IMPITOYABLE
Unforgiven – Etats-Unis – 1992
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Western
Réalisateur : Clint Eastwood
Acteurs : Clint Eastwood, Gene Hackman, Morgan Freeman, Richard Harris, Frances Fisher, Anna Thomson…
Musique : Lennie Niehaus
Durée : 131 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 Anglais, Dolby Digital 2.0 français, allemand, italien
Sous-titres : Français, néerlandais, espagnol…
Editeur : Warner Bros. Entertainment France
Date de sortie : 07 juillet 2021
LE PITCH
William Munny a tiré une croix sur son passé de criminel et de hors-la-loi. Seuls comptent maintenant ses enfants et la ferme qu’il exploite avec peine. Mais la perspective d’une prime pour abattre les auteurs d’un meurtre odieux ramène Munny au cœur de la violence. Et le paisible fermier redevient un tueur impitoyable…
Le dernier western
Si la carrière, irrégulière, de Clint Eastwood est marquée par une belle poignée de petits chefs d’œuvre, Impitoyable est certainement le plus éclatant, le plus impeccable, se donnant avec son grand retour aux mythes du western, des airs de film somme.
Clint Eastwood a été façonné par les contours du western. De ses premiers petits rôles à la télévision dans des programmes aussi célèbres que Les Aventuriers du Far West à Maverick, à l’explosion italienne de sa trilogie avec Sergio Leone qui ont fait de lui une star planétaire, sans compter sur une belle part de sa filmographie des années 70… Et bien entendu ses propres réalisations, L’Homme des haute plaine, Josey Wales hors-la-loi et Pale Rider, superbes évocations, déjà, de la figure du solitaire dans une Amérique fondatrice loin d’être aussi joyeuse et reluisante que ne le voulaient le faire croire les bonnes vieilles traditions. Et Impitoyable arrive en 1992 comme un point final à cette lente réflexion et à tout un pan de la carrière du monsieur. Cela reste à ce jour son ultime western, et ultime est sans doute le meilleur moyen de le qualifier, tant il a tout d’un adieu somptueux à un genre entier, à une époque et, à une certaine nostalgie d’une époque fantasmée. Celle des fiers cowboys, des gangsters virils, des shérif courageux faisant respecter la loi, des sublimes prostituées apportant quelques réconforts aux aventuriers, au berceau d’une civilisation de héros, de légendes tirant plus vite que leurs ombres.
Les héros ont froid aux oreilles
Ces derniers ont ici bien vieilli, que ce soit Eastwood lui-même rodant une nouvelle fois son personnage de cowboy vieillissant grognant mais peinant à monter sur son canasson, pour qui sont associé Morgan Freeman joue les bonnes consciences, ou le dandy assassin English Bob. Un personnage incarné avec panache par Richard Harris, suivi de près par un romancier biographe fasciné par un western de roman et par lequel justement le cinéaste va créer un jeu de contraste constant entre les prouesses en prose et la réalité, beaucoup moins reluisante. English Bob finira lessivé et honteux, alors que le terrible Little Big Dagget (monstrueux Gene Hackman comme toujours) shérif brutal et amoral, se prendra de passion de réécrire à son tour son propre mythe. Une certaine forme de cynisme à l’encontre de ces figures connues, mais ici dé-stéréotypées, qui culmine dans un gunfight final aussi sec que maladroit, la moitié des coups touchant par hasard tandis que la plupart des hommes de mains s’enfuient ou s’effondrent. Un récit picaresque qui retrouve l’accent réaliste, violent et crasseux du modèle Léone, mais aussi et avant tout la forme plus posée, classique (ou académique) d’une école fordienne que Eastwood sublime à chaque plan par une épure lumineuse. Le contraste alors entre cette vision désenchantée de l’Amérique et la beauté plastique des cavalcades au travers des champs de blés, induisent une autre légende, plus subtile, celle de Bill Munny, anciens truands sans foi ni loi, transfiguré par son épouse mais constamment rattrapé par les démons de son époque.
