INTRUDER

Etats-Unis – 1989
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Scott Spiegel
Acteurs : Elizabeth Cox, Renée Estevez, Dan Hicks, David Byrnes, Sam Raimi, Bruce Campbell, Ted Raimi…
Musique : Dick Walter
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 87 minutes
Editeur : ESC Editions
Date de sortie : 9 avril 2025
LE PITCH
Dans un supermarché, les membres d’une équipe de nuit tentent d’échapper aux griffes d’un tueur sanguinaire.
« Il veut casser les prix ! »
Petite péloche un peu oubliée, mais qui fit les belles heures de quelques soirées VHS, Intruder aurait pu s’appeler « Le Tueur du supermarché ». Un slasher de fin de règne mais concoctée par une équipe pleine d’envie et une bonne partie de la famille Evil Dead.
Car si le film a gardé une petite place dans la mémoire des connaisseurs c’est avant tout pour sa proximité avec la bande à Sam Raimi. Le futur réalisateur des Spider-man passe d’ailleurs ici pour une fois de l’autre cotée de la caméra pour un petit rôle secondaire aux coté de son frangin Ted Raimi, mais aussi Bruce Campbell qui fait une apparition dans la scène finale. Rien d’étrange là-dedans, le réalisateur Scott Spiegel fut un copain de lycée de ces lousticks là, mit la main à la pâte sur leurs premiers courts métrages, participa directement à l’expérience Evil Dead, co-signa le scénario d’Evil Dead 2 et continue encore et toujours de faire les caméos dans tous les films, ou presque, de Sam Raimi. D’ailleurs en réussissant à dégotter quelques billets et de la pellicule de seconde main pour tourner son Intruder, d’après l’un de ses propres courts métrages fortement influencés par le Halloween de Carpenter, le réalisateur en herbe aurait aimé lui-aussi connaitre le même destin. Il partage d’ailleurs avec ce dernier l’amour pour les caméras virtuoses, les mouvements tarabiscotés et les points de vue improbables, disposant son objectif dans un cadi qui traverse les allées, au travers d’un cadrant de téléphone, au font d’un seau ou même d’une poignée de porte qui fait tourner lentement l’angle de caméra pour faire monter la tension.
Rayon boucherie en gros
On n’est ici jamais très loin du gimmick et de l’effet de style, mais certaines idées ne manquent pas d’inspiration (la grille de prison reproduite au premier plan lorsque l’héroïne évoque le passé criminel de son ex) et surtout détonne avec la réalisation souvent assez lambda des slashers de la fin des années 80. Un genre qui connaissait alors un sacré essoufflement (Vendredi 13 en est à son 8ème épisode, Halloween à son 5ème) et qui ne tentait plus grand-chose formellement depuis longtemps. Même du coté des meurtres qui sévissent à la chaine, le film se montre très généreux. Après une première victime poignardée hors-champs (mais rassurez-vous, on reverra le cadavre plus tard), et une première partie un peu molle, Intruder prend vraiment plaisir à écharper son casting en l’hameçonnant sur un pic de boucher, en lui écrasant et explosant le corps, en pratiquant l’énucléation et surtout en sciant un tête façon charcuterie à la scie à métaux électrique. Une image qui trône fièrement sur toutes les affiches du monde. Quelques prouesses franchement gores que l’on doit aux petits gars de KNB (Gred Nicotero, Robert Kurtzman et Howard Berger) grands amoureux du travail bien fait. De belles qualités pour un film qui cependant doit tout de même exister malgré un scénario pas bien folichon et des personnages crétins peu mémorables, où on peine à se passionner pour un whodunit prévisible et finalement une utilisation très limitée de l’excellent décors de supermarché en berne.
Pas de quoi devenir une œuvre culte donc, mais ce sympathique petit rejeton du slasher permettra tout de même Scott Spiegel de collaborer avec le producteur Lawrence Bender à qui il présentera quelques temps plus tard un jeune vendeur de vidéoclub qu’il a pris sous son aile : Quentin Tarantino. Ensemble ils signeront Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Jackie Brown et Kill Bill. En juste retour des choses ils permettront à Spiegle de réaliser les plus modestes Une Nuit en enfer 2, My Name is Modesty et de produire les Hostel (tout en dirigeant le 3). Encore une histoire de famille.
Image
En ouverture de programme, l’éditeur s’excuse de l’état de la copie existante du film. Celle-ci est certes toujours abimée avec l’apparition de griffures, taches et points divers persistants, mais elle est cependant très loin d’être honteuse. Produite par Synapse en 2011, cette dernière repose sur un scan 2K d’une copie archivée (sans doute interpositive), la meilleure existante, et d’une restauration qui certes ne gomme pas les affres des années, mais délivre au moins un piqué plutôt solide, une gestion du grain vibrante et organique et un traitement très généreux des couleurs. De jolis contrastes, une définition qui redonne un peu de consistance à un film souvent distribué jusque-là dans des conditions vraiment calamiteuses.
Son
Là aussi le statut plutôt confidentiel du film, et sans doute aussi un tournage à la débrouille, n’assure pas une piste sonore anglaise des plus carrées et spectaculaires. Quelques effets de distances, un très léger souffle parfois, mais les dialogues restent assez clairs et les ambiances avant plutôt confortables.
Le doublage français, très « in your face » est un plus clair mais aussi plus plat avec un niveau sonore bizarrement élevé.
Interactivité
Premier titre d’une nouvelle collection Slash’Edition pour ESC, Intruder s’offre un petit digipack cartonné et un nouveau livret « making of » signé par le tôlier Marc Toullec.
Sur le disque proprement dit on peut visionner le film avec une courte introduction enregistrée par Marie Casabonne (co-autrice du livre Slashers) qui revient ensuite pour une présentation plus conséquente. Dans celle-ci il n’est finalement cependant que peu question du film en présence ici, la cinéphile nous retraçant une nouvelle fois l’historique et les évolutions du genre. Pour les néophytes donc.
Question archive on découvre quelques images des rushs, les essais des acteurs, la galerie de photos et les bandes annonces originales (la française est un petit bonheur), mais on ne retrouve cependant par le making of rétrospectif pourtant présent sur la galette US. Il y a bien le sympathique commentaire audio du réalisateur et du producteur pour compenser, mais celui-ci n’est pas accompagné de sous-titres.
Liste des bonus
Le livret « Intruder : Les copains d’abord » par Marc Toullec (24 pages), Introduction du film par Marie Casabonne, responsable éditoriale chez UniversCiné, rédactrice et autrice (2’), Commentaire audio avec Scott Spiegel et Lawrence Bender (VO), « Aux origines du slasher » : Retour sur les débuts du genre par Marie Casabonne (16’), Séquences de meurtre (10, VO), Auditions des acteurs (11’), Galerie photo : Diaporama en musique (4’), Bandes-annonces d’époque restaurées (1’).