IL GATTO DAGLI OCCHI DI GIADA
Italie – 1977
Support : Bluray & DVD
Genre : Thriller
Réalisateur : Antonio Bido
Acteurs : Paola Tedesco, Corrado Pani, Paolo Malco, Franco Citti
Musique : Trans Europa Express
Durée : 95 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Italien 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Uncut Movies
Date de sortie : 16 décembre 2021
LE PITCH
Mara, une jeune et jolie danseuse de cabaret est le témoin indirect d’un meurtre brutal commis par un tueur ganté et vêtu de noir. Pensant que la jeune fille détient inconsciemment des informations qui pourraient amener la police à découvrir son identité, l’assassin décide de retrouver sa trace afin de tenter de l’éliminer. De son côté Mara, terrorisée et ne souhaitant pas apporter son témoignage à la police, se confie à son fiancé Lukas sur sa mésaventure afin qu’il essaie de remonter la piste du meurtrier sadique.
Whatch Me When I Kill
Spécialiste du cinéma Bis, et souvent trash, depuis plus de vingt ans, Uncut Movie passe enfin au format HD avec Il Gatto Dagli Occhi Di Giada. Un giallo totalement inédit en France pourtant signé par le méritant Antonio Bido, futur réalisateur du petit classique Terreur sur la lagune.
Le giallo est déjà en voie d’essoufflement lorsque quelques producteurs italiens bien informés décidèrent de transformer le scénario du polar appelé Commissione omicidio, en giallo aux accents très Argento. Pas forcément aux goûts du jeune réalisateur Antonio Bido, qui signe là son premier long métrage, mais à force de recherche et de découvertes des œuvres de ses prédécesseurs (Argento essentiellement mais aussi La Maison aux fenêtres qui rient de Pupi Avati) il semble tout de même y trouver son compte. Pas forcément dans les excès érotiques et ultra-sanglants de ses contemporains, mais plutôt dans la constructions plus rigoureuse et policière des premiers films du genre et surtout dans la restitution d’une atmosphère scabreuse, décadente et inquiétante. Un travail qui passe déjà par la collaboration avec le groupe musical Trans Europa Express crée uniquement pour l’occasion et plus particulièrement pour singer les prouesse électrorock de Goblin, et qui là encore loin du simple décalque réussit à trouver une brillante note plus lugubre et opératique. Renommé pour faire plus giallesque Il Gatto Dagli Occhi Di Giada (littéralement Le Chat aux yeux de jade) le projet se donne alors des airs de retour aux sources, de thriller plutôt élégant où la force des meurtres eux-mêmes repose la plupart du temps sur leur mise en place, sur la montée en tension, plus que sur une exécution laissée hors-champs.
Colère divine
Le meurtre le plus mémorable ne sera d’ailleurs pas celui de la pauvre ménagère enfournée à point mais plutôt celui d’un homme âgé, étranglé dans son bain au son du glorieux Dies Irae de Verdi. Antonio Bido préserve ses ambitions de film d’enquête et nourrit constamment les limites du Giallo par une véritable trame de fond et un mystère opaque dont les révélations ne seront, pour une fois pas tiré par les cheveux. Pas de trauma d’enfance pseudo-freudien, pas de nymphomane ou d’impuissant à voix d’enfant au programme, mais un mal dont les racines plongent directement dans les ténèbres de l’Histoire du pays et se voit alors dotée d’une logique et d’une émotion particulièrement rare dans le giallo. Une transition admirablement amenée par un passage de la Rome moderne aux décors vénitiens (déjà) et anciens de Padoue où la lumière devient plus glauque, la population vieillissante et figée dans le temps et les demeures explorées totalement décharnées et hantées. Peu importe que le couple de héros, Corrado Pani (Rocco et ses frères, Le Parfum du Diable) et Paola Tedsco (L’Accusé) manquent sérieusement de charisme et de sérieux dans leur enquête, c’est la sensation de mort omniprésente, l’omniprésence d’un drame oubliée, l’identité du tueur qui donne tout son corps à Il Gatto Dagli Occhi Di Giada.
D’une commande bousculée par les décisions marketing, Antonio Bido accouche de l’un des meilleurs Giallo de cette fin de période, et confirmera sa maîtrise du genre dès l’année suivante avec le tout aussi réussi Salamente Nero. Tellement dommage que sa vraie carrière en reste là.
Image
Pour un premier passage au format Bluray, Uncut Movies s’en sort plutôt bien avec un master joliment restauré. Les dernières traces de pellicules (et un poil) se comptent sur les doigts d’une main, tandis que la stabilité des cadres et la rehausse des couleurs (même si on n’atteint pas la palette rougeaude de l’américain Synapse) redonne un vrai coup de jeune au film. On est très loin ici des DVD croisés à l’import et de toute façon généralement recadrés en 4/3. Reste un grain de pellicule assez important et pas toujours évident à gérer dans les séquences sombres, mais celles en pleine lumière font preuve d’une définition et d’un piqué solides.
Son
Naturellement seule la version italienne est disponible ici (le film n’a jamais été doublé) avec une piste mono délivrée dans un 2.0 des plus sobre. La source est frontale et directe, mais malgré quelques légères saturations, reste parfaitement clair et bien balancé. On particulier du côté des restitutions des compositions de Trans Europa Express.
Interactivité
Si Uncut Movies passe au Bluray, il ne change cependant pas sa belle politique des Mediabook ultra limités, avec un poster en bonus. Ici deux visuels, un reprenant l’une des affiches originales, l’autre un montage plus moderne, sont tous deux réduits à seulement 500 exemplaires chacun. L’objet contient, piqué en son centre, un livret inédit d’une trentaine de page qui retrace par le menu le petit historique du cinéma d’horreur italien. Des premiers essais gothiques au films de cannibales et attaques animalières en passant bien entendu par le giallo. Un article dense et informatif mais sans doute plus à réserver aux néophytes. Et sur les galettes Bluray et DVD c’est l’indispensable David Didelot qui se lance dans le périlleux exercice d’un travelling complet sur la grande et belle histoire du giallo. Des prémisses signées Mario Bava jusqu’aux ultimes et tristes thrillers sexy des années 90, le journaliste alterne les époques et les formes du genre, cite une pelleté de titres entre classique, petites perles méconnues et bouses improbables, et revient dans le même mouvement sur les thèmes et figures récurrentes. 88 minutes blindés d’informations, illustrées comme toujours par des pièces issues de la collection du bonhomme, où il prend tout de même le temps d’évoquer, en quelques lignes, le film proposé ici et son successeur Terreur sur la lagune. C’est finalement le petit défaut de l’édition en présence, de ne pas proposer un segment séparé entièrement dédié à Antonio Bido et à Il Gatto Dagli Occhi Di Giada question de pousser l’analyse un peu plus loin. La section bonus s’achève sur le générique d’ouverture avec les cartons en italien (contre l’anglais pour la copie complète proposée).
Liste des bonus
50 Nuances de Jaune par David Didelot (88′), Générique alternatif, Trailers originaux du film , un livret de 32 pages, un poster collector.