Un portrait encadré par deux plans crépusculaires, montrant la tombe de la femme de Munny sur fond de couché de soleil, qu’un texte déroulant vient compléter : « Quelques années plus tard, Madame Ansonia Feathers fit le pénible voyage jusqu’à Hodgeman County pour se recueillir sur la tombe de sa seule fille. William Munny et les enfants n’y étaient plus depuis déjà longtemps… […] Et il n’y avait rien sur la pierre tombale qui aurait pu expliquer à Madame Feathers pourquoi sa seule fille avait épousé un voleur et meurtrier de réputation si sinistre, un homme d’une disposition notoirement mauvaise et immodérée. » L’Homme hanté par son image, l’humanité profonde cachée derrière la façade d’un tueur impitoyable, l’élan d’une poésie lyrique et la nécessité de toujours revenir à l’action… C’est un peu de Clint Eastwood dont on parle non ?
Image
Impitoyable faisait partie, assez logiquement, de la première vague de restauration 4K de la Warner, et était sans doute l’une des plus belles réussites. Il faut dire que les techniciens ont entièrement scanné le négatif original en 4K, nettoyé méticuleusement le moins espace de l’image, puis ré-étalonnée les plans pour leur redonner tout leur mordant. Un travail approuvé en fin de chaîne par le réalisateur. La grande qualité de cette galette UHD est de surtout ne pas vouloir en mettre plein la gueule, mais bien de rester au plus près des sensations des spectateurs de salle de 92 et des intentions de Eastwood. Tout se joue donc en subtilité, préservant, accentuant même parfois, des séquences obscures aux noirs écrasants, n’ajoutant pas de détails là où il n’y a pas lieu d’en avoir. Assez surprenant donc, mais tout simplement splendide dans son intégrité plastique, jouant plus que jamais entre les stratosphères nocturnes renfermées, les intérieurs occultants, et la grandeur pastorales des extérieurs en pleine nature. Bien entendu le piqué est inattaquable, le grain de pellicule délicatement préservé, mais les amateurs garderont surtout en mémoire ces quelques séquences éclairées à la bougie ou le traitement HDR donne à Impitoyable les accents d’une toile de Caravage.
Son
Disparue depuis le DVD, la piste stéréo originale a depuis longtemps donc laissé place à un 5.1 plus spectaculaire. Un mix proposé ici dans un DTS HD Master Audio, déjà présent sur le Bluray, et plus que convaincant. La spatialisation est parfaitement intégrée à la dynamique du film, mettant en avant les personnages et les dialogues, disposant de quelques ambiances naturelles, avant de se déchaîner une nuit d’orage ou lorsque la poudre parle dans la dernière bobine. Dynamique et précis, il laisse place à un Dolby Digital 2.0 un peu vieillissant mais sobre, pour le doublage français, d’excellente qualité au demeurant.
Interactivité
Comme pour le coffret collector sorti en 2017 (déjà !), le Steelbook propose dans son boîtier le disque Bluray profitant du même master restauré. Pas de nouveauté par contre à noter du côté des suppléments, tous sur ce second disque d’ailleurs, déjà présents sur la galette bleue de 2006. Le commentaire audio du biographe Richard Schickel n’a toujours pas été sous-titré, et le reste alterne toujours entre le regard porté sur le film en question, et la célébration de la carrière d’Eastwood. Les deux featurettes hésitent entre petites anecdotes et légères analyses / explications de séquences, signées par les trois acteurs principaux et le scénariste. Sympa soit mais rien que ne fait oublier l’absence d’un vrai Making of. On écarte rapidement le segment « Eastwood… une star » bref passage de pommade dont le propos est de toute façon largement plus creusé sur le suivant, et beaucoup plus long, « Eastwood sur Eastwood ». Un travelling large et complet sur la carrière du monsieur, acteur et réalisateur, jusqu’aux années 2000. La section s’achève toujours par le fameux épisode de la série western culte Maverick, tournée en 59, avec un tout jeune Eastwood dans l’un de ses premiers rôles notables pour le petit écran.
Liste des bonus
Commentaire audio de Richard Schickel, biographe de Clint Eastwood (VO) , « Eastwood sur Eastwood » (68’), « Tout le monde veut appuyer sur la gâchette » (22’), « Eastwood & Co » : le making of d’Impitoyable » (24’), « Eastwood… une star » (16’), Épisode « Duel au crépuscule » de la série TV « Maverick », avec Clint Eastwood (49’), Bande-annonce originale.