de l’icône Chuck Norris, sa légende, et la production d’Invasion U.S.A. Deux avis souvent très proches dans les informations et les avis qu’il aurait sans doute été plus pertinent de monter ensemble pour plus de fluidité. L’édition s’achève par un making of d’époque, avec voix superposées françaises et qualité VHS, mais qui permet d’observer de nombreuses scènes de tournage, de déguster quelques interviews promo sur le plateau mais aussi d’apprécier un tournage dans le bayou à coup de dynamites pour exploser les alligators et les serpents qui auraient osé gêner l’équipe de tournage… Tout en finesse jusqu’au bout.
Liste des bonus
« Chuck Norris, une icône des années 80 » avec Richard Tribouilloy de l’équipe Nanarland (20′), « Chuck contre la menace rouge » par Arthur Cauras (19′), Making of (1985, 22′), Bande-annonce